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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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l'idiome utilisé dans les temples
bouddhistes, tout comme le latin dans l'Église chrétienne. Le pali, en effet, avait
bien des racines en commun avec le siamois royal, la fière langue de la Cour.
C'était seulement dans cette langue que ses courtisans pouvaient s'adresser à
Sa Majesté le roi. Aucun farang ne l'avait jamais maîtrisée.
    Ignorant les ultimes exhortations de Burnaby, Phaulkon
s'en était allé un beau matin et avait pris un bateau vers le nord. Il s'était
enfoncé dans les provinces et avait fini par s'installer devant la ville
fortifiée de Kamphang Phet où se trouvait un petit monastère dont la renommée
s'était étendue avec celle de son savant abbé. Il avait été bien reçu par le
bienveillant abbé : celui-ci semblait aussi curieux d'apprendre les mœurs des
farangs que Phaulkon l'était de découvrir celles des Siamois. Il avait passé
trois mois inoubliables en compagnie de cet homme sage et érudit.
    Phaulkon avait été ordonné novice. Il avait juré de
respecter les dix commandements, qui ne différaient guère de ceux révélés à
Moïse. Ils comprenaient toutefois l'interdiction de tuer toute espèce d'animal
ou d'insecte, de se mettre en colère ou de boire des boissons alcoolisées. On
le mit aussi en garde, dès l'instant où il eut revêtu la robe jaune, contre le
péché consistant à avoir des relations avec une femme : crime que l'on châtiait
en vous faisant rôtir vivant sur un feu doux. On lui avait donné un nom siamois
: Pra Som-boon. Il s'était rasé le crâne et dormait la nuit à même le sol, se
levant avant l'aube au son de la grande cloche pour s'en aller mendier sa
nourriture. Il ne mangeait rien entre midi et l'aube suivante. Il recouvrait
son thé d'une étamine de tissu pour éviter de tuer fût-ce le plus petit
insecte. Il avait compris l'humilité et la charité, il avait constaté la
générosité des Siamois, surpris de voir un moine farang, mais tout prêts à
remplir son bol de riz et à s'acquérir des mérites par leurs bonnes actions. Il
avait appris à aimer et à respecter toutes les créatures vivantes : il
partageait sa pitance avec les oiseaux et il n'offensait pas les arbres en
coupant leurs branches; il préférait leur apporter de la terre et soutenir ceux
qui d'aventure avaient souffert d'un orage.
    Certains jours, il avait balayé le temple de fond en
comble et nettoyé les latrines. D'autres fois, il avait offert des fleurs et
des fruits aux effigies dorées du Bouddha et jeté des grains aux poissons qui
nageaient dans les bassins du temple. Il vivait dans la plus modeste cellule de
bambou et de feuilles et recevait l'aumône pour la journée en cours sans rien
garder pour le lendemain.
    Le second mois, on lui avait enseigné la préparation de
médicaments en mélangeant à de l'huile une poudre jaune provenant d'une herbe
locale. Le troisième et dernier mois, au prix d'une intense méditation, il
avait appris le secret permettant de retrouver les objets cachés. Enfin, en
étudiant plusieurs heures par jour avec son acharn ou maître, il était
parvenu au but qui l'avait amené en ces lieux. Il parlait couramment le siamois
royal, la forme de discours imposée à la Cour, que pratiquement personne ne
connaissait à l'exception de l'entourage immédiat de Sa Majesté.
    « Vous voulez étudier aussi la langue royale ? » L'abbé
avait haussé ses sourcils rasés d'un air surpris. C'était le premier jour de
son apprentissage : ils étaient assis en tailleur dans la salle de réception du
monastère, un édifice en bois dépouillé bâti sur six colonnes, avec un toit de
tuiles orange. L'édifice était entouré de cours herbeuses et de bassins où
nageaient des poissons. Il jouxtait le bâtiment principal dont les stupas
dorés, les effigies étincelantes et l'opulence générale contrastaient
étrangement avec l'austérité Spartiate des bâtiments monacaux.
    Tout autour du complexe sacré on voyait de hauts et
gracieux stupas de pierre et, le long du temple principal, s'alignaient deux
rangées de cellules de moines. L'ensemble, qui occupait à peu près un hectare,
était entouré d'une épaisse haie de bambous derrière laquelle s'étendait la
forêt vierge. C'était là que les « solitaires » se retiraient un mois par an
pour méditer seuls, loin du monde des hommes.
    Phaulkon gardait le silence, inclinant respectueusement
la tête plus bas que celle de l'abbé.
    « Vous êtes très ambitieux pour un novice, poursuivit

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