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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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nous avons obtenu une dispense spéciale de
l'évêque. »
    Phaulkon accepta un autre verre de vin rouge et, du coin
de l'œil, remarqua que la plupart des Siamois s'étaient maintenant retirés. Il
aperçut mestre Phanik en haut des marches, occupé à faire ses adieux aux
invités qui s'en allaient, le général Petraja ayant manifestement été le plus
important d'entre eux. Phaulkon avait repéré quelques visages connus parmi les
Siamois — surtout des fonctionnaires subalternes du ministère du Commerce —,
mais il n'avait pas le sentiment d'avoir manqué quelqu'un d'important.
    Un grand marchand français bourru et qui sentait
désagréablement la transpiration s'approcha et se présenta au père Morin.
Phaulkon s'arrangea pour éviter d'être présenté, trop heureux d'avoir quelques
instants de tranquillité. Plusieurs jeunes Siamoises — dans le monde masculin
des négociants d'Avuthia on ne permettait la présence d'aucune femme farang —
bavardaient gaiement avec Maria, dans un coin du vaste jardin. Non loin
d'elles, le même bruyant groupe de marchands farangs riait encore, poussait de
temps en temps des acclamations et certains, observa Phaulkon, commençaient à
vaciller nettement sur leurs pieds. Des serveurs, qui avaient cessé de se
prosterner humblement depuis le départ des dignitaires siamois, continuaient à
circuler parmi la foule clairsemée des invités, proposant des confiseries et
s'inclinant bien bas en passant.
    Phaulkon remarqua un farang, manifestement un nouveau
venu dans le pays, qui tendait la main pour saluer un Siamois déconcerté. Ne
tendre qu'une main était considéré comme grossier : c'était comme si l'on ne
voulait donner qu'une partie de soi-même. Le Siamois réagit donc en plaçant ses
deux mains sous celle du farang pour indiquer qu'il se livrait entièrement au
pouvoir de son interlocuteur.
    « Ah, les farangs, les farangs! Vous pourrez les voir
plus tard. » Mestre Phanik était revenu auprès de Phaulkon. « De toute
façon, ils restent toujours les derniers pour finir mes liqueurs. J'ai essayé
de faire partir tout le monde afin que nous puissions avoir une bonne
conversation. J'ai hâte de tout savoir de vos voyages. Pourquoi ne pas nous
éclipser dans mon bureau ? Il ne reste plus personne d'important. » Us
montèrent à l'étage et s'installèrent confortablement dans deux fauteuils.
    « Maria m'a bien recommandé de ne pas vous laisser
partir, dit mestre Phanik à Phaulkon. Elle va nous rejoindre dans un
moment. » Il eut un petit gloussement. « Elle pensait que nous avions peut-être
à discuter de choses qui ne convenaient pas aux oreilles d'une femme. » On le
sentait très fier de la jeune fille.
    « Alors, comment pourrons-nous justifier ses soup-çons?
demanda Phaulkon en souriant. Tout d'abord, il faut que je vous dise que notre
navire a fait naufrage au large de la côte de Ligor, que j'ai disputé là-bas un
combat de boxe et que le gouverneur, qui adore le sport, m'a décoré de l'ordre
de l'Éléphant blanc de troisième classe. »
    Le doutor, d'abord incrédule, s'aperçut que son
ami était sérieux : il applaudit en poussant des cris ravis. « C'est la
meilleure nouvelle que j'aie entendue de toute l'année. Et vous avez assurément
choisi le bon gouverneur. C'est l'un des favoris du roi. Mais voyons un peu.
Pour plus de sûreté, montrez-moi la médaille. »
    Phaulkon la retira de la bourse de cuir qui pendait à son
cou. Le doutor la contempla respectueusement.
    « Les pires canailles ont toujours de la chance »,
conclut-il en secouant la tête.
    Phaulkon lui raconta alors toute l'histoire, en
n'omettant que l'affaire des canons. Mestre Phanik continuait à hocher
la tête.
    « Une véritable fable, répéta-t-il. Alors, amigo, quelles
sont maintenant vos intentions ?
    — Entrer au service du gouvernement, je l'espère. Ce
pourrait bien être l'occasion que j'attendais. J'ai l'impression que le
Barcalon va bientôt me convoquer.
    — Le Barcalon? fit mestre Phanik en
sifflotant entre ses dents. Mais où pourraient-ils employer un farang? »
murmura-t-il, un peu comme s'il se parlait à lui-même. Il se redressa dans son
siège. « Encore qu'avec votre connaissance du siamois ce devrait être au
ministère du Commerce. Mais voilà, sapristi ! » Le doutor se donna une
tape sur le genou. « Vous parlez la moitié des langues nécessaires pour le
commerce à Ayuthia. Si vous pouviez juste mettre un pied dans la porte, vous
réussiriez à

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