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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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appartements du général Petraja, à
quelques portes de ceux qu'occupait Sorasak dans la même aile du palais. Par
contraste avec l'austère ameublement de Sorasak, chez le général les murs
étaient omés d'épées et de dagues incrustées de joyaux, et couverts de tableaux
représentant des éléphants de guerre dans des scènes de bataille. Un poème
chantant les victoires du général trônait dans un cadre d'argent au centre
d'une paroi et, dans chaque coin de la pièce, sur des coffres en or s'étalaient
toutes sortes de médailles et de décorations gagnées lors des campagnes de Birmanie
et du Cambodge.
    Le général considérait son fils adoptif d'un air
impassible et soutenait son regard en maîtrisant son impatience. Après tout,
c'était aujourd'hui l'anniversaire de ce garçon.
    « Mais où tout cela finira-t-il, père ? Voilà que nous
avons maintenant un de ces farangs employé au ministère du Commerce!
N'avons-nous donc rien appris de l'expérience hollandaise, avec leur blocus du
Menam et leur conquête du Sud ? » Voyant que son père continuait à le
dévisager, Sorasak secoua la tête. « Je n'arrive toujours pas à croire que le
Pra Klang ait pu permettre aux farangs d'infiltrer un de leurs espions au
ministère. Qui plus est, cela n'aurait pu se faire sans l'approbation de Sa
Majesté. »
    Quand il serait roi, songea Sorasak, de telles choses ne
se produiraient plus. Car un jour il serait roi, il l'avait juré, quand son
véritable père aurait la décence de reconnaître son nom et de proclamer sa
légitime parenté. Seuls les frères du roi, il en était convaincu, obligeaient
Sa Majesté à garder secrète aux yeux du monde l'identité de Sorasak : ces
oncles fourbes et terrifiés à l'idée de perdre leurs droits au trône. Ils
savaient qu'ils n'étaient pas de taille devant lui, en matière de force
physique ou de ruse. Ils étaient incapables de chasser, de boxer, pas plus que
de se jouer de l'envahisseur farang comme lui-même y parviendrait. Ses oncles!
Il ricana. L'un d'eux était un être anormal et un ivrogne, l'autre un eunuque
efféminé cramponné au panung de Yotatep dans l'espoir de faire valoir ses
prétentions. Non, quand il serait roi, il chasserait jusqu'au dernier tous les
farangs du pays, débarrassant une fois pour toutes le Siam de leur influence
empoisonnée et de leurs projets sournois.
    « Bien sûr, mon fils, cela s'est fait avec l'approbation
de Sa Majesté, confirma le général. Les farangs constituent une menace parce
qu'ils sont plus avancés que nous sur le plan scientifique. Certes, leurs
coutumes et leurs habitudes sont tout à fait répugnantes : ils mangent le corps
d'autres animaux, ils n'ont pas appris, comme nous l'avons fait depuis mille
ans, à dominer leurs émotions. Pourtant, ils constituent un danger que nous
devons détourner en apprenant d'eux ce qu'ils connaissent parfaitement. Et
comment mieux nous y prendre qu'en gardant parmi nous l'un des leurs et en
étudiant ses méthodes?
    — Mais pourquoi ne peuvent-ils pas rester dans leur pays?
interrogea Sorasak. La vie n'est-elle pas suffisamment agréable là-bas ? Est-ce
que nous allons les ennuyer chez eux ? Est-ce que nous envoyons nos moines
convertir leur peuple à la foi bouddhiste ?
    — Non, répondit le général, parce que nous sommes
plus tolérants. Nous acceptons que plusieurs voies puissent conduire à Dieu,
alors qu'ils croient que seule la leur peut mener au salut. Comme je te l'ai
dit, sur le plan spirituel ils ont du retard. C'est seulement dans la science
qu'ils excellent : c'est sur ce point que nous devons faire des efforts. Par
exemple, en ce qui concerne les armes de guerre.
    — Précisément, fit Sorasak. Regardez leur façon
d'opérer. Tout d'abord, ils envoient leurs prêtres puants et leurs marchands
pour infiltrer le pays. Une fois qu'ils ont évalué la force de notre patrie,
ils signalent à leurs armées que le moment est venu. Voilà comment ces
Hollandais pourris ont bâti leur empire dans le Sud. Ne voyez-vous pas que
c'est maintenant le tour du Siam, père? »
    Le roi commettait une erreur terrible en recevant ces
prêtres de façon aussi libérale, songea Sorasak. Il aurait bien mieux valu leur
fermer toutes les portes. Il n'était pas encore trop tard. Sa Majesté
vieillissait et si lui, Sorasak, héritier légitime, devait bientôt monter sur
le trône, il serait peut-être encore temps de procéder aux changements
nécessaires.
    « Il est possible que ce

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