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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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soit le tour du Siam dans leurs plans, Sorasak, mais qui dit que, de notre côté, nous ne serons pas prêts à les
accueillir? »
    Plus que tu ne peux t'en douter, mon garçon, pensait le
général. Il avait négocié en secret avec le prince Daï, le chef macassar et le
plus vaillant guerrier du Siam, qui avait dû abandonner son pays aux
Hollandais. Deux marchands espagnols venaient de partir pour Bantam afin
d'acheter ostensiblement des canons hollandais et renforcer ainsi les garnisons
espagnoles des Philippines. Sitôt les canons discrètement acheminés jusqu'au
Siam, les Espagnols instruiraient ses meilleurs capitaines sur la manière de
s'en servir. Entre les canons et les intrépides Macassars, les Hollandais
allaient avoir une belle surprise.
    Mais pas question de confier ces choses-là à Sora-sak,
même pour son vingt-huitième anniversaire : il était trop présomptueux et trop
imprévisible.
    « En quoi sommes-nous prêts à les affronter, père ?
interrogea Sorasak, cachant à peine son mépris. Avec des arcs et des flèches
contre leurs canons?
    — Avec des effectifs plus importants et une ruse plus
grande », répondit patiemment le général.
    Combien de fois Petraja n'avait-il pas regretté de ne
pouvoir publiquement désavouer ce garçon dont les tristes exploits
rejaillissaient sur lui en tant que père et n'arrangeraient pas ses affaires
pour l'accession au trône. Mais c'était un engagement qu'il avait pris voilà
longtemps envers le roi : la chose était irréversible.
    Sorasak remarqua l'expression du visage du général et
devina ses pensées. Pourquoi Sa Majesté refusait-elle de le reconnaître? se
demanda-t-il une nouvelle fois, comme il l'avait déjà fait si souvent.
Simplement parce que sa mère était une paysanne? Sa Majesté allait-elle au
moins se rappeler que c'était aujourd'hui son anniversaire ? Cette date
anniversaire apparaissait toujours à Sorasak comme un jour sombre et honteux,
trop déshonorant pour qu'on ose l'évoquer, et a fortiori pour qu'on le
fête. Il fut envahi d'une brusque tristesse, d'un terrible sentiment
d'isolement en songeant aux dizaines de jeunes enfants que chaque année on
recevait au palais, envoyés de tous les coins du pays par des sujets en
adoration, afin qu'ils soient élevés sous la tutelle royale. Tout ce que ces
enfants avaient à faire, lorsqu'ils posaient pour la première fois leur regard
sur Sa Majesté, c'était de sourire : ils gagneraient ainsi le privilège de
passer les sept premières années de leur vie au palais, sous l'œil bienveillant
des nourrices royales. On ne les renvoyait chez eux que si leur première
réaction consistait à exprimer leur mauvaise humeur ou à pleurer. Tous les
anniversaires de ceux qui avaient eu la chance de montrer un visage souriant
étaient célébrés avec beaucoup d'éclat, alors que le sien — lui qui était de la
même chair et du même sang que le roi — était un jour qu'il fallait enterrer et
oublier. L'un de ces pupilles avait à ce point conquis le cœur du roi que Sa
    Majesté ne l'avait pas renvoyé à l'âge de sept ans chez
ses parents, comme des dizaines d'autres, mais l'avait gardé et élevé comme son
propre fils. Il avait maintenant vingt ans. Sorasak serra les poings en pensant
à Pra Piya.
    « Mais, dis-moi, demanda le général d'un ton plaisant,
qu'aimerais-tu recevoir comme cadeau en ce jour faste? »
    Sorasak réfléchit un moment. Ce qu'il préférerait pour
l'instant, ce serait se venger de ces détestables prêtres farangs, de ces
espions sournois qui, en invoquant leur fichue religion, avaient empêché que
cette jolie petite Japonaise ne vienne rejoindre son harem. Nul n'avait jamais
osé s'opposer à lui auparavant et c'était une insulte qu'il n'était pas près
d'oublier. Elle avait la peau d'une blancheur exquise, contrairement à ces
dragons de Circassiennes au corps lourd et aux membres épais qui étaient
arrivées en guise de présent du shah de Perse à Sa Majesté. Il avait suffi à
Sorasak d'un coup d'œil : il ne les désirait pas, malgré la blancheur de leur
peau. En revanche, cette Japonaise — ou cette Portugaise — avait l'habituelle
délicatesse d'une Siamoise jointe à une beauté farang tout à fait désirable. «
J'aimerais, père, que vous usiez de votre influence pour me faire obtenir comme
concubine cette petite Portugaise dont je vous ai parlé. Elle s'appelle Maria.
    — Tu parles de la nièce du marchand Phanik?
    — Oui, père. Je suis

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