Le faucon du siam
épouser Yotatep. Alors, que voulait-elle? Il avait
entendu parler des exploits de Thepine. Qui d'ailleurs n'en avait pas eu
l'écho? Ils alimentaient tous les potins du palais. On disait même que, dès
l'instant où ses doigts l'avaient caressé, un homme — aussi bien qu'une femme —
ne pouvait plus trouver satisfaction ailleurs. Cela pouvait-il être vrai? se
demanda-t-il. Pouvait-il vraiment exister une telle femme? Serait-ce si
différent avec quelqu'un d'aussi expérimenté qu'elle? Il essaya de se
concentrer sur d'autres sujets, mais son esprit revenait toujours aux cils qui
battaient et au sein dévoilé. Peut-être que s'il se permettait juste une
fois... Il se figea. Étaient-ce des grattements qu'il venait d'entendre à sa
porte? Il tendit l'oreille mais le son ne se reproduisit pas. Il n'entendait
que les battements de son cœur. Etait-ce l'effet de son imagination? Les
pouvoirs de séduction de cette femme étaient-ils tels que votre esprit se
trouvait détourné de son cours habituel ?
Il écouta en silence, osant à peine respirer. Puis le
grattement reprit. Cette fois il n'y avait pas à s'y tromper. Son cœur se mit à
battre plus vite. Il se leva sans bruit de sa couche et s'avança prudemment
jusqu'à la porte. Il colla son oreille au panneau. Le grattement reprit, plus
fort. Il tira le verrou de bois. Quelqu'un avait-il réussi à passer devant les
gardes? se demanda-t-il. En les payant, sans doute. Et si c'était elle, son
visage naturellement était connu. Il entrebâilla les battants et passa la tête
dehors. La superbe silhouette de Thepine se dressait dans le couloir. Ses
lourds cheveux noirs misselaient en vagues sur ses épaules, s'arrêtant juste à
la naissance de ses seins et ses grands yeux le fixaient comme ceux d'une biche
dans leur sainte innocence. Saisi par une vague d'excitation, il ouvrit plus
grands les battants, tout en jetant un coup d'œil inquiet d'un côté à l'autre
du couloir. Jamais il n'avait vu femme aussi belle. Elle joi-
gnit ses mains fines et le salua. Le soupçon de sourire
qui s'esquissait sur ses lèvres était porteur de promesses sans fin. Incapable
de détacher son regard, il battit en retraite dans la chambre. Elle le suivit
sans bruit et les panneaux se refermèrent derrière elle.
Thepine se retourna et remit le verrou en place. Puis,
toujours sans un mot, elle posa le bout de ses doigts sur les épaules du jeune
homme et le poussa doucement en arrière. Elle le fit s'allonger sur sa couche
et se planta devant lui, avec un sourire radieux. Il allait parler mais, d'un
doigt posé sur ses lèvres, elle lui imposa le silence. S'agenouillant au-dessus
de lui, elle entreprit lentement de le dévêtir, caressant chaque partie de son
corps au moment où elle la révélait. Ses yeux disaient au jeune prince de ne
pas bouger, que c'était là ce qu'elle voulait. Elle passa doucement les doigts
sur ses yeux et lui ferma les paupières. Il sentit alors ses bouts de seins
gonflés et parfumés qui glissaient, sensuels, sur ses lèvres et il entrouvrit
la bouche pour les accueillir l'un après l'autre. Au même instant, les doigts
de la jeune femme exploraient délicieusement l'intérieur de ses cuisses. Il
resta allongé et s'abandonna à l'extase de ses caresses. Elle était tour à tour
douce et brutale, sauvage et tendre, cruelle et généreuse. Elle attisait et
apaisait à son gré le feu qu'il sentait en lui. Puis, alors que l'excitation
l'embrasait, elle tira de sa bourse un petit flacon et se mit à masser tout son
coips d'une huile parfumée. Avec une habileté infinie, elle lui massa la région
génitale, taquinant sa lance d'amour jusqu'au moment où il crut qu'il allait
éclater. Ses lèvres frémissantes et ses doigts semblaient parcourir tout son
corps à la fois : il lui semblait que deux femmes ensemble lui faisaient
l'amour, et non pas une seule. Jamais le jeune prince n'avait connu pareilles
sensations. Quand enfin elle le laissa la pénétrer, sa lance d'amour palpitante
explosa aussitôt. Mais, elle le savait, elle était prête et le plaisir qui se
lisait sur son visage fut pour lui sa plus grande récompense.
Elle se leva silencieusement et se drapa de nouveau dans
son panung. Sur le pas de la porte, elle se retourna et prit pour la première
fois la parole :
« Mon Prince, je reviendrai. » Pendant quelque temps, il
ne parvint pas à trouver le repos. Les images de Thepine ne cessaient de se
dresser devant lui et il revivait la griserie
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