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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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et qui l'honorait
de sa confiance.
    « Auguste Seigneur, par le pouvoir de la poussière sous
vos pieds qui couvre ma tête, je m'engage à travailler sans répit pour la
gloire du Siam et à justifier l'immense confiance que Votre Majesté a placée en
moi, votre indigne esclave.
    — Vichaiven, nous notons vos paroles et nous en sommes
satisfait », répondit le roi en s'adressant à lui par son nouveau nom. Un
esclave rampa jusqu'à Phaulkon pour lui remettre sa boîte à bétel, son chapeau
conique et un magnifique gilet rouge brodé d'or.
    Phaulkon les posa aussitôt sur sa tête l'un après
l'autre, pour bien montrer la haute estime dans laquelle il tenait ces cadeaux
royaux, puis il se prosterna à trois reprises, comme il l'avait fait en
entrant.
    « Maintenant, Vichaiven, vous pouvez vous retirer. Nous
allons parler seul avec notre Pra Klang et nos autres mandarins. »
    L'audience était terminée. Il avait été promu en présence
des plus hauts mandarins de la Cour, ceux du premier et du second rang : il ne
pouvait s'empêcher de s'interroger sur ce que ces derniers devaient penser d'un
honneur aussi singulier. Il aperçut un scribe qui notait chacun des mots de la
cérémonie : ils étaient enregistrés pour la postérité.
    Se soulevant une dernière fois sur ses genoux et touchant
à trois reprises le sol de son front en direction du monarque, Luang Vichaiyen
recula respectueusement en rampant, sans jamais lever les yeux ni tourner le
dos à Sa Majesté. Ce fut seulement quand il fut sorti de la salle d'audience et
qu'il eut descendu à reculons les marches jusqu'à la cour qu'il se remit debout
: il eut l'impression de mesurer trois mètres, il marchait sur un petit nuage.
Plus rien maintenant n'allait l'arrêter, se dit-il. Il posa sur sa tête le
chapeau conique. C'était assurément le plus beau moment de sa vie : élevé au
mandarinat de troisième classe ! Il y avait cinq rangs de mandarins et il avait
franchi les
    deux rangs inférieurs. Il faudrait vérifier combien de
marques de dignité correspondaient à son nouveau statut, mais c'était
certainement plusieurs milliers. Il faisait maintenant partie de l'élite. Aucun
Européen n'avait jamais occupé une position aussi éminente au Siam et il ne
manquerait pas de participer à des projets auxquels le roi s'intéressait
directement. S'il s'en tirait bien, le roi le saurait et rien n'empêcherait
qu'au prix d'une extrême diligence il fût élevé au mandarinat de seconde classe
et, pour finir, à celui de première classe! Avec le pouvoir viendraient les
richesses : en Orient, un dignitaire de haut rang s'enrichissait tout
naturellement. C'était une vieille tradition, une habitude. Mais il devait
d'abord bien servir les intérêts de son souverain : non pas simplement pour le
pouvoir et la fortune qu'il pourrait amasser, ni pour l'accomplissement des
ambitions qui le dévoraient, mais aussi parce qu'il se sentait étrangement
attiré par ce monarque. Il y avait chez cet homme quelque chose de noble et de
raffiné qui dépassait le simple apparat de la royauté. Avec les talents
occidentaux de Phaulkon et la perspicacité du roi, le Siam pourrait tenir tête
à n'importe quel envahisseur.
    En tant que secrétaire général du ministère du Commerce
extérieur, Phaulkon pourrait maintenant découvrir quels étaient les revenus du
pays. On lui signalerait toute transaction commerciale. C'était un pas de géant
vers la réalisation de ses objectifs les plus ambitieux.
    Pour la première fois, il pouvait ouvertement admettre
quelles étaient ses aspirations : du coup, elles ne semblaient plus aussi
insensées, ce n'étaient plus les rêves impossibles qu'il avait dû cacher à tous
par crainte du ridicule. Ces rêves, il les nourrissait depuis son arrivée au
Siam, et voilà qu'ils prenaient forme. Il connaissait aussi bien que n'importe
qui le commerce, il parlait couramment les principales langues utilisées par
les marchands, il avait un navire en route vers la Perse pour une opération
susceptible de révolutionner le mode de pensée des Siamois, il
    s'était acquis la confiance de l'actuel Barcalon et ne
venait-il pas d'être même présenté au roi? Qu'est-ce qui pouvait donc
l'arrêter? Pourquoi ne pas devenir un jour Barcalon ? Barcalon de Siam ! Il se
souvint des paroles prononcées il y avait si longtemps par cette vieille
édentée dans la taverne enfumée de son île grecque natale : « Ce garçon sera un
jour potentat dans un pays

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