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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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l'interprète
hollandais, car c'est cela qui déterminera notre attitude.
    — Votre Majesté est trop gracieuse. » Le Barcalon
s'arrêta pour reprendre haleine. Il avait du mal à respirer et les activités
officielles commençaient à lui peser de plus en plus.
    « Tu as d'autres préoccupations, nous le devinons.
    — En effet, Auguste Seigneur. Si un traité avec la
France devait se révéler nécessaire, la présence fréquente d'un prêtre farang
au palais ne donnerait-elle pas naissance à des rumeurs déplaisantes? Il ne
serait certainement pas de bonne politique de faire croire aux courtisans que
Votre Majesté s'apprête à se convertir.
    — Certes non, et nous avons envisagé ce risque. Mais
le prêtre qui viendra ici devra nous rendre visite en tant que médecin, comme
c'est le cas de nombre d'entre eux, et pour cela nous irons même jusqu'à
feindre une mauvaise santé. On dira à ce prêtre qu'il doit garder le secret sur
sa véritable mission jusqu'à ce que son monarque en personne ait pu confirmer
l'existence du traité avec la France. On le préviendra que, si l'on devait
découvrir la vérité sur sa mission, ses visites cesseraient immédiatement.
Voilà qui pourra nous ménager son silence. Il ne devrait pas être difficile de
convaincre ces Jésuites qu'une affaire aussi importante que notre conversion
causera dans ce pays une certaine agitation et qu'il nous faudra être certain
de la protection française avant d'annoncer publiquement de telles intentions.
Cela nous donnera près de deux ans pour trouver une solution. Pendant ce temps,
et si sa loyauté est bien placée, Vichaiyen ne restera pas inactif. Il vaut
bien dix de leurs prêtres et autant de nos mandarins. Tu as bien fait de le
mettre à notre service. À nous de le surveiller, de le contrôler et d'adapter
ce remarquable appui à nos desseins, en nous assurant que ses incontestables
talents servent les buts du Siam, et non pas ceux des Jésuites, des Anglais, ni
de personne d'autre.
    « Et, puisque nous en parlons, vérifie, en faisant
relâcher Potts, que l'on dise au prisonnier que ce sont les Hollandais, et non
pas les Anglais, qui ont plaidé sa cause et se sont proposés en otages pour le
faire
    libérer. Potts doit demeurer furieux contre Vichaiyen et
farouchement décidé à le faire comparaître en justice. Lorsque la Compagnie
anglaise viendra réclamer l'extradition de Vichaiyen vers Madras, il sera de
bonne politique de l'avoir entièrement à la merci de notre bonne volonté. »
    Le Barcalon eut un sourire admiratif. « Auguste Seigneur,
voilà qui est fort sage.
    — Mais il y a autre chose que tu devrais savoir.
    — Puissant Seigneur, j'attends votre sagesse.
    — Malgré les incertitudes que nous inspire l'homme,
nous avons pour lui une certaine affection. Il est... comment dire... un peu
comme notre premier fils farang.
    — Auguste Seigneur, votre sagesse n'a d'égale que
votre magnanimité. »
    Aarnout Faa était assis à son bureau, le sourire aux
lèvres. On n'aurait pu rêver moment mieux choisi pour l'invasion hollandaise.
Les Anglais étaient en pleine déconfiture, les Maures vexés et mal disposés
envers le roi de Siam, et les Portugais trop affaiblis pour opposer une
véritable résistance. Avec l'incarcération de Potts, il tenait l'excuse dont il
avait besoin. Personne pour contrecarrer ses plans, aucun obstacle à l'horizon.
Diviser pour régner, telle avait toujours été la politique hollandaise dans les
îles de l'archipel indonésien, et elle avait porté ses fruits. Il était de plus
en plus convaincu que heer Van Goens, à Batavia, verrait les choses
comme lui. Le sourire d'Aarnout Faa s'épanouit. Dans trois semaines peut-être,
si tout allait bien, une douzaine des plus beaux navires de guerre du monde
jetteraient l'ancre devant l'estuaire du Menam et proposeraient aux Siamois de
capituler. Il venait de congédier ce matin Joop Van Risling pour le renvoyer à
Ligor car lui, Aarnout Faa, voulait être le seul à jouir de la gloire de la
victoire quand on hisserait le drapeau des Provinces-Unies sur le Grand Palais.
Lui, Aarnout Faa, entendait s'assurer que seul son nom serait enregistré sur
les tablettes de l'Histoire
    au moment où l'antique royaume de Siam deviendrait un
protectorat des puissantes Provinces-Unies.
    Il regrettait d'avoir perdu l'interprète, Pieter : en ces
temps périlleux, il aurait eu bien besoin de ses services. Ce garçon était travailleur,
efficace et plein

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