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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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avec la France, une invasion hollandaise
et, selon toute probabilité, la fin du catholicisme au Siam. Puis il se ravisa.
Elle était trop fière pour l'accepter sur la base de tels arguments. Pourtant
il n'avait pas perdu tout espoir.
    « Je n'avais pas l'intention de me dresser contre vous,
mon Seigneur, mais seulement de vous ouvrir mon cœur. Je ne crois pas que mes
demandes aient été excessives. Elles ont assurément été largement compensées
par mes concessions. J'ai accepté de vous épouser malgré la certitude que mon
amour n'est pas payé de retour, que vous ne partagez pas sincèrement ma foi, et
même que vous ne me serez pas fidèle. » Elle était au bord des larmes : tout
autant de déception que de chagrin. « En vérité, mon Seigneur, je ne sais pas
très bien pourquoi vous voulez m'épouser. »
    Il aurait voulu lui dire qu'il ne le savait pas très bien
lui-même. Il se sentait fatigué et allait bientôt dire des choses qu'il regretterait.
Il voyait qu'elle aussi commençait à se fâcher. Cette discussion était inutile
: mieux valait la remettre à un autre jour.
    « Je vois que vous ne pouvez répondre à tout cela, mon
Seigneur, poursuivit Maria en élevant la voix. Je ne vous comprends pas. Vous
venez de devenir catholique, vous venez de demander sa main à une catholique et
vous êtes là à lui dire que vous souhaitez garder auprès de vous une autre
femme. Votre conversion n'est-elle qu'une comédie ? N'a-t-elle aucun sens pour
vous ? S'agit-il d'une simple formalité pour servir quelque ambition cachée que
vous nourrissez? Et votre amour de Dieu et...
    — Mon amour de Dieu n'a rien à voir avec mon amour
pour une autre femme », s'écria Phaulkon, incapable de se maîtriser plus
longtemps. Il s'arrêta, comprenant qu'il était allé trop loin.
    « Ainsi, dit Maria, soudain calmée, vous l'aimez?
    — Non, vous ne comprenez pas ce que je voulais dire.
» Il allait s'expliquer davantage quand la porte s'ouvrit : Sunida entra.
    Par un étroit interstice entre les panneaux de la porte,
Sunida avait vu le fossé se creuser entre Phaulkon et Maria. Était-ce à son
sujet qu'ils discutaient? Elle avait horreur de causer du chagrin à son amant.
Pauvre Constant ! Elle fut prise d'une soudaine colère. La cause de la dispute
devait être cette idée de la monogamie chrétienne. Quelle notion terrifiante :
il n'y avait qu'à voir les dégâts que cela provoquait. Sunida était
parfaitement satisfaite de demeurer ici en tant que seconde épouse, prenant les
ordres de la nouvelle maîtresse de la maison, comme c'était la coutume. Lui
obéissant, lui rendant service, respectant ses désirs, ne se dressant pas sur
son chemin, l'aidant même, au nom de Bouddha, à accomplir sa tâche. Constant
n'était pas un homme facile. Il était compliqué et peu malléable. Quel égoïsme
pour une femme que de vouloir se charger seule de tous les devoirs, privant les
autres filles de leur situation et de ce qui faisait leur orgueil ! C'était
vraiment une religion bien peu charitable : Sunida ne la comprendrait jamais.
    En écoutant les voix qui montaient de l'autre côté de la
porte, l'idée lui vint que, peut-être, cette femme chrétienne ne croyait pas
vraiment qu'elle, Sunida, se conduirait comme une seconde épouse consciente de
sa position. Peut-être cette femme à demi farang n'avait-elle pas vraiment
compris que Sunida la respecterait et l'honorerait comme la première épouse du
maître. Convaincue que Phaulkon l'aimait vraiment, peut-être devait-elle
intervenir, songea Sunida : dire poliment, face à face, à cette fille qu'en
aucun cas elle ne constituerait pour elle une menace; qu'elle n'avait aucune
intention de lui voler son rôle de première épouse; que tout ce qu'elle
voulait, c'était l'aider. Sunida était consternée à l'idée d'avoir à se
déguiser en cuisinière ou de rôder peut-être autour de la maison telle une
voleuse. Plus elle y réfléchissait, plus elle refusait d'être traitée de façon
aussi humiliante. Elle était Sunida, la meilleure danseuse de la cour de Ligor,
la nièce du gouverneur d'une grande province.
    Sa colère s'accrut quand elle songea à quel point son
attitude était raisonnable comparée à l'injustice des exigences de cette fille.
Elle allait l'affronter, décida-t-elle, même si son amant lui avait demandé de
ne pas se montrer. Au bout du compte, ce serait mieux pour lui. Sans se laisser
le temps de changer d'avis, Sunida poussa la porte et se

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