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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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s'il s'était reposé toute une semaine à la factorerie hollandaise
d'Ayuthia pour reprendre des forces, ses guides avaient été contraints de
ralentir le pas et le voyage avait duré quinze longs jours. Le lent balancement
que lui imposait la démarche de l'éléphant lui donnait mal au cœur, les
tourbillons des rapides le terrifiaient, les tigres qui rôdaient juste au-delà
des feux de camp pour dévorer ce qu'avaient abandonné les moustiques — tout
cela l'avait épuisé. Il croyait entendre encore les grognements affamés des
fauves lorsqu'il débarqua de la petite pirogue pour mettre pied à terre. Il
s'étira et palpa son cou endolori : il soufflait encore des meurtrissures que
ces fichues planches avaient imprimées sur sa peau. Bientôt, il serait à Madras
et ferait payer cher les insultes qu'il avait subies dans cette prison
indigène. Quant à Phaulkon... Potts attirerait personnellement l'attention du
vice-président Yale sur la fourberie de ce démon et Phaulkon serait arrêté pour
trahison. Yale le ferait pendre puis écarteler, et Potts aurait la satisfaction
d'assister à son exécution. C'était devenu pour lui une obsession.
    Potts s'arrêta un moment au bord du fleuve où ses
porteurs déchargeaient les quelques vêtements européens que les Hollandais
avaient réussi à lui procurer, et il contempla l'animation du port. Certes, il
n'était pas d'humeur à admirer la nature, mais le spectacle était si majestueux
qu'il en oublia un instant ses sombres pensées. De grandes collines boisées
descendaient jusqu'en bordure de la baie et l'horizon baignait maintenant dans
la lumière orange du couchant. L'océan était calme comme un lac et une douceur
embaumée flottait dans le soir. Il eut l'impression que ses épaules
s'allégeaient du poids de la fatigue. Les quais grouillaient d'indigènes en
costumes de couleurs vives. Il passa devant les rangées d eventaires aux toits
de chaume auprès desquels les
    clients mangeaient et bavardaient, accroupis sur des
nattes. Son regard parcourut les docks et s'arrêta sur un groupe d'hommes
blancs en culotte et en chemise, assis sur des caisses en bois devant l'une des
dernières boutiques en plein vent. Ils semblaient plongés dans une conversation
animée. Quel coup de chance, se dit-il. Il allait demander où s'installer pour
la nuit mais sans doute aussi pourrait-on lui signaler un bateau en partance
pour Madras. Il n'avait remarqué aucun grand vaisseau dans la rade : seulement
de petites embarcations indigènes et ce qui ressemblait à une jonque de
cabotage. Il fit signe au porteur et se dirigea vers les Européens. En
approchant, il constata qu'ils étaient trois et semblaient porter des toasts
avec une grande régularité et dans la plus folle hilarité. Leurs rires
s'interrompirent brusquement quand ils l'aperçurent : les signes qu'ils
échangèrent et la façon dont leur conversation s'arrêta net éveillèrent sa
méfiance. Il croyait avoir entendu les hommes parler anglais et, d'instinct, il
résolut d'en révéler sur lui-même le moins possible.
    « Bonjour, messieurs. Quelle surprise ! Je suis en vérité
soulagé de trouver ici quelques-uns de mes compatriotes. Puis-je me joindre à
vous ?
    — Approchez une caisse, monsieur », répondit l'un
d'eux avec un rire forcé. Il était blond et hâlé par le soleil, avec l'air d'un
marin avant beaucoup voyagé. Il avait un sourire plaisant et un air vaguement
familier. Où avait-il déjà vu ce visage? se demanda Potts. Les deux autres ne
se ressemblaient guère : l'un était grand et maigre, avec le cheveu rare,
l'autre était de petite taille avec une crinière de cheveux bruns et bouclés.
    « Voudriez-vous boire quelque chose, monsieur ? demanda
le plus grand des deux. Nous avons réussi à trouver une bouteille de cognac à
la mission catholique.
    — C'est fort aimable à vous, monsieur. Je prendrais
volontiers un verre », répondit Potts. A leurs visages congestionnés et au
niveau de la bouteille, il déduisit qu'ils en avaient plusieurs d'avance sur
lui. L'homme maigre lui versa une rasade.
    « Y a-t-il quelque endroit par ici où l'on pourrait
m'héberger, messieurs ? » demanda Potts. Le grand se tourna vers son compagnon.
    « Vous connaissez bien le bon père, Thomas. A-t-il une
chambre de libre? » De la tête, il désigna la petite église à flanc de coteau.
    « Le visiteur pourra sans doute prendre la nôtre quand
nous partirons demain », répondit le petit homme. Il se

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