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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Sam ? Trois mois seulement
le séparaient du rendez-vous et il était là, sans le sou, dans une petite ville
perdue, sans doute en état d'arrestation, et les autorités devaient attendre de
l'interroger. Les canons avaient pu lui paraître autrefois le moyen de réussir
: vu les circonstances, il ne pouvait que prier le ciel pour qu'ils fussent
engloutis au fond de l'océan. Il lui fallait à tout prix savoir où il était, où
se trouvaient les canons et si ses amis avaient survécu, mais il se demandait
comment s'y prendre.
    Il examina toutes les hypothèses. Les Malais susceptibles
de témoigner qu'il connaissait la langue siamoise étaient tous morts. Il se
trouvait maintenant dans la province de Ligor où personne sans doute ne parlait
un mot d'anglais : devrait-il plutôt s'adresser aux autorités en siamois et
risquer d'avoir à répondre à des questions embarrassantes? Ou bien devrait-il
feindre l'ignorance et peut-être surprendre les autorités chargées de statuer
sur son sort? Les Siamois parlaient très librement devant des farangs dont ils
supposaient qu'ils ignoraient leur langue. Peut-être serait-il mieux placé pour
les manœuvrer s'il connaissait d'avance leurs intentions. En outre, les Siamois
seraient moins disposés à employer la torture s'ils ne pouvaient pas comprendre
la langue dans laquelle il avouerait !
    Il fit des signes à la fille. « Farang », dit-il en se
désignant et en dessinant de ses bras deux autres créatures. Elle répondit par
un joyeux sourire, mais il savait que cela pouvait signifier n'importe quoi.
Les Siamois souriaient quand ils étaient heureux, déconcertés, embarrassés ou
même en colère. Cependant elle le montra de la main et répéta son geste en
levant deux doigts.
    « Farangyu noon », dit-elle gaiement. Il fit
semblant d'avoir l'air ahuri, mais son cœur battait de joie. Ils étaient « par
là », avait-elle dit. Elle désigna l'extérieur puis ferma les yeux pour
indiquer qu'ils dormaient. Il eut un rire soulagé et elle se mit à rire à son
tour.
    Son corps lui semblait être en compote, mais il parvint à
se relever et, malgré les protestations répétées de la fille, il s'approcha
péniblement de la porte ouverte. Quand il essaya de mettre un pied dehors, elle
le retint toutefois à bras-le-corps et, comme il insistait, un serviteur surgit
et lui barra le chemin. L'homme souriait aimablement, mais il n'y avait pas à
se tromper sur ses intentions. Phaulkon montra le ciel et le soleil, mais
l'homme secoua la tête et pointa du doigt le lit de Phaulkon. « Nai ja thong
pai pop Puwa Rajatkan prungnee. Thong nom kom. »
    Phaulkon haussa les épaules avec l'air de ne pas
comprendre et rentra dans sa chambre. Le gardien reprit sa faction au-dehors.
Il devait donc se reposer avant de rencontrer le gouverneur le lendemain.
C'était un sage conseil, se dit-il. Il lui fallait du temps pour retrouver ses
forces et pour réfléchir.
    Il revint d'un pas chancelant vers le lit, mais il avait
eu le temps de jeter un coup d'œil à l'extérieur. La chambre donnait sur une
petite cour couverte de gazon et entourée d'une épaisse haie de bambous. Un
sentier la traversait menant à un grand bâtiment dont on apercevait au loin les
toits de tuiles orange à plusieurs étages. Sans doute le palais du gouverneur.
De l'autre côté, des rizières verdoyantes et gorgées d'eau étincelaient au
soleil et, plus loin, des bananiers et d'imposants palmiers animaient le
paysage.
    Il alla se rallonger sur la natte et fit signe à la fille
qu'il voulait boire. Elle parut soulagée de constater qu'il était redevenu
raisonnable et lui adressa un grand sourire avant de porter jusqu'à ses lèvres
la petite tasse de thé tiède. Le breuvage avait un goût amer mais
rafraîchissant et il but avec gratitude. Puis il fit semblant de chercher le
mot siamois pour la remercier : korb, korb...
    « Korb jai », termina-t-elle pour lui, rayonnante
de plaisir. Elle était jeune, pas plus de seize ans peut-être, avec un joli
visage. Ses dents noires n'étaient pas gênantes. La plupart des femmes les
noircissaient : cela les plaçait au-dessus des bêtes sauvages de la forêt qui
utilisaient leurs crocs blancs pour tuer. Les humains, eux, ne tuaient pas.
    Phaulkon agita les bras et fit semblant de chercher le
mot siamois pour Ligor. « Nakom... ?
    — Nakhon Si Thammarat, s ecria-t-elle, ravie de le
comprendre. Ban pu Rajaîkan. »
    Ils se trouvaient donc dans la maison des invités

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