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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Seigneur, suggéra respectueusement
Phaulkon, un si petit contingent ne risquerait-il pas d'être insuffisant pour
intimider les Hollandais ?
    — Si le traité autour duquel on fera tant de bruit
ne suffit pas à impressionner ces Hollandais, alors peu importe, Vichaiyen,
qu'il y ait quatre cents ou mille soldats. » Et, pour ses courtisans, songea le
Seigneur de la Vie, quatre cents apparaîtrait comme un chiffre beaucoup plus acceptable.
    « En attendant, vous pouvez informer les Jésuites que
vous êtes satisfait de nos progrès royaux et que nous avons exprimé en privé
des avis favorables en vue de notre éventuelle adoption de leur foi. Il faut
que cela coïncide, bien entendu, avec l'arrivée des troupes du roi Louis. D'ici
là, nous souhaitons étudier discrètement les écritures chrétiennes de façon à
ne pas éveiller les soupçons de nos courtisans. Des rumeurs prématurées
seraient de nature à porter un coup fatal aux meilleures intentions. Mais,
Vichaiyen, ajouta le roi, ce n'est pas à vous qu'il faut expliquer comment
mener ce genre d'affaire où nous avons pu observer vos remarquables talents.
Contentons-nous de dire que vous avez notre approbation pour nourrir les
Jésuites de tous les mets délicats qu'ils sont le plus disposés à digérer.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. Et je vous
remercie de me faciliter la tâche. Les Jésuites n'attendent que de voir cet
indigne esclave épouser Maria pour ratifier le traité. »
    Un nouveau gloussement partit du balcon. « Pauvre
Vichaiyen, vous voilà bien traqué. Nous prions pour que vous puissiez
réapparaître comme bouddhiste dans votre prochaine vie, et que vos problèmes
s'en trouvent ainsi diminués. En ce qui concerne cette existence, nous allons
envoyer sans tarder une invitation aux Jésuites pour assister à votre mariage,
qui se fera sous la protection royale. »
    La protection royale, songea Phaulkon impressionné. Quel
honneur! C'était le Palais qui enverrait les invitations et peut-être Sa
Majesté assisterait-elle personnellement à la cérémonie. Les Jésuites ne
pourraient assurément pas refuser. Maria non plus. Les choses commençaient
vraiment à...
    Il y eut dehors une soudaine agitation. Un premier
assistant du Barcalon se prosterna, décontenancé, accompagné d'un messager hors
d'haleine. L'assistant présenta un millier d'excuses et offrit sa tête en
expiation du crime considérable qu'il avait commis en faisant ainsi intrusion.
    « Puissant Seigneur, même si ce sont peut-être mes
dernières paroles, moi, un cheveu, j'ai la témérité de vous annoncer que les
Macassars se sont soulevés. Ils s'arment en ce moment même dans leur camp. Un
groupe d'avant-garde s'est déjà rendu à la maison de Luang Vichaiyen pour
l'arrêter. Ses serviteurs sont venus m'avertir.
    — Vichaiyen, vous allez enquêter immédiatement sur cette
affaire et, si besoin en est, rassembler une force de farangs. Ils seront
dédommagés de manière fort libérale. Tawee, tu vas dès cet instant informer le
général Petraja. L'audience est terminée. »
    Vichaiyen et Tawee rampèrent à reculons et sortirent pour
exécuter les instructions du Seigneur.
    38
    Le camp des Macassars consistait en un ensemble de
cabanes en bois de tailles différentes, alignées le long d'un petit cours
d'eau, affluent du large Menam. Il était solidement gardé par des patrouilles
du côté terre, mais l'accès par la rivière était moins surveillé. Juste au-delà
du camp, le cours d'eau décrivait une courbe très incurvée d'où le campement
disparaissait rapidement aux regards. Des palmiers et des bananiers parsemaient
le paysage et, derrière le village, s'étendaient des rizières aux canaux
maintenant gorgés d'eau.
    C'était une nuit sans lune. Soixante petites embarcations
descendaient sans bruit le courant en direction du camp : leurs pagaies
effleuraient à peine la surface de l'eau et l'épaisse obscurité dissimulait
leur présence. Les hommes se couchèrent en passant devant les vagues
silhouettes du camp macassar, chaque soldat restant allongé dans son canot qu'il
laissait dériver silencieusement dans le courant, à une distance prudente de la
berge. Une chouette hulula dans la nuit et le crissement d'innombrables cigales
s'éleva soudain au-dessus du clapotis de l'eau.
    Dans le canot de tête, Phaulkon écarquillait les yeux :
il avait l'impression de s'enfoncer dans un tunnel, sans savoir ce qu'il y
avait au bout, se guidant

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