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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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commença-t-il. C'est l'un des plus heureux
présages qui puisse survenir pendant le règne d'un monarque. On doit aussitôt
faire cadeau de l'animal au roi; et cet événement apporte honneur et privilèges
à la province où il a été découvert.
    — Et ce pourrait être un bienfait pour nous? demanda
Burnaby dans un de ses rares instants d'optimisme.
    — Assurément », répondit Phaulkon. Il sourit car
soudain une idée lui était venue.
    « Cela fera-t-il personnellement honneur au gouverneur?
demanda Ivatt, qui commençait à son tour à entrevoir mille possibilités.
    — Je pense bien, répondit Phaulkon. La gloire de
cette découverte va rejaillir directement sur lui. Vous ne pouvez pas savoir
avec quel sérieux les Siamois envisagent un tel événement. On mesure souvent la
grandeur d'un souverain au nombre d'éléphants blancs qu'il possède dans ses
écuries. On a livré des guerres pour s'emparer de ces bêtes. On dit que l'âme
d'un ancien prince y habite et qu'ils sont l'une des incarnations d'un futur
Bouddha.
    — Sont-ils vraiment rares ? » interrogea Ivatt, de
plus en plus intéressé. Il se voyait déjà ramenant un éléphant blanc dans une
ménagerie d'Angleterre.
    « J'ai cru comprendre qu'il n'y a qu'un seul animal de
cette sorte à la cour du roi actuel et, à ce qu'on m'a dit, la bête dispose
jour et nuit pour son service de quarante-huit esclaves. Elle ne mange et ne
boit que dans des coupes en or massif.
    — Bonté divine, ricana Ivatt, je changerais de place
n'importe quand avec cet éléphant. Mais est-il vraiment blanc?
    — Je crois que c'est un albinos. En fait, je n'en ai
jamais vu, mais il semble que l'occasion va bientôt nous en être offerte. »
    Burnaby était d'une gaieté inhabituelle. « Voilà qui
devrait mettre le mandarin de bonne humeur, observa-t-il. Ce doit être le moment
de lui demander quand nous allons pouvoir partir, n'est-ce pas Constant ?
    — Évidemment, Richard. »
    Les pensées se pressaient dans l'esprit de Phaulkon. Il
devait bien y avoir un moyen de profiter de la superstition des Siamois. Si
seulement il pouvait leur faire associer sa présence ici à celle de l'éléphant
blanc... Puis l'idée qui s'était vaguement esquissée dans sa tête prit
consistance. Il se tourna vers Ivatt.
    « Thomas, y avait-il des éléphants dans votre ménagerie?
    — Oui, il y en avait deux venus d'Inde. Un mâle et
une femelle. Mais malheureusement ils étaient d'un gris classique.
    — Et vous êtes-vous occupé un peu de leur dressage?
    — J'étais trapéziste. Mais je passais beaucoup de
temps avec les dresseurs et les animaux. » Il sourit. « Les animaux, en
particulier, m'aimaient beaucoup.
    — Sauriez-vous faire s'agenouiller un éléphant?
demanda Phaulkon, essayant de dominer son excitation.
    — Il me semble que oui, du moins s'il était
raisonnablement dressé. Mais ne faut-il pas voir là une nouvelle manifestation
de votre mégalomanie, Constant? » Le petit homme trouva l'idée très drôle. « Le
grand éléphant blanc s'agenouillant devant le grand boxeur blanc ! » Il rit en
imaginant cette scène.
    « C'est ça, précisément, répliqua Phaulkon. Seriez-vous
capable d'y parvenir?
    — Oh, mon Dieu, non ! gémit Ivatt. Vous parlez
sérieusement ?
    — Tout à fait », répondit Phaulkon.
    C'était le début de la soirée à la Cour. Le gouverneur
avait revêtu sa tenue de cérémonie. Son chapeau conique blanc avec son unique
anneau d'or était maintenu en place par un cordon qui passait sous son menton.
Il portait son habit broché d'or aux larges manches flottantes et un superbe
panung de soie brodé d'un filet d'or. Le vêtement était coupé dans un de ces
superbes tissus des Indes peints à la main tels qu'on en fait dans la région de
Masulipatnam. Comme c'était un cadeau de Sa Majesté le roi, il était
strictement réservé aux grandes occasions. Le gouverneur avait aux pieds ses
babouches musulmanes plates au bout retourné comme l'étrave d'un bateau. Son
officier porte-glaive tenait son épée de cérémonie incrustée de diamants. Un
autre esclave était chargé de sa boîte à bétel en or, contenant la noix de
bétel et d'areca préparée et prête à être mâchée dès que Son Excellence en
éprouverait l'envie.
    Ses courtisans n'étaient pas moins resplendissants, même
si le gouverneur était le seul à porter le panung de soie avec le filet d'or.
Pour cette grande occasion, les dames de la Cour, les épouses,

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