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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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royaume, il n'y
aurait avant lui que le Barcalon.
    Il ne pouvait pourtant s'empêcher de s'interroger
    sur le farang moyen. Se pouvait-il que cet homme venu
d'un pays lointain, qui boxait, se prosternait et se comportait presque avec la
dignité d'un Siamois, fût pour quelque chose dans ces événements propices?
Était-il une sorte d'émissaire? On aurait pu croire un moment que le visiteur
blanc et le grand animal blanc se prodiguaient mutuellement des marques de
respect.
    Tout en regardant le royal éléphant qu'on emmenait vers
son écurie et l'assemblée prosternée qui se dispersait, il décida de consulter
ses plus éminents astrologues. Il donna ensuite l'ordre qu'on laissât Phaulkon
se reposer toute une journée et qu'on le conduisît à la salle d'audience le
lendemain soir avant le coucher du soleil.
    Les derniers rayons du soleil tropical dansaient à
travers le feuillage du grand banyan. La douce lumière du soir baignait les
cieux de tons pastel tandis que, sur les pas du Palat, Phaulkon traversait la
Cour jusqu'à la salle d'audience du gouverneur. Il avait dormi, même si ce
n'était que par intermittence, presque toute une nuit et toute une journée, et
ses souffrances encore aiguës lui semblaient moins pénibles.
    On l'avait convoqué seul et il se demandait si son numéro
du jour précédent avec l'éléphant blanc y était pour quelque chose. Les
Siamois, songea-t-il, connaissaient sans doute mieux les éléphants que
n'importe quel autre peuple. Selon toute probabilité, ils avaient percé à jour
le subterfuge d'Ivatt pour amener l'animal à s'agenouiller devant lui. Pourtant,
si grande était sur eux l'influence des signes et des augures qu'ils auraient
pu négliger la simple vérité pour s'attacher à une inteiprétation plus
complexe. Quand il s'agissait du légendaire éléphant blanc, la superstition des
Siamois ne connaissait pas de bornes.
    Tout en avançant péniblement dans la cour du gouverneur,
Phaulkon se rappelait le père Morin, trottinant auprès de lui une certaine nuit
dans le quartier portugais d'Ayuthia, ses courtes jambes ayant du mal à suivre
son pas. Tous deux venaient de dîner chez leur ami commun, rnestre Phanik, le négociant japonais. Le petit jésuite poursuivait avec entrain la
conversation qui avait occupé presque tout le dîner. « Mon cher Constant, lui
disait-il en faisant vers le ciel des gestes dépités, comment peut-on apprendre
les voies du Seigneur à un peuple qui croit que la vérité consiste à entrer
dans un temple et à poser des questions à l'effigie du Bouddha ? » Le bon père
secouait la tête d'un air découragé. « Et savez-vous comment vous pouvez obtenir
une réponse? Eh bien, vous posez tout simplement votre question. Vous priez un
moment, puis vous sortez pour entendre les premiers mots prononcés par le
premier passant que vous rencontrez. Dans ces mots se trouve la réponse à votre
question ! Je vous jure que c'est vrai ! » Il haussa les épaules et secoua de
nouveau la tête. « Bon Dieu, si seulement la vie était aussi simple! Mais
impossible de persuader les Siamois du contraire. Depuis leur plus tendre
enfance on leur instille ce genre de superstitions et rien, par la suite, ne
peut ébranler leur conviction. Vous connaissez, bien sûr, l'histoire de ce roi
d'autrefois qui s'enquérait de son avenir?
    — Je ne crois pas la connaître, mon Père, répondit
Phaulkon.
    — Oh, allons donc, monsieur Constant. Tous les
enfants la connaissent.
    — Ah, mon Père, mais je ne suis pas un enfant.
    — Alors, mon jeune ami, je vais vous la raconter :
elle illustre parfaitement les problèmes qui se posent à moi. Voyez-vous, ce
roi d'antan envoya au temple son messager pour s'enquérir à sa place de
l'avenir de la royauté, car seuls des gens du commun pouvaient se charger d'une
telle mission. Quand le messager sortit du temple, il rencontra un vieil homme
qui s'arrachait des poils du visage avec des pinces. « Regarde ce grand poil sur
le sol ! » dit le vieil homme en voyant un long poil flotter jusqu'à terre. «
Le roi inteipréta alors cela comme le signe que son propre corps gisait devant
lui : bien que n'étant pourtant pas d'un âge avancé, il tomba malade et mourut
peu après. Impos-sible de persuader les Siamois qu'il ne s'agissait pas là
d'une simple coïncidence. Pour eux, l'oracle du temple avait parlé. » Il leva
les bras au ciel. « Chacun, depuis le roi jusqu'au dernier des balayeurs,
continue à consulter en

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