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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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le pouvoir d'octroyer. Seule Sa Majesté pouvait décorer de la
première et de la deuxième classes. Cela n'allait-il pas lui conférer le
prestige de traiter directement avec le Barcalon, l'occasion de dénoncer avec
tact la duplicité des Maures et de solliciter la faveur de diriger lui-même une
mission commerciale jusqu'en Perse ?
    « Il me paraît convenable que vous et vos amis fassiez
partie de l'escorte qui va accompagner le noble éléphant blanc dans son voyage
jusqu'à Avuthia. Dans des circonstances normales, il devrait partir dès
maintenant, mais je suis prêt à retarder d'un jour son départ pour vous
permettre de mieux vous remettre de vos blessures. »
    Il fallut un moment à Phaulkon pour retrouver sa voix. «
L'extraordinaire distinction que Votre Excellence attribue à son humble
serviteur m'accable. Mon cœur est empli de gratitude et mon immense plaisir
n'est troublé que par la tristesse que j'éprouve à quitter la province d'un
gouverneur aussi distingué et aussi éclairé. »
    Le mandarin inclina la tête en écoutant l'interprète
traduire les paroles de Phaulkon. Sous les regards de toute l'assemblée, le
Palat passa au cou de Phaulkon un pendentif en argent, une médaille étincelante
frappée de l'image d'un éléphant blanc et surmontée, en lettres d'or, du nom de
la province.
    Le Palat venait de regagner sa place auprès de son maître
quand on entendit des éclats de voix. Tous les yeux se tournèrent vers la
porte. Un garde éperdu se prosternait à l'entrée, implorant le pardon de Son
Excellence.
    « Puissant Seigneur, un messager de la factorerie
hollandaise a pénétré de force dans le palais en insistant pour voir
personnellement Votre Excellence. Le garde l'aurait tué s'il n'avait cessé de
proclamer que le message était d'une grande importance pour Votre Excellence. »
Le garde tremblait de peur, se demandant si ses collègues et lui avaient bien
fait d'agir ainsi.
    « Où est-il maintenant ? » demanda le gouverneur avec
agacement. Il était fort inconvenant d'être ainsi interrompu au milieu d'une
cérémonie.
    « Puissant Seigneur, on le retient dehors.
    — Faites-le entrer!
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. »
    Un jeune messager, moitié hollandais moitié siamois,
apparut alors dans l'encadrement de la porte, promenant sur l'éblouissante
assemblée un regard nerveux. Sur son visage oriental, des yeux d'un bleu
intense ressortaient de façon stupéfiante.
    Il se prosterna en direction du gouverneur et commença
dans un siamois parfait.
    « Puissant Seigneur, mon maître M. Joop m'a demandé
d'informer Votre Excellence qu'il a reçu d'Ayuthia une lettre importante. Il
n'est pas assez bien pour se présenter en personne devant Votre Excellence mais
il vous implore de venir d'urgence lui rendre visite à la factorerie
hollandaise. Il s'agit des farangs anglais. » Il marqua un temps pour souligner
son effet, comme son maître le lui avait recommandé. « Mon maître possède
maintenant toutes les preuves qu'il vous faut. »
    Phaulkon écouta avec inquiétude les paroles du messager.
Était-ce là la preuve que le Hollandais avait prétendu attendre? Mais de quoi
pouvait-il bien s'agir? Allait-il échouer maintenant, à la dernière minute,
juste au moment où le cours des choses semblait tourner en sa faveur? Mais
comment une lettre d'Avuthia avait-elle pu arriver si vite ? Même le transport
maritime le plus rapide mettrait quatorze jours : or il ne s'en était écoulé
que neuf depuis le naufrage. Ou bien s'agissait-il d'une lettre expédiée avant
la catastrophe et contenant des informations qui l'incriminaient ?
    Il vit le gouverneur lancer un regard furieux au messager
tandis que la Cour se prosternait, dans l'expectative.
    « Nous sommes occupés maintenant. Vous informerez votre
maître que nous tenterons de le voir demain matin.
    — Puissant Seigneur, je reçois vos ordres. »
    Le messager allait s'en retourner quand il aperçut la
décoration accrochée au cou de Phaulkon. Il se souvint du message que son
maître lui avait donné pour le farang si jamais il tombait sur lui. Il se
tourna vers l'homme blanc et dit en hollandais : « Mon maître sait maintenant
que vous êtes l'homme qui parle parfaitement le siamois. Il m'a chargé de vous
dire que votre heure avait sonné, monsieur Phaulkon. »
    Le gouverneur congédia l'assemblée et tourna les talons.
Il laissa Phaulkon réfléchir à l'étendue de la fureur du potentat lorsqu'il
aurait

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