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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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emportez-lui le tonnelet de vin que j’ai promis.
    On frappa à la porte. Le battant s’ouvrit violemment, manquant renverser Corbett. Amaury de Craon, l’envoyé de Philippe IV auprès du Grand Conseil royal, entra avec raideur. Il semblait être dans tous ses états. Sans paraître s’apercevoir de la présence du comte de Surrey, il mit promptement genou à terre devant le souverain.
    — Sire, murmura-t-il, je viens d’apprendre l’attaque dont vous avez été victime.
    Il leva son visage matois terminé par une barbe rousse.
    — Au nom de mon souverain, je rends grâces à Dieu de ce que vous soyez indemne et je prie pour que le traître soit rapidement mis hors d’état de nuire.
    — Il le sera, n’en doutez pas !
    Le roi tendit la main que le Français effleura de ses lèvres avant de se relever.
    — Notre cher clerc bien-aimé, Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé, poursuivit le monarque, va se mettre en quête de la vérité.
    — Comme je l’ai déjà fait en maintes occasions, ajouta Corbett en s’appuyant contre la porte qu’il venait de refermer.
    Amaury de Craon se retourna.
    — Sir Hugh ! Que Dieu vous ait en Sa sainte Garde !
    Il s’approcha de Corbett, lui agrippa les deux bras et l’embrassa sur la joue, bel émule de Judas.
    — Vous semblez vous porter à merveille, Sir Hugh !
    Corbett dévisagea son ennemi invétéré, le maître-espion de Philippe IV et le cerveau derrière ses complots. Il apprécia à sa juste valeur le luxe ostentatoire de sa mise : sa cotte-hardie {19} en soie damassée, bordée d’or au col et aux manches, tombait sur des bottes de cuir rouge brillant, incrusté de minuscules pierreries.
    — Et vous, Sir Amaury, n’avez guère changé.
    Le seigneur de Craon, dos au roi, esquissa un sourire, mais son regard trahit une haine profonde envers ce clerc anglais qu’il aurait eu plaisir à envoyer aux enfers.
    — Félicitez-moi, Sir Hugh. Je me suis marié et mon épouse attend déjà un enfant.
    — Double bénédiction, Sir Amaury.
    — Mais je ne suis pas venu échanger des politesses, ni même, ajouta le Français en se retournant vers le monarque, exprimer ma joie en voyant que vous avez échappé de peu à la mort.
    — Qu’est-ce, alors ? dit Corbett d’une voix impatiente.
    — Mon maître veut vous avertir d’un grand péril. Savez-vous qu’il a été victime d’une attaque similaire lors d’une partie de chasse dans le bois de Boulogne ?
    — Continuez ! le pressa doucement Édouard.
    — Les agents du roi ont retrouvé le coupable. Un templier, un sergent de la commanderie de Paris. Ils l’ont arrêté et il a fait des aveux complets après un court séjour dans les cachots du Louvre.
    — Et ?
    — Apparemment, Sire, certains templiers de haut rang rejettent la responsabilité de leur expulsion de la Terre sainte sur l’empereur du Saint Empire romain germanique, sur le pape lui-même et sur les monarques de la chrétienté, plus spécialement Philippe de France et Édouard d’Angleterre.
    Corbett s’approcha.
    — Et vous avez donc été chargé d’avertir notre souverain ?
    — Oui, Sir Hugh. La France et l’Angleterre vont signer un traité de paix crucial que va renforcer le mariage liant les deux familles régnantes. Nos pays ont eu des différends, mais ils sont confrontés maintenant à un danger commun qui menace de briser cette alliance.
    — Et qu’a avoué d’autre cet agent ? demanda Édouard.
    Amaury de Craon sortit un vélin de sa manche et le tendit vivement à Corbett.
    — Voyez vous-même !
    Le clerc déroula le parchemin. Au fur et à mesure qu’il le parcourait, il se rendait compte que ses soupçons sur Craon s’avéraient, pour une fois, sans fondement.
    — Alors ? s’enquit le monarque en s’asseyant sur un banc.
    Corbett étudia le manuscrit en s’approchant de la fenêtre pour mieux y voir.
    — C’est une confession, expliqua-t-il. Celle du sergent du Temple, à Paris. Il avoue avoir attenté à la vie du roi de France, dans le bois de Boulogne. Il semblerait qu’il exécutait les ordres d’un officier supérieur qu’il ne connaissait que sous le nom de « Sagittarius » ou « l’Archer ».
    — Et ce sont les bourreaux de Philippe qui lui ont arraché ces aveux ? voulut savoir Édouard.
    — Non, pas eux, mais le Grand Inquisiteur en personne.
    Corbett surprit le sourire satisfait du seigneur de Craon qui intervint :
    — Vous n’ignorez pas que

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