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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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souverain veut un tonnelet de votre meilleur cru, Maître Seagrave, déclara Corbett avec désinvolture. Et quand je dis « meilleur », c’est « meilleur ». Il veut l’offrir au grand maître du Temple.
    Le tavernier se rembrunit.
    — Que se passe-t-il ? N’en auriez-vous plus ?
    Seagrave agrippa sa manche et l’attira vers lui, comme s’ils étaient larrons en foire.
    — Non, non, chuchota-t-il, mais des bruits courent en ville. On parle d’une tentative d’assassinat sur la personne du roi ce matin ainsi que d’incidents bizarres qui se seraient déroulés à Framlingham.
    Corbett dégagea doucement son bras.
    — Ah, c’est vrai, « ce qu’on souffle à un aubergiste, autant le crier sur les toits » ! Mais ne prêtez pas foi aux ragots !
    Seagrave acquiesça.
    — J’ai un tonnelet de bordeaux, un grand cru. Il a dix ans d’âge. J’espérais l’offrir au roi. Mes serviteurs vont l’apporter, mais veuillez me suivre ! Vous devez mourir de soif !
    — Tout à l’heure, Maître Seagrave. Il y a une autre question, celle des deux manses de terre que vous voulez acquérir.
    L’aubergiste redoubla d’obséquiosité. Il se frotta les mains, comme s’il pressentait de substantiels bénéfices. Il insista pour leur faire faire le tour du propriétaire. C’est ainsi que Corbett, accompagné d’un Ranulf narquois et d’un Maltote ébahi, vit les magasins et la forge de la cour, ainsi que les profondes caves où le marchand de vin désigna le tonnelet choisi. Il les conduisit ensuite dans des salles qui sentaient bon la jonchée {21} fraîche tandis que, des cuisines, s’échappaient des odeurs alléchantes. Il les amena enfin dans un potager bien tenu, entièrement clos par un haut mur de briques couvert de lichen et de lierre et divisé en petites parcelles où, comme l’expliqua Seagrave, l’on faisait pousser légumes et herbes aromatiques.
    D’un ton impatient, Ranulf s’enquit des deux manses, aussi le tavernier les guida-t-il vers une modeste poterne. Corbett s’arrêta juste avant de la franchir et fixa le drap qui recouvrait un trou béant, près du mur.
    — Vous construisez encore, Maître Seagrave ?
    — Oui. Nous voulons installer des tonnelles, des recoins protégés du vent où des clients choisis pourront dîner pendant les belles journées d’été.
    Corbett hochait la tête en parcourant le superbe jardin du regard. Au fond s’élevait une fuie entourée de ruches. Paupières closes, il respira le parfum des fleurs en écoutant le doux bourdonnement des abeilles butineuses.
    — Bel endroit, hein, Sir Hugh ?
    — Oui ! Cela me donne envie de rentrer à Leighton.
    Il ouvrit les yeux. Ranulf le dévisageait avec curiosité.
    — Allons, Maître Seagrave, voyons le terrain que vous désirez acheter.
    L’aubergiste ouvrit une barrière. Le terrain derrière n’était guère qu’un ancien pré communal envahi par les ronciers et les mauvaises herbes, un large triangle enserré entre la taverne et l’arrière des maisons.
    — Qui en est propriétaire ? demanda Corbett.
    — Eh bien, au début, j’ai cru que cela appartenait à la ville, mais en examinant les archives, j’ai découvert qu’il avait été légué à l’ordre des Templiers. Ils possèdent beaucoup de propriétés de ce genre dans notre cité.
    — Ah ! soupira le magistrat. Ces transactions ne peuvent se faire qu’avec l’accord de notre souverain.
    Seagrave fronça ses sourcils broussailleux.
    — Cela va sans dire, Sir Hugh. Aucune terre léguée à un ordre religieux ne peut être vendue sans l’aval du roi.
    Ils regagnèrent l’auberge. Corbett devina, à son regard, que Ranulf mourait de faim, aussi jugea-t-il bon d’accepter l’invitation du tavernier. Ils s’attardèrent donc et partagèrent un plat de lamproies et de succulentes tranches de chapon. Seagrave lui-même leur servit du vin blanc mis spécialement au frais dans ses caves. Quand ils eurent achevé de se restaurer, les palefreniers hissèrent le tonnelet sur le poney de bât et ils prirent congé de l’aubergiste. Ils longèrent Colney Gâte, puis Lock Lane avant de parcourir Petergate et de passer sous l’arche béante de Botham Bar. Corbett chevauchait en tête. Ranulf et Maltote avaient repris du poil de la bête après s’être régalés de ce qu’ils estimaient être leur meilleur repas depuis leur arrivée à York.
    L’après-midi touchait à sa fin et le magistrat se demandait comment il

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