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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rompirent. Tous deux vacillèrent sur leur selle, sans être désarçonnés pourtant, et revinrent en bout de lice.
    — Magnifique ! s’écria frère Odo, appuyé contre le mur et martelant le sol de sa canne. Bonne tenue de lance, Legrave ! Symmes, brailla-t-il, abaissez votre lance plus tôt, sinon vous vous retrouverez le cul dans l’herbe !
    Cette saillie provoqua les rires de l’assistance composée de chevaliers et de sergents. Corbett et ses serviteurs restaient dans l’ombre de la muraille. Sous le chaud soleil, la poussière soulevée par les bêtes leur piquait yeux et gorge. Les deux combattants se préparaient déjà à un autre assaut. Lances neuves, boucliers eu position. Une sonnerie de trompette et les grands destriers, aux caparaçons chamarrés, se jetaient impétueusement au galop, emportant leur cavalier à la rencontre de l’adversaire. Ce fut encore le choc, mais cette fois, Symmes pécha par sa lenteur : il manqua Legrave et son bouclier glissa, l’exposant ainsi à la lance adverse. Le bruit fut assourdissant. La monture de Symmes s’affaissa sur ses postérieurs tandis qu’il vidait les étriers.
    — Ah, bien joué ! s’exclama Jacques de Molay, siégeant comme sur un trône sous un dais de soie.
    Il invita Corbett à s’approcher.
    — Avez-vous vu ce qu’a fait Legrave ? Il a passé sa lance de la main droite à la main gauche. Quel talent ! Dites-moi, Sir Hugh, connaissez-vous son pareil parmi les chevaliers du roi ?
    — Non, Monseigneur.
    Corbett ne mentait pas. Après la messe des morts, les templiers avaient déjeuné, puis jouté toute la matinée. Bien que recru de fatigue et souffrant de la chaleur et de la poussière, le magistrat n’avait pas caché son admiration devant l’habileté consommée des moines-chevaliers. Il vit, dans la lice, les écuyers aider Symmes à se relever avant de lui ôter son heaume et de lui offrir de l’eau pour son gosier desséché et son visage en sueur. Legrave mit pied à terre et enleva son casque. Puis il s’avança vers son adversaire malheureux. Symmes, encore un peu étourdi et secoué, alla néanmoins à sa rencontre. Ils se donnèrent l’accolade et échangèrent le baiser de paix.
    — Si seulement tous les conflits se résolvaient de manière aussi sereine ! murmura Jacques de Molay.
    Il tendit une coupe de vin blanc frais à Corbett et fît signe à un valet de servir Ranulf et Maltote.
    — Sir Hugh, j’aimerais vous remercier.
    Il se pencha vers Corbett pour n’être entendu de personne d’autre.
    — Cela fut fort courtois de votre part de nous laisser enterrer notre compagnon et saluer sa mémoire par des joutes.
    Il soupira.
    — Tout est fini, à présent. Vous vouliez nous parler ?
    — Oui, grand maître.
    Molay eut un geste résigné.
    — J’ai averti mes compagnons. Vous pourrez nous interroger dans le réfectoire.
    Corbett vida sa coupe et la rendit au valet, en enjoignant à Maltote et à Ranulf de le suivre. Ils traversèrent les lices, à l’opposé de l’hostellerie, et regagnèrent leurs quartiers.
    — Dieu soit loué, je ne suis pas templier ! gémit Ranulf en s’installant posément sur un escabeau. Quelle violence dans ces assauts !
    — Et quels superbes cavaliers ! renchérit Maltote. Avez-vous remarqué leur façon de guider leurs destriers d’une seule pression des genoux ?
    — Nous perdons notre temps, pesta Ranulf. J’ai cru que cette messe des morts n’en finirait jamais !
    Debout à la fenêtre pour profiter de la brise, Corbett avait un tout autre avis sur la question, mais se taisait. Il avait été frappé par la beauté de cet office funèbre. Le corps de Reverchien, dans le cercueil enveloppé des bannières et oriflammes de l’ordre, avait été placé devant le maître-autel. La chapelle, aux remarquables sculptures, était comble et la basse profonde des templiers entonnant le requiem avait résonné avec une majesté singulière dans la petite église. Assis dans une nef latérale, le garde du Sceau privé avait été ému par l’élégant panégyrique de Sir Guido Reverchien qu’avait prononcé Jacques de Molay. Cela ne l’avait pas empêché, il est vrai, d’épier les physionomies des uns et des autres. Les quatre commandeurs entouraient le grand maître dans le choeur tandis que sergents, écuyers et serviteurs se tenaient dans la nef, juste derrière le jubé.
    Le magistrat avait essayé de se concentrer sur la messe, mais le récit du

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