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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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silence d’une voix forte, tout en observant rapidement les templiers. Tous, y compris Molay, semblaient avoir vu un fantôme.
    — Silence ! répéta-t-il d’une voix de stentor.
    Il prit dans son aumônière le Sceau privé du roi qu’il portait toujours sur lui.
    — Que chacun jette ses armes ! Je suis le représentant d’Édouard I er .
    Il s’égosilla.
    — Je suis mandataire des ordres de notre souverain. S’opposer à moi constitue un acte de haute trahison.
    Ses menaces brisèrent la tension qui régnait dans la salle : les soldats rengainèrent leurs épées, Jacques de Molay lança des ordres, les sergents templiers se retirèrent, les gardes royaux se calmèrent. Corbett s’approcha du capitaine. Celui-ci ôta son lourd casque conique et, le tenant sous le bras, essuya son visage couvert de sueur et de pluie. Le prisonnier chancelait, indifférent à ce qui se passait autour de lui.
    — Sir Hugh, dit le capitaine en tendant la main à Corbett, je m’appelle Ebulo Montibus, et suis banneret du roi. Je vous transmets les salutations de notre souverain.
    Corbett le salua chaleureusement.
    — Je ne croyais pas recevoir un tel accueil. Après tout, cet homme n’a rien fait de mal !
    — C’est une longue histoire, capitaine.
    Tout d’un coup, Symmes s’avança et rattrapa Baddlesmere au moment où celui-ci s’effondrait. Il l’aida à s’asseoir.
    — S’il n’a rien fait de mal, pourquoi l’enchaîner ? s’insurgea Branquier en versant du vin au malheureux.
    — C’est fort simple, riposta Montibus. La proclamation royale était sans ambiguïté : interdiction aux templiers de quitter le manoir de Framlingham.
    — Où l’avez-vous capturé ? demanda Corbett.
    — Il essayait de franchir Micklegate Bar en douce. Il ne portait pas son habit de templier, mais ses fontes contenaient assez de preuves quant à son identité. Les baillis l’ont mis en état d’arrestation, puis il a été détenu au château. Et le roi a ordonné qu’on le ramène ici.
    Le capitaine regarda la table avec un claquement de lèvres.
    — C’est une nuit à ne pas mettre un chien dehors, remarqua-t-il. Mes hommes sont transis de froid et crèvent de faim.
    — Alors acceptez notre hospitalité, suggéra Jacques de Molay aimablement. Legrave, emmenez-les aux cuisines. On peut lui enlever ses chaînes, n’est-ce pas ?
    Montibus n’y voyait aucun inconvénient. Les fers enserrant les chevilles et les poignets de Baddlesmere tombèrent en tas par terre. Mais le templier restait prostré, comme assommé par un coup de massue. Il clignait parfois des yeux ou buvait avidement une gorgée de vin. Son escorte disparut dans les cuisines, à l’exception de Montibus. Corbett se rassit. Maltote, bouche bée, ouvrait des yeux grands comme des salières.
    Ravi par ce coup de théâtre, Ranulf souriait aux anges. Soudain il susurra à l’oreille de son maître :
    — Les apparences sont trompeuses, hein, Messire ?
    — A-t-il commis un délit quelconque ? demanda Molay.
    — Pas à notre connaissance, répondit Montibus. À part ce non-respect du décret royal.
    — C’est la première fois de ma vie, observa sarcastiquement Ranulf en reprenant sa place, que je suis assis à la même table qu’un homme mort, enterré et béni par une messe de requiem.
    — Assez ! tonna Branquier, blême de rage.
    Ranulf se contenta de lui sourire. Baddlesmere reposa bruyamment son gobelet en poussant un profond soupir, puis il s’affaissa en avant, épaules voûtées, et laissa libre cours à ses larmes. Montibus, tout occupé à empiler poulet et porc sur son tranchoir, ne lui prêta aucune attention. Ce n’est qu’à l’instant où il commençait à engloutir son repas qu’il leva les yeux, intrigué par la réflexion de Ranulf et le lourd silence qui s’était ensuivi :
    — Qu’est-ce à dire ?
    Il regarda l’assistance et sa physionomie se fit plus grave.
    — Que voulez-vous dire par « un homme mort et enterré » ?
    — Capitaine, intervint Corbett, finissez de boire et de manger. Vous et vos hommes pouvez rester ici cette nuit. Je suis sûr que le grand maître ne vous refusera pas l’hospitalité. Sir Bartholomew, je dois vous poser certaines questions, bien que cela ne soit pas l’endroit idéal.
    — En effet, renchérit Molay en se levant. Branquier, Sir Hugh, emmenez Baddlesmere à ma chambre.
    Corbett murmura à Ranulf de s’occuper des soldats royaux, puis à la suite

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