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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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partir.
    — Intéressant ça ! Donne toujours !
    — Tu te dis Américain et tu vas le laisser filer ! gronda Gilles en voyant le Skinner empocher l’argent et la montre. C’est de la haute trahison et ça mérite la corde !
    Ned Paulding renifla, se torcha le nez à sa manche puis adressa au jeune homme un sourire qu’il voulait aimable.
    — Allons, mon mignon, calmons-nous ! On n’est pas des traîtres chez les Paulding, Sam a déjà dû te le dire. Mais on n’est pas non plus des niais. Aussi, ton prisonnier qui m’a tout l’air d’être une grosse légume britannique, c’est nous qui allons le conduire là où il doit aller. J’ai idée que le colonel Jameson, qui commande le poste de cavalerie de Northcastle pourrait bien en donner quelques dollars supplémentaires.
    — C’est indigne ! Vous avez pris l’argent de cet homme ! Alors laissez-le aller ou bien rendez-le-lui. Quant à ces papiers…
    — Je suis très content de les avoir, fit l’autre en les mettant dans sa poche. Mais comme vous je trouve que vous vous mêlez un peu trop de ce qui ne vous regarde pas, vous allez gentiment rester ici. Allez, vous autres ! Attrapez-moi ces deux oiseaux et attachez-les chacun à un arbre ! Avant qu’ils ne réussissent à se libérer nous aurons tout le temps de mener à bien nos petites affaires… et on y gagnera deux chevaux de plus.
    Il n’avait pas fini de parler que Gilles et Tim, assaillis par vingt hommes à la fois étaient réduits à l’impuissance malgré la défense vigoureuse qu’ils fournirent. Gilles, fou de rage, hurlait comme un loup captif. Des larmes s’échappèrent de ses yeux quand il vit l’officier anglais les poignets liés à une corde attachée à la selle de son propre cheval qu’enfourchait Ned Paulding.
    — Pardonnez-moi, monsieur ! cria-t-il. En vous arrêtant je faisais mon devoir mais j’aurais mieux aimé vous laisser libre que vous voir aux mains de ces misérables qui déshonorent la plus belle des causes !
    L’Anglais lui sourit avec cette gentillesse qui l’avait déjà frappé chez Josué Smith.
    — Je le sais, monsieur ! Depuis le temps que les Français sont nos ennemis, nous avons appris que l’honneur n’est pas un vain mot pour eux. Et soyez tranquille : il ne me viendrait pas à l’esprit de confondre ces gens avec les soldats du général Washington qui est un parfait gentleman… À vous revoir, monsieur, et merci de ce que vous avez essayé.
    La troupe s’ébranla soulevant un nuage de poussière. Quand celle-ci retomba, la berge de la Crotton River avait retrouvé toute sa sérénité. Ficelés à leurs arbres, les deux garçons bon gré mal gré s’étaient intégrés dans le paysage et Gilles progressivement s’était calmé.
    — Reste à savoir combien de temps nous allons rester ici, soupira-t-il en tirant sur ses cordes pour éprouver leur tension.
    — Nous sommes près du gué. Tôt ou tard nous verrons bien arriver quelqu’un. Et, au fond, pourquoi nous tourmenter ? De toute façon, le coup d’Arnold est manqué. Ce colonel Jameson doit savoir lire. Il fera le nécessaire.
    — À moins qu’avant Northcastle ces misérables Skinners ne tombent sur des Cow-Boys ou sur une patrouille anglaise.
    — Fais confiance à Paulding : c’est un bandit dans l’âme celui-là ! Il défendra son prisonnier comme un chien son os… Et puis, nous serons peut-être bientôt libres. Il suffit que quelqu’un vienne…
    Mais des heures passèrent sans que personne ne franchisse le gué. Il leur fallut attendre jusqu’au déclin du jour pour recouvrer une liberté qui leur apparut sous les espèces d’un vigoureux escadron de cavalerie régulière.
    L’officier qui le commandait était le commandant en second du poste de Northcastle, le colonel Benjamin Talmadge. Il était d’âge moyen, froid, réfléchi, à peu près silencieux et son visage impassible semblait incapable de refléter la moindre émotion mais son regard sans nuances était direct et sa parole nette. Les questions qu’il posa furent brèves mais fort précises et il en écouta les réponses avec une attention profonde. L’odyssée de ces deux inconnus faits comme des voleurs ne parut pas le surprendre et pas davantage l’histoire de la nuit chez Josué Smith. Mais il fronça le sourcil quand Gilles rapporta l’intention des Skinners de vendre leur captif au colonel Jameson.
    — Montez en croupe de deux de mes hommes, ordonna-t-il. Nous

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