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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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rentrons à Northcastle (puis, plus bas, il ajouta comme pour lui-même :) Le colonel Jameson est un bon soldat mais c’est un ami personnel du général Arnold à qui il doit beaucoup.
    Ils trouvèrent le poste en effervescence et le colonel Jameson au milieu de la cour avec deux de ses officiers. Mais il n’y avait pas trace des Skinners ni de leur prisonnier. Cependant, ils ne tardèrent pas à savoir qu’ils y étaient venus et que les craintes à peine exprimées par le colonel Talmadge s’étaient réalisées : indigné de ce qu’il considérait comme un ignoble coup monté contre son cher général Arnold, le colonel Jameson n’avait rien trouvé de mieux que lui expédier le prisonnier à West Point sous la garde d’un officier, le lieutenant Allen et de quelques hommes.
    Talmadge attaqua aussitôt, calmement et sans élever la voix mais chacun de ses mots porta :
    — Si vous ne voulez pas avoir à répondre du crime de haute trahison devant le général Washington et le Congrès des États-Unis, colonel Jameson, vous devez envoyer à la poursuite d’Allen et faire ramener immédiatement ici le prisonnier qui appartient à l’état-major de Clinton.
    Jameson eut un haut-le-corps.
    — Où avez-vous pris cela, Talmadge ? Il s’agit d’un certain John Anderson, porteur d’une passe du général Arnold et de papiers qui indiquent sa qualité d’espion…
    — Ce n’est pas un espion et Arnold est un traître ! Interrogez ces deux hommes qui revenaient d’une mission dont les avait chargés Washington.
    Deux heures plus tard, en pleine nuit, le détachement du lieutenant Allen réintégrait Northcastle. En voyant paraître le prisonnier, visiblement las et accablé par ce nouveau coup du sort qui le ramenait alors qu’il croyait bien aller vers sa liberté, Talmadge tourna les yeux vers Gilles.
    — Vous aviez raison, cet homme est bien un officier anglais, cela se voit rien qu’à sa façon de se tenir.
    L’Anglais haussa les épaules avec un sourire mélancolique.
    — Rien ne sert plus de le cacher. Je suis le major John André, de l’armée britannique, chargé de mission par le général lord Clinton.
    Tandis qu’on l’emmenait chez le colonel Jameson, Gilles se tourna vers Talmadge.
    — Quel sera son sort ?
    — Celui d’un espion. Pris en uniforme, il eût été traité en prisonnier de guerre et, à la rigueur, passé par les armes. Il sera pendu ! Ses vêtements civils vont causer sa perte.
    — Mais ce n’est pas un espion ! Il est venu parlementer avec Arnold, appelé par celui-ci et il était alors, je peux le jurer, en uniforme. Ce sont les circonstances qui l’ont obligé à prendre ces habits-là.
    Au prix de sa vie, le Breton eût été incapable d’expliquer ce qui le poussait à prendre la défense du jeune Anglais. Il y avait, bien sûr, son sens de la justice et de l’honneur, mais aussi une sympathie instinctive contre laquelle il ne parvenait pas à se défendre. Ce garçon charmant, qui était à peine son aîné, lui plaisait. Il eût aimé devenir son ami. C’était d’ailleurs en ami qu’en pénétrant dans le poste, John André l’avait salué d’un sourire et d’un geste de la main.
    — Eh bien, riposta Talmadge en haussant les épaules, vous pourrez toujours venir déposer devant le tribunal qui le jugera !
    Le prisonnier sous les verrous, on délibéra de ce que l’on allait faire et l’on décida que l’urgence commandait d’en référer au plus vite à Washington. Mais où trouver le Général en chef ? Était-il encore à Hartford où il venait de rencontrer Rochambeau et Ternay ou bien l’avait-il déjà quitté pour se rendre à West Point comme il en avait eu l’intention ?
    — Une seule solution, dit Talmadge : il faut envoyer un messager dans les deux endroits.
    L’œil découragé de Jameson se posa alors sur Gilles et Tim.
    — Washington vous connaît l’un et l’autre. Pouvez-vous vous charger de cette mission ? L’un de vous se rendra à Hartford avec une lettre de moi, l’autre à West Point avec ces damnés papiers ? Vous aurez des chevaux et vous pourriez partir à l’aube.
    — Nous sommes à vos ordres, mon Colonel, répondirent-ils d’une seule voix.
    Et à la petite pointe du jour suivant, Gilles et Tim franchirent de conserve le portail de Northcastle, échangèrent un joyeux au revoir et se séparèrent. Tim se dirigea vers le nord-ouest pour rejoindre Hartford et Gilles piqua des deux

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