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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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mènerai, puis nous nous restaurerons ensemble de pain, de fruits et de fromage doux. Tu te reposeras. Ensuite tu pourras reprendre ton périple.
    — Oui, seigneur, je vais vous emmener par des rues où personne ne nous verra et ne s’intéressera à nous.
     
    Yusuf avait été fidèle à sa parole et il se trouvait à présent en sécurité derrière des portes bien fermées, dans la cour de la maison d’Isaac. Au mur faisant face au sud s’adossait une charmille chargée de vignes ; dessous, une table à peine visible aux premières lueurs de l’aube. Une fontaine jaillissait doucement, ravivant la soif de Yusuf.
    — Il fait jour, n’est-ce pas ? demanda Isaac.
    — C’est encore la nuit, seigneur, répondit le garçon. Mais l’aube point déjà à l’orient. Dans une heure le soleil va se lever. Ici, c’est encore la nuit.
    — As-tu peur d’attendre ici seul ?
    — Non, seigneur, je suis en sécurité ici.
    — Bien. Attends sous la charmille. Je serai bientôt de retour.
     
    Isaac emprunta prestement l’escalier alors même que la cuisinière quittait d’un pas traînant sa chambre sous les toits.
    — Naomi ! appela-t-il doucement.
    Elle poussa un petit cri.
    — Seigneur, c’est le maître ! fit-elle. Blessé, de surcroît. La maîtresse va être…
    — La maîtresse s’occupe de la femme du rabbin. Je pense qu’elle ne va pas tarder. Peux-tu panser ma blessure avant d’apporter du pain, des fruits et du fromage à deux affamés ? Et un vêtement chaud pour une petite personne – de cette taille à peu près – ne serait pas superflu.
    — Certainement, maître, dit la cuisinière, rassurée. Je…
    Un éclat de rire, sauvage et indiscipliné, l’empêcha de poursuivre sa phrase. Isaac s’approcha de la fenêtre, ouvrit les volets et se pencha. Il y eut un craquement puis un bruit de tuiles brisées qui tombent dans une cour pavée. Naomi vint vers lui et le poussa presque pour regarder dehors.
    — Des pierres ? demanda Isaac.
    — Non. Des tuiles cassées. Quelques pierres aussi, tout de même.
    Elle rentra la tête.
    — Ils essayent de nous tuer, maître, ajouta-t-elle sobrement.
    Tout autour d’eux retentirent des bruits de tuiles brisées. D’autres rires éclatèrent.
    — Il nous en faudra plus que cela, dit Isaac, quoique je n’aimerais pas me trouver dehors.
    Il rentra la tête à son tour.
    Cette averse surprenante venait des environs de la cathédrale. Il était peu probable que l’évêque ou ses chanoines s’amusent à bombarder le Call de pierres ou de tuiles. Il ne restait donc que les séminaristes, encore plus avinés qu’auparavant. Il referma les volets.
    — Viens. Occupe-toi de mes blessures. Mon petit ami et moi sommes prêts à déjeuner.
     
    Assis sous la colonnade qui décrivait un demi-cercle dans la cour, Yusuf écoutait l’attaque du Call. Le toit solide lui paraissait devoir résister à des armes aussi pitoyables, et quand les agresseurs abandonnèrent, il put revenir sous la charmille. Il regarda les grappes de raisin, petites et vertes, qui pendaient et réveillaient sa faim, puis il se frotta les bras. Sa tunique sombre avait été taillée dans un drap chaud pour l’enfant qu’il était cinq ans plus tôt. Mais, aujourd’hui, le tissu déchiré recouvrait à peine ses bras maigres et plus du tout ses jambes. Il était fatigué et il avait faim. Surtout, il avait très froid.
    Il se demandait comment il avait pu se montrer aussi insensé. Seul un imbécile se serait laissé entraîner par un aveugle dans une maison fermée à clef. Il avait vu les deux hommes s’avancer vers la place de la cathédrale tandis que leur escorte se tenait à bonne distance. Leurs habits et leurs manières ainsi que les gardes armés qui les protégeaient trahissaient leur richesse et leur importance. Quand l’attaque était survenue, il avait pris la main du grand homme au visage aimable parce qu’il espérait une ou deux pièces de récompense. Il avait l’intention de s’enfuir avant de se faire prendre au piège, et sa vigilance s’était endormie un instant. Il se demandait si l’aveugle ferait de lui son esclave, le vendrait ou le livrerait aux autorités. Il savait depuis longtemps que, visage aimable ou pas, les gens ne l’aidaient que pour leur plaisir ou leur bien-être. Il ramena ses pieds et ses jambes nus sous les derniers haillons de sa tunique et les enserra de ses bras pour leur procurer un peu de chaleur. Il

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