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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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entendit un bruit sourd sur le banc à côté de lui et tourna la tête. Un petit chat tigré aux grands yeux dorés le regardait avec solennité. Puis le chat se frotta contre sa jambe avant de poser sa tête et ses pattes chaudes sur les pieds glacés de Yusuf.
     
    L’aveugle s’en revint, accompagné d’un serviteur qui tenait un plateau chargé de pain tendre, de trois sortes de fromage, de dattes et de raisins secs ainsi que d’autres petits fruits. Derrière lui, Naomi tenait un pot fumant plein d’une tisane aux odeurs de menthe. Isaac avait au bras un vêtement de couleur brune.
    — Yusuf ?
    — Je suis ici, seigneur, dit le garçon, qui se déplia et se leva.
    Il perçut le regard avide du serviteur et se mit à trembler.
    — Je crois que nous ne risquons pas d’autre attaque venue du ciel, ou plutôt du faîte de la colline, dit Isaac. Si nous nous asseyions sous la charmille pour manger ? J’ai été debout presque toute la nuit et j’ai un appétit d’ogre.
    Il secoua l’étoffe posée sur son bras et révéla un ample manteau.
    — Cela te sera-t-il utile ? J’ai eu l’impression que ton habit était trop petit, pour ne pas dire plus.
    Il le lui tendit.
    — Passe-le. L’aube est fraîche. Et mange.
     
    Don Tomas de Bellmunt, secrétaire à vingt-trois ans de Sa Majesté, Eleanor de Sicile, reine d’Aragon et comtesse de Barcelone, chevaucha jusqu’à un gros chêne dressé au milieu des prairies qui s’étendent au sud de Gérone, puis mit pied à terre, l’air soucieux. Il se sentait très irritable. Il avait chevauché l’estomac vide pendant plus de deux lieues et demie ce matin-là, prêt à tout instant à affronter la mort ou le malheur, et qu’avait-il trouvé ? Rien. Il n’y avait personne au rendez-vous fixé devant la porte sud de la ville. Il contempla le ciel. Des lueurs apparaissaient à l’orient, et les premiers rayons du soleil levant caressaient les collines, derrière la ville. Gérone semblait encore endormie.
    Derrière lui un bruit de sabots le fit sursauter, et il se retourna, la main sur son épée à demi tirée. Son serviteur glissa rapidement à bas de sa selle.
    — Señor. Mes excuses. J’ai été retardé.
    — Où est Doña Sanxia ?
    — C’est la raison de mon retard. Elle n’était pas à notre rendez-vous et je n’ai pu la trouver nulle part. Puis j’ai pensé qu’elle pouvait être venue rejoindre directement Votre Seigneurie.
    — Où devais-tu la retrouver ?
    — Devant les murailles de la ville. Dans une masure abandonnée.
    Il tendit vaguement la main en direction du nord-est.
    — Je l’ai attendue là depuis les premières lueurs. Elle a peut-être rencontré des difficultés – il y a eu des émeutes en ville la nuit dernière. Dois-je y retourner, Señor, et la chercher ?
    — Mais non, imbécile ! lui lança Tomas. Elle n’est pas censée se trouver près de Gérone ce matin.
    Romeu s’inclina et garda le silence.
    — Pendant plus d’une heure après le lever du soleil, nous attendrons, ferons reposer nos chevaux et essaierons de ne pas attirer l’attention. Puis nous rentrerons à Barcelone.
    — Sans elle ? fit Romeu, choqué.
    — Sans elle, dit Bellmunt, mâchoires crispées.
    — Sa Majesté la reine se demandera certainement…
    Bellmunt observa les forêts qui s’étendaient au-delà de la ville, comme s’il espérait que la solution de son dilemme allait surgir des bois sombres. La reine se demanderait pourquoi il avait laissé Doña Sanxia à Gérone et était revenu sans même tenter de la retrouver. Ou serait-elle encore plus furieuse s’il venait à compromettre le secret de leur entreprise en essayant de trouver la disparue ? Il se tourna pour regarder le soleil levant. Romeu avait probablement raison. Comme toujours.
    — Va en ville si cela te chante, dit Bellmunt, et cherche bien, mais pour l’amour de Dieu, sois discret. Et prompt. Je resterai ici avec les chevaux.
     
    La lumière du soleil qui lui tombait droit dans les yeux obligea le gros Johan à reprendre vaguement conscience. Une fois conscient, il eut une sensation, et cette sensation fut celle d’une grande détresse. La tête de Johan palpitait comme si elle était sur le point d’exploser, et sa bouche était aussi sèche que les déserts de l’Arabie.
    Des fragments de souvenirs échappèrent à la confusion générale. La nuit dernière, quand il était sorti, sa bourse était lourde de pièces. La nuit

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