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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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qu’il soit couronné roi d’Aragon et ait engendré des fils.
    — Un jour ou deux de repos et il sera sur pied, dit Isaac. Sa constitution devient meilleure, je pense, et là où il se trouve, l’air est doux et bon. Sa Majesté la reine peut dormir en paix.
    L’évêque s’arrêta.
    — Je crains, en jouissant égoïstement de votre conversation, de vous avoir écarté de votre chemin. Nous sommes pratiquement au palais. Je vous laisserai donc ici, mon ami.
    Un murmure distant de voix humaines avait éveillé leurs sens alors qu’ils franchissaient les marches menant à la cathédrale et au palais. Puis cela éclata brusquement en un tumulte de cris et de jurons. Derrière eux, de l’autre côté de la place, Isaac entendit le bruit sec d’une pierre qui heurte le pavé, ou peut-être un mur, suivi du coup sourd d’un poing d’homme ou d’un bâton qui s’abat sur de la chair humaine. Il fit la grimace.
    — C’est plus qu’une querelle d’ivrognes, Votre Excellence. Ce sont des émeutiers.
    — Effectivement, dit l’évêque sur le ton de la colère. La nuit de la Sant Johan, les rues attirent les fous avinés. Et certains de ces fous, si je ne m’abuse, vivent bien trop près du palais. Ces douces voix que j’entends sont celles de mes étudiants, me semble-t-il.
    Il regarda derrière lui.
    — Holà, officier ! appela-t-il.
    Le plus proche membre de l’escorte de l’évêque éperonna son cheval.
    — Votre Excellence !
    L’évêque posa la main sur le garrot du cheval.
    — Restez sur votre monture, mon ami. Allez chercher le capitaine de la garde et dites-lui de faire en sorte que la racaille soit tenue à l’écart du palais. Puis demandez au chanoine responsable ce qui se passe dans les dortoirs des séminaristes.
    Il regarda autour de lui.
    — Maître Isaac, je n’aime pas trop cette situation, mais les étudiants auront bientôt quitté les lieux et regagné leurs lits. Si vous traversez la place et allez tout droit, vous éviterez les rues où la populace semble s’être donné rendez-vous. Je vais vous faire escorter.
    — Où en est la nuit ? demanda Isaac.
    — Les premières lueurs de l’aube affleurent les toits.
    — Le vent frais et la lumière du jour vont leur faire retrouver leurs sens, dit Isaac. Ne vous dérangez pas pour moi, je vous en prie. Je connais bien la ville et, dans le noir, j’y vois autant que quiconque pourrait m’accompagner.
    — Vous avez sans aucun doute raison, maître Isaac. Le soleil levant les renverra chez eux dans une heure ou deux, mais j’aurais le cœur plus léger si je vous adressais un ou deux hommes.
    — Votre Excellence, il est temps que nous nous couchions, et je crains de devoir visiter un autre patient avant de trouver le sommeil, dit Isaac. Que vos hommes aillent aussi se coucher, ils l’ont bien mérité. Le Seigneur et mes autres sens guideront mes pas. Je me sentirai en sécurité dans les ruelles étroites.
     
    Isaac traversa la place d’un pas confiant et se dirigea vers les escaliers menant au Call, son bâton devant lui, ses pieds sur les pavés lui indiquant exactement où il se trouvait. Il s’arrêta au milieu de la place. Le bruit se faisait plus fort. Ses oreilles, plus fines que celles de l’évêque, avaient localisé les deux sources de bruit – les séminaristes ivres devant la cathédrale et les citadins rassemblés près de la rivière – bien avant que son ami eût remarqué quoi que ce soit. Il percevait à présent des pas dans les escaliers de pierre conduisant à la cathédrale. Il entendit des portes et des volets s’ouvrir, d’autres bruits de pas, des appels furieux au silence auxquels répondaient des jurons bruyants. La situation avait radicalement changé en quelques minutes. S’il continuait de suivre le même chemin, ce serait pour se retrouver en face d’une horde d’ivrognes aux intentions plutôt douteuses. Il changea donc de direction et prit en diagonale vers le coin le plus calme de la place. Il venait à peine d’emprunter cette nouvelle ruelle qu’une pierre s’abattit tout près de lui, rebondit et vint le frapper durement au bras. Machinalement, il s’écarta de son chemin. Une deuxième pierre le frappa à l’autre bras.
    — C’est un juif ! cria une voix éméchée, et une troisième pierre siffla à son oreille. Tuez-le !
    Une volée de pierres fusa dans sa direction. Certaines lui tombèrent sur le dos, une autre sur le bras. Un projectile lui

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