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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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frôla la tempe. Quand il leva la main pour se protéger le visage, elle était chaude et poisseuse de sang. Il baissa la tête et pressa le pas.
    Il se retrouva soudain au milieu d’une foule composée d’hommes armés de bâtons. Il leva le sien, mais une main se referma sur sa cape. Il tourna sur lui-même et se dégagea. Quelqu’un – son agresseur ? – tomba à terre. Une voix cria près de lui :
    — Marc, espèce de cochon aviné, enlève tes sales pattes !
    Il entendit le bruit d’une étoffe qu’on déchire quand un couteau se planta dans sa cape et il balança son bâton en tout sens. Celui-ci s’abattit sur quelque chose de mou. Il y eut un cri de douleur.
    — Je l’ai eu ! s’écria une voix triomphante et pâteuse.
    — Mais non, imbécile ! dit une autre. C’était moi. Et tu m’as cassé le bras.
    Une échauffourée éclata tout près.
    — Par ici ! cria une voix.
    Quelqu’un tomba sur le pavé avec un bruit sourd. Une main empoigna le bras d’Isaac. Une fois encore, il tourna sur lui-même et frappa à nouveau. Brusquement des mains s’emparèrent de lui. Pariant que ses agresseurs étaient plus petits que lui, Isaac abattit son bâton, qui rencontra sa cible. Il se débattit et frappa à nouveau. De l’autre côté de la place provenaient des cris et des bruits de sabots. La foule se mit en mouvement, l’entraînant inexorablement avec elle. Isaac tenta de lever son bâton pour se frayer un chemin, mais les corps paniqués qui se pressaient contre lui interdisaient tout mouvement.
    Il tituba, recouvra son équilibre et sentit que les pierres sous ses pieds ne lui étaient plus familières. Autour de lui, la foule se dispersa momentanément. Il tendit la main et toucha un mur qui n’était pas celui qui ceignait la place. Il s’arrêta, pris de doute. La foule se pressait à nouveau contre lui. C’est alors qu’une petite main ferme le saisit par la manche et le tira.
    — Par ici, seigneur, dit une voix tout près de son oreille. Vite, avant qu’ils ne vous mettent en charpie.

CHAPITRE II
     
    La pression insistante de la petite main entraînait Isaac, qui titubait, se heurtait aux gens et aux choses, dévalait des escaliers, palpait des murs étrangers à ses doigts, tournait sans avoir la moindre idée du lieu où il pouvait se trouver, priant pour que la main qui le conduisait fût là pour le sauver et non pas porteuse de quelque mauvaise intention.
    — Restez ici, seigneur, dit la voix, et on le poussa vers une porte.
    Au bout d’un instant, il se rendit compte qu’il était seul, en dehors du propriétaire de cette main.
    — À qui dois-je ma pauvre vie ? demanda-t-il.
    — Mon nom est Yusuf, seigneur.
    — Tu portes un noble nom, Yusuf, mais tu le prononces, me semble-t-il, à la mauresque. Serais-tu un Maure ?
    — De Valence, seigneur.
    — Et que fait un jeune Maure nommé Yusuf au beau milieu d’une émeute, à aider un juif à la veille d’une fête chrétienne ? C’est aussi dangereux pour toi que pour moi d’être ici.
    — Je vais mon chemin, seigneur.
    — D’où à où, Yusuf ? Où se trouve ton maître ?
    — Je suis mon propre maître, seigneur.
    — Et c’est pour cela que tu voyages de nuit, n’est-ce pas ? Il vaut mieux que tu passes le reste de la nuit en sécurité derrière mes portes.
    — Oh non, seigneur, je ne puis faire ça, dit-il d’une voix aiguë où perçait la panique.
    — Ridicule. Puisque tu m’as écarté de mon chemin, il est de ton devoir de le retrouver. C’est pécher que de faire perdre sa route à un aveugle.
    — Je ne savais pas que vous étiez aveugle, seigneur, dit Yusuf d’une voix tremblante. Je jure que je vous remettrai sur la route.
    — Ne t’inquiète pas. Tu me conduiras jusqu’à ma porte et tu seras ensuite libre de t’envoler quand bon te semblera.
    Il tendit la main, sur laquelle la petite paume se referma une fois encore.
    — Vous êtes vraiment aveugle, seigneur ? dit Yusuf dès qu’ils eurent retrouvé une ruelle paisible. Je pensais que vous étiez vous aussi étranger à cette ville, et il m’a semblé cruel que la foule vous traite ainsi.
    Il s’arrêta et lâcha la main d’Isaac.
    — Où allons-nous ?
    Isaac, qui ne lui faisait pas encore entièrement confiance, tâtonna et trouva une épaule nue. Elle était d’une maigreur extrême et toute tremblante de peur.
    — Peux-tu trouver la porte du quartier juif ? De là, c’est moi qui te

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