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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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qui roulèrent à terre. Le rugissement du marchand de noix, les glapissements de la vendeuse de pains et le rire des passants se combinaient en un tohu-bohu infernal. L’enfant recula et regarda autour de lui, l’air désespéré. C’est alors qu’il découvrit un visage familier et se mit à crier :
    — Nunc Isa ! Nunc Isa !
    Isaac se retourna, étonné :
    — Où est cet enfant, Yusuf ? Est-ce que tu le vois ? Va le chercher immédiatement. Cours !
    — Il vient vers nous, seigneur. Vous le connaissez ?
    — Il n’y a qu’un seul enfant qui m’appelle ainsi, dit doucement Isaac. Amène-le-moi sur-le-champ, Yusuf.
    Isaac entendit des bruissements et quelques exclamations. Puis une paire de petites mains s’agrippèrent à sa tunique. Il se pencha, prit dans ses bras le malheureux prince héritier d’Aragon et le consola contre son épaule.
    — Vous le connaissez ? demanda la femme. Il a volé deux de mes pains – il en a mangé un et touché l’autre avec ses sales pattes au point que plus personne n’en voudra.
    — Le petit Samuel ? dit Isaac en désignant l’enfant accroché à son cou. C’est le gamin de ma nièce. Elle t’en sera reconnaissante. Yusuf, paie-lui ses deux pains et achètes-en un autre, un gros, pour Samuel.
    Un homme de forte carrure, à l’air prospère et vêtu pour le voyage, était appuyé à l’étal de la fleuriste et observait le petit drame qui se jouait au marché. Il tenait à la main un œillet carmin arraché à un bouquet de fleurs venues tout droit de la campagne. Brusquement, il le jeta à terre, lança une pièce à la fleuriste et s’éloigna.
    — Comment êtes-vous donc arrivé au marché, mon petit ami ? murmura Isaac.
    Le prince, réconforté par la vue d’un visage familier et la possession d’un pain, marchait entre ses deux sauveteurs.
    — En charrette, dit-il, occupé à mettre le plus de pain possible dans sa bouche. J’étais assis sur un gros sac. Et un cheval gris.
    — Où se trouve votre nourrice ? s’enquit Isaac. Maria, c’est bien cela ?
    — Il y a un homme qui me cherchait, dit-il d’une voix hésitante.
    À nouveau, il mordit le pain à belles dents.
    — Je suis parti en charrette, ajouta-t-il sur un ton plus enjoué.
    — Cet homme, il vous a retrouvé ?
    Il secoua la tête avec véhémence, et des larmes apparurent dans ses yeux.
    — Il fait signe que non, seigneur, dit Yusuf.
    — J’ai perdu mon cheval, dit le prince dont la lèvre tremblait.
    Puis le souvenir d’un autre malheur lui revint à l’esprit.
    — Il m’a battu et m’a dit des choses méchantes.
    — Qui est-ce qui a fait ça ? demanda Yusuf.
    L’infant Johan regarda le garçon et secoua à nouveau la tête.
    — Il ne veut rien dire, seigneur.
    — Peut-être qu’il ne le sait pas. Pourquoi cet homme vous a-t-il frappé, Johan ?
    — Je ne dis jamais mon nom. Maria affirme qu’il ne faut pas.
    Sa main se crispa sur celle d’Isaac.
    — Maria a été blessée, continua l’infant. Elle ne voulait pas répondre. Elle m’a dit : « Cachez-vous, Johan », et je me suis caché. J’ai perdu mon cheval.
    Et il éclata en sanglots.
     
    Rebecca, la fille d’Isaac, contemplait avec étonnement le trio qui attendait devant sa porte.
    — Mais dans quel ruisseau l’avez-vous trouvé, père ? La misérable créature…
    — Pouvons-nous entrer ?
    Il y eut un instant d’hésitation, puis Rebecca s’effaça pour les laisser passer. Isaac s’assura que la porte était bien fermée, réfléchit à ce qu’il allait dire et secoua la tête.
    — Je sais… je crois que je peux avoir confiance en ma Rebecca. Quant à toi, Yusuf, j’ai également besoin de te faire confiance. Si tu me trahis, les conséquences seront catastrophiques. Pour moi, pour tout le monde.
    — Vous pouvez avoir confiance en moi, dit Yusuf d’une voix troublée.
    — Je ne puis demander davantage, dit Isaac avec gravité.
    Il se pencha vers l’enfant, qui s’accrochait désespérément à sa main.
    — Votre Altesse, puis-je vous présenter ma fille, Rebecca ? Elle prendra soin de vous jusqu’à ce que nous vous ramenions à votre mère. Rebecca, l’infant Johan d’Aragon.
    Rebecca recula, éberluée, puis se pencha pour se mettre à hauteur de l’enfant.
    — Vous êtes le bienvenu, mon ange. Votre Altesse. Pauvre petit, ajouta-t-elle doucement.
    — Il a faim, dit Isaac, il est fatigué et, d’après Yusuf, il est très sale. Je te

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