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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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une lettre où il décrivait l’échec de sa mission à Gérone ainsi que ses doutes et ses craintes à l’égard de Doña Sanxia. Mon cher oncle, termina-t-il, il n’y a personne en ce pays dont me soient plus assurées la sagesse et la discrétion. Je vous implore de considérer ce problème et d’être assez généreux pour m’apporter vos sages conseils. Je crains d’avoir fait acte de traîtrise à mon insu. Comment puis-je réparer ? Votre neveu affectionné, Tomas de Bellmunt.
    Il regarda un long moment sa lettre, changeant un mot çà et là, la saupoudra de sable pour faire sécher l’encre, puis plia avec soin la feuille, fit chauffer un bâton de cire et la scella fermement de sa bague.

CHAPITRE VI
     
    Le ciel était d’un argent terni et la route toujours invisible quand Tomas de Bellmunt entama son misérable voyage. Il n’était pas heureux. Lors de son arrivée à la cour, un an auparavant, sa richesse se composait de trois généreux présents que lui avait faits son oncle : une garde-robe de belle qualité et deux superbes chevaux, le magnifique Arcont et Castanya, la vigoureuse monture alezane de Romeu. Le reste de ses possessions – un maigre fardeau – se trouvait sur le dos de Blaveta, qu’il montait aujourd’hui. Sa démarche était, comme à l’accoutumée, un peu bizarre, et ses oreilles frissonnaient de déplaisir car elle n’avait pas l’habitude de porter un tel poids. Le trajet allait être long, pénible et très lent.
    Une lettre d’instructions de son oncle, rédigée par Montbui, lui était parvenue la veille alors qu’il se préparait à se coucher. Il avait lu attentivement la missive, noté son assentiment dans un coin et, comme on le lui avait demandé, rendu la lettre au messager qui attendait dans le couloir. Son contenu n’avait en rien apaisé son esprit. Étrangement, elle ne faisait aucune référence, pas même dans un post-scriptum rédigé à la hâte, à la propre lettre de Tomas. Mais peut-être son oncle souhaitait-il tenir Montbui à l’écart de cette affaire d’enlèvement et répondrait-il plus tard. C’était évident. Tomas avait arpenté la pièce dans l’attente d’un mot de son oncle avant de se jeter sur son lit, sans cesser d’attendre pour autant. Il avait eu un sommeil agité et s’était éveillé bien avant l’aurore. Quand un serviteur endormi était venu le réveiller, porteur d’un mot du secrétaire de son oncle, il avait déjà déjeuné et s’apprêtait à partir. La note était brève, sèche, et elle ne l’aidait en rien. Le comte vous souhaite un bon voyage ainsi que la réussite de votre mission.
    Furieux, Tomas de Bellmunt avait saisi son petit paquetage et était parti, fatigué, confus, doutant plus que jamais de ce qu’il devait faire.
    La ville était loin derrière lui quand l’aurore illumina l’horizon ; les oiseaux se réveillaient – un piaillement par-ci, un trille par-là ; quelque part une vache se plaignit et un chien aboya. Un cavalier solitaire, échevelé et pâle de fatigue, apparut soudain et son cheval écumant croisa celui de Tomas dans sa hâte de rejoindre Barcelone. Il disparut, et la route fut à nouveau sombre et vide. Tomas éperonna sa monture : elle coucha les oreilles, s’ébroua et adopta un petit trot saccadé. Oui, ce voyage allait être bien long.
     
    Vingt-quatre heures plus tôt, Jaume, le valet d’écurie, s’était brusquement réveillé d’un profond sommeil avec la conviction d’avoir entendu quelque chose d’étrange. Il quitta son lit, se vêtit et courut voir Maria et l’infant. Il ne trouva que deux lits vides. Il se rendit dans l’écurie. Toujours pas de Maria, mais quelqu’un avait prévu une fuite précipitée. Sellé, le poney gris attendait dans la cour. Jaume lui ôta sa selle et l’envoya paître avec une claque sur l’arrière-train. Le poney était rapide et prudent. Le retenir ralentirait l’évasion.
    Une fouille rapide du château ne lui fit rencontrer qu’une souillon qui préparait le feu dans la cuisine. Avant le lever du jour, Jaume enfourcha sa propre monture et ratissa le minuscule village ainsi que les champs voisins.
    Il n’y avait aucune trace de l’enfant ou de sa nourrice. Il mit pied à terre à l’endroit où la route se séparait pour partir vers la colline ou vers la ville. Dans la poussière sèche, Jaume repéra la trace de plusieurs chariots, quelques ânes et au moins un cheval lancé au galop. Ici et là, sur

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