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Le glaive de l'archange

Le glaive de l'archange

Titel: Le glaive de l'archange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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choses, c’est vrai. On dit que cette malheureuse était une religieuse. Et qu’elle s’est tranché la gorge. Mais on peut se demander comment elle s’est relevée et s’est jetée dans l’eau après ça. Ce n’est pas facile. Et puis, maître Isaac, j’ai entendu dire qu’elle n’a pas été la seule à avoir la gorge tranchée ce jour-là.
    — Oh ?
    — Une autre femme, à l’extérieur des murailles, on l’a retrouvée près de la route qui mène aux collines. Enfin, c’est ce qu’on dit. Il y a un boucher en liberté, vous verrez. Et aucune femme n’est à l’abri.
    — Et qui dit ça ?
    — Je n’en sais rien au juste. Des paysans.
     
    Yusuf dansait d’un pied sur l’autre et tentait, par la seule force de sa volonté, d’éloigner maître Isaac de la marchande de confiseries. Caterina lui avait donné plus d’un coup de bâton sur les doigts dans le passé, quand elle jugeait qu’il se tenait trop près de son éventaire tentateur. Il lui suffisait de la voir pour que le souvenir de sa faim et de son état misérable se réveille.
    — On le savait déjà, dit-il avec un air de supériorité alors qu’ils se dirigeaient enfin vers l’étal de la fleuriste.
    — Peut-être, dit Isaac. Mais je crois que nous avons tout de même appris quelque chose. Choisis-moi de la lavande fraîche, mon garçon.
    Yusuf écarta plusieurs bouquets de lavande avant d’en choisir un.
    — Qu’avons-nous appris, seigneur ?
    Isaac tendit sa bourse à Yusuf. Le garçon lança un regard rusé à la marchande et tira une petite pièce.
    — Il te confie plus d’or que je le ferais, moi, dit la fleuriste.
    — C’est vrai, la mère, mais ce n’est pas un sot, lui.
    Isaac ignora cet échange de propos.
    — Nous avons découvert que même Caterina en sait moins que nous. Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Cela veut dire… hésita Yusuf. Je ne sais pas, seigneur. Que l’assassin ne s’est pas vanté de ses méfaits ?
    — Exactement.
    — Pourquoi l’aurait-il fait ? Il a dû prendre soin de ne pas laisser de traces. Il devait y avoir beaucoup de sang.
    — Plus que tu ne pourrais l’imaginer, mon garçon.
    Yusuf se figea. Il lui était venu à l’esprit l’image d’une femme couverte de sang : elle ne flottait pas dans un bain, mais gisait sur un sol dont la mosaïque colorée était teinte d’un sang encore plus vif. Puis il vit un bras et une main, tous deux écarlates, manier une dague sanglante. Il frissonna et s’obligea à prêter attention aux réflexions du médecin.
    — Oui, il a dû être très prudent, poursuivit Isaac, et il doit avoir les moyens de changer d’habits et de dissimuler ceux qui étaient souillés de sang.
    Yusuf s’efforça de s’intéresser au marché et au problème.
    — Il doit posséder des vêtements de rechange, ainsi qu’une pièce pour les ranger, dit-il. Cela veut dire que ce n’est pas un pauvre ou qu’il a des amis pour l’aider.
    — C’est cela.
    Isaac se détourna de son compagnon afin de discuter avec la fleuriste le prix de ses plantes médicinales.
    Yusuf perçut plus qu’il n’entendit un bruissement à ses pieds. Il baissa les yeux et vit un enfant de deux ou trois ans, extrêmement sale – même pour un endroit comme le marché – et d’aspect frêle, qui sortait de dessous l’étal de la fleuriste. L’enfant s’arrêta et s’assit sur le sol, ajoutant encore un peu de boue à ses jambes et à ses vêtements. Il se frotta les yeux, étalant la crasse sur son visage taché de larmes, puis regarda alentour. Juste en face de lui se trouvaient posés plusieurs paniers emplis de petits pains de toutes sortes. L’enfant se releva et, avec la détermination d’un cheval qui a trouvé un point d’eau, se dirigea droit sur le premier panier et prit un pain.
    Et l’enfer se déchaîna.
    Une voix criarde s’éleva au-dessus du brouhaha des conversations :
    — Sale petit voleur ! Fiche le camp d’ici !
    La marchande de pains agitait frénétiquement les bras.
    — Regardez-le ! hurlait-elle. J’en ai assez de cette marmaille qui vient me voler à toute heure ! La prochaine fois que je te vois je t’arrache les oreilles !
    Elle se jeta sur le malheureux enfant, lui reprit le pain et lui tira les oreilles.
    Il réagit en poussant un bruyant gémissement suivi de sanglots à fendre le cœur. Puis il se mit à courir de toute la force de ses petites jambes et renversa malencontreusement un panier de noix

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