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Le Glaive Et Les Amours

Le Glaive Et Les Amours

Titel: Le Glaive Et Les Amours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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d’esprit et de bon sens, mais point quand il s’agit des dames. Vous
les aimez tant que leurs manigances vous échappent.
    Là-dessus, Catherine égrena d’une voix dangereusement douce
un long chapelet d ’indices qu’elle avait recueillis contre Margot.
Aucun, pris séparément, n’était convaincant, mais, s’il faut parler à la
franche marguerite, l’ensemble l’était.
    — À supposer, dis-je, que la caillette soit portée par
l’amour de mon père défunt à le reporter sur moi qui lui ressemble tant,
imaginez-vous, Madame, que sous votre toit j’irais céder et vous faire cette
écorne ? Quelle bête brute ferais-je ! Sans compter que je me
sentirais fort sacrilégieux à l’égard de mon père, si je touchais à un seul des
blonds cheveux de la créature.
    — Ces « blonds cheveux » sont de trop, Monsieur.
Ils vous trahissent. Vous ne les auriez pas mentionnés si vous ne les aimiez
pas.
    — Du diantre, Madame, vous voyez des trahisons
partout ! Le moindre mot que je prononce est déjà un aveu.
    — Babillebahou, Monsieur ! Ne faites point
l’innocent. Vous êtes si follement amoureux du gentil sesso qu’à peine
avez-vous encontré une caillette accorte que déjà vous brûlez d’envie de la
caresser. Et ne pouvant lui pouitrer les tétins à la première encontre, vous
recourez alors aux caresses verbales dont vous usez à l’infini. Pour en revenir
à Margot, vais-je accepter que l’étoupe soit si proche du silex ?
Nenni ! Nenni ! Je ne serais pas si inconsidérée ! Margot est
jeune, accorte et sémillante et à se frotter à vous tous les jours que Dieu fait,
je crains fort que de ce frottement ne jaillisse un jour une mauvaise
étincelle. Pour le repos de mon esprit et du vôtre, je requiers donc de vous,
Monsieur, avec la dernière insistance, que vous donniez, sans tant languir, son
congé à Margot.
    — Son congé ! dis-je. Mais elle n’a commis aucune
faute ! Et allons-nous jeter à la rue la protégée de mon père ! Ce
serait déshonorant.
    — Il ne s’agit pas de la rue. Ayant ouï que Madame la
princesse de Guéméné cherchait une chambrière, je me suis assurée qu’elle
accepterait de prendre Margot sur votre seule recommandation.
    — Madame, dis-je au bout d’un moment, j’y vais songer
et vous ferai part sous peu de ma décision.
    Je pris alors congé de Catherine, mais assez
froidureusement, sans brassée ni baiser, l’ayant trouvée un peu trop haute à la
main en cette disputation.
     
    *
    * *
     
    Le cardinal, et le roi plus encore, honnissaient chez les
serviteurs le moindre retard, et je parvins donc à neuf heures sonnantes au
Louvre, mais ne trouvai dans l’antichambre de Sa Majesté que le surintendant des
finances, Claude Bouthillier, avec qui j’avais noué depuis belle heurette des
liens amicaux.
    Après la brassée d’usage que je ne détestais que lorsqu’elle
était suivie de tapes douloureuses sur les omoplates, je demandai à Bouthillier
ce qu’il faisait là, et il me retourna la question.
    — Je suis céans, comme chaque matin à neuf heures.
J’attends d’apprendre de la bouche du roi ou du cardinal la mission qu’il me va
confier.
    — Alors, attendez-vous au pire, dit Bouthillier avec un
sourire. Le roi part avec son armée donner aux Lorrains une bonne leçon pour
l’avoir trahi au moment où Soissons, Bouillon et Guise avaient pris les armes
contre lui. Vous vous ramentez sans doute que Charles IV de Lorraine lui
avait promis par traité aide et assistance, et sur le terrain, bien sûr, il a
trahi sa promesse. Ce qui mit les troupes royales en infériorité, lesquelles
furent battues à La Marfée par le comte de Soissons, qui du reste n’en pissa
pas plus roide, car une heure plus tard une balle de pistolet lui crevait l’œil
et lui traversait les mérangeoises [19] . Tant
est que sa mort détruisit sa victoire, et ses alliés, Guise et Bouillon, se
mettant aussitôt à la fuite.
    — Si je vous entends bien, dis-je, le roi va meshui
châtier Charles IV de Lorraine pour avoir de nouveau trahi son traité, et
nous voilà derechef en guerre.
    — À laquelle, dit le surintendant, j’apporte le nerf et
vous, votre connaissance de l’allemand, laquelle sera très utile au roi en ce
pays.
    — Me voici donc le truchement de Sa Majesté.
    — Avec cette précision, rex dixit, que vous
partiez dans deux jours du Louvre sur six heures du matin, avec le roi et le
cardinal.
    — Vais-je voir meshui

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