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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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d’argile – subissaient les
assauts conflictuels du flux tumultueux du fleuve et du violent reflux des
marées. Il en résultait une mosaïque bigarrée de massifs de roseaux, de plaines
alluviales, de steppes, et de forêts à différents stades de développement,
sujette à des changements brusques et inattendus. Les voyageurs tombèrent sans
s’y attendre sur un bras mort, coupé du reste du delta par ce qui n’avait été
au début que des îles sédimentaires.
    La plupart des îles s’ancraient grâce à des roseaux des sables
ou des élymes [5] géantes de plus d’un mètre et dont les chevaux raffolaient. Leur forte teneur
en sel attirait d’ailleurs de nombreux herbivores. Le paysage changeait si vite
qu’on trouvait parfois des îles où, sur quelques dunes intérieures, des plantes
des sables survivaient à côté de forêts d’arbres adultes, dont les branches s’ornaient
de lianes pendantes.
    Comme ils longeaient le fleuve, Ayla et Jondalar traversaient
souvent de petits affluents que les chevaux franchissaient dans des gerbes d’éclaboussures,
ou d’étroites rivières qui ne leur posaient pas plus de problème. Il en allait
autrement des lits asséchés que Jondalar prenait soin de contourner. Il avait
une vive conscience du danger que représentaient les boues marécageuses et les
sols mous qui en recouvraient le fond depuis la malheureuse expérience qu’ils
avaient vécue, son frère et lui, dans cette contrée. Mais il ne se doutait pas
que c’était parfois la riche végétation qui recelait le danger.
    La journée était interminable, la chaleur éprouvante. En quête d’un
emplacement pour planter leur tente, Jondalar et Ayla avaient obliqué vers la
rivière et semblaient avoir trouvé ce qu’ils cherchaient. Ils descendirent une
pente douce qui menait vers une vallée encaissée où l’ombre de grands saules
rafraîchissait un pré particulièrement verdoyant. Soudain, à l’autre bout du
pré, un grand lièvre bondit. Ayla fit accélérer Whinney tout en préparant sa
fronde, mais la jument hésita à s’engager dans l’herbe où ses sabots s’enfonçaient.
    La jeune femme se rendit compte presque immédiatement du
changement d’allure de sa monture, et malgré son envie d’un bon dîner, elle se
plia à la décision de sa jument. Elle s’arrêta à l’instant même où Rapide
surgit à son tour. Le sol spongieux inquiéta l’étalon, mais son élan le propulsa
en avant.
    Ses antérieurs s’enfoncèrent dans l’épais limon boueux, et il
faillit désarçonner son cavalier. Jondalar mit prestement pied à terre. L’étalon
hennit et, les postérieurs solidement plantés sur la terre ferme, il parvint à
grand-peine à extirper un de ses sabots antérieurs des sables mouvants qui l’aspiraient.
Il recula pour assurer son équilibre et après de violents efforts, il libéra
son deuxième sabot dans un bruit de succion.
    Le jeune étalon frémissait de peur et Jondalar prit le temps de l’apaiser.
Ensuite, il cassa une branche d’arbuste et tâta le fond du marécage. Les sables
mouvants avalèrent le bout de bois, et Jondalar utilisa la troisième perche,
qui ne servait pas pour le travois, afin de vérifier la profondeur du marais.
Sous le camouflage des roseaux et des laîches, la clairière était en fait un
vaste champ de vase mélangée de limon et d’argile. Le réflexe des chevaux leur
avait évité une catastrophe, et ils surent en tirer les leçons : ils n’abordèrent
plus la Grande Rivière Mère qu’avec une infinie prudence afin de déjouer les
pièges tendus par sa nature capricieuse.
    Le delta était le royaume des oiseaux, hérons, aigrettes,
canards, et aussi pélicans, cygnes, oies, grues, quelques cigognes noires et
ibis falcinelles aux couleurs splendides. L’époque de la nidification variait
selon les espèces, mais toutes se reproduisaient pendant la saison chaude. Les
voyageurs ramassaient des œufs, et se composaient ainsi des repas rapides – même
Loup découvrit comment casser les coquilles. Ils finirent par développer une
prédilection pour les variétés d’œufs avec un arrière-goût de poisson.
    Les surprises se firent plus rares à mesure qu’ils s’habituaient
aux oiseaux du delta, mais un soir qu’ils chevauchaient le long d’un bois de
saules argentés, ils tombèrent sur une scène étrange qui leur coupa le souffle.
Les arbres débouchaient sur un vaste étang, presque aussi grand qu’un lac,

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