Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
désintégrait lentement. Elle se brisa,
dévoilant des milliers de vers blancs grouillants, surpris par la soudaine
lumière du jour. Les deux cavaliers ne tardèrent pas à descendre de leur
monture pour trouver plus facilement leur chemin à travers le sous-bois jonché
de restes en putréfaction et d’où jaillissait à nouveau la vie.
    Des rejets surgissaient des souches pourries et perçaient la
couche de mousse. Là où un arbre foudroyé s’était abattu, encroué à ceux qu’il
avait entraînés dans sa chute, de jeunes pousses se disputaient déjà une place
au soleil. Des mouches bourdonnaient autour des pointes fleuries de rose d’une
gaulthérie [9] éclairé par un rayon de soleil qui avait réussi à trouer la voûte feuillue. Il
régnait un silence inquiétant où le moindre son était amplifié. Ayla et
Jondalar murmuraient sans raison.
    Les champignons foisonnaient de tous côtés sur des racines
putréfiées. Partout croissaient des herbacées dépourvues de feuilles, comme l’orobanche,
la lavande, la dentaire, ainsi que diverses petites orchidées aux couleurs
éclatantes, elles aussi souvent dépourvues de feuilles. Dès qu’Ayla aperçut des
petites tiges pâles et cireuses, à la tête frémissante, elle se précipita pour
en cueillir.
    — Cela soulagera les yeux de Loup et des chevaux,
expliqua-t-elle avec un sourire triste qui n’échappa pas à Jondalar. C’est la
plante qu’Iza utilisait pour mes yeux, quand je pleurais.
    Elle ramassa aussi quelques champignons qu’elle savait
comestibles. Prudente, Ayla ne prenait aucun risque dans sa cueillette. De
nombreuses variétés étaient succulentes, d’autres avaient peu de goût mais ne
présentaient aucun danger, certaines donnaient de bons remèdes, d’autres
pouvaient rendre assez malade, un petit nombre était utilisé pour voyager dans
le monde des esprits, et quelques-unes étaient mortelles. Mais surtout,
certaines espèces vénéneuses se confondaient facilement avec des espèces
comestibles.
    A cause de ses longues perches écartées, le travois les gênait
dans leur progression. Il s’accrochait aux troncs d’arbres serrés les uns
contre les autres. Lorsqu’Ayla avait inventé cette méthode, simple mais
efficace, pour profiter pleinement de la force de Whinney, elle avait placé les
perches en parallèles rapprochées pour que la jument pût monter le sentier
exigu qui menait à leur grotte. Mais pour y installer le bateau, ils avaient dû
écarter les perches, et Whinney avait peine à tirer le travois en contournant
les obstacles. Le traîneau était très efficace en terrain accidenté, il ne se
bloquait pas dans les trous ou les fossés, mais il lui fallait de l’espace.
    Ils bataillèrent pendant tout l’après-midi, et finalement
Jondalar détacha le bateau et le tira lui-même. Ils envisageaient sérieusement
de s’en séparer. Le bateau leur avait été on ne peut plus utile pour traverser
nombre de rivières et d’affluents qui se jetaient dans la Grande Mère, mais ils
se demandaient s’il valait la peine de s’encombrer d’un tel fardeau dans une
forêt aussi dense. A supposer qu’il restât d’autres rivières à franchir,
avaient-ils vraiment besoin d’un bateau qui retardait leur progression ?
    La nuit les surprit dans la forêt. Ayla et Jondalar s’y
sentaient mal à l’aise et plus exposés au danger que dans les vastes steppes
où, à ciel ouvert, ils voyaient même dans l’obscurité : étoiles ou nuages,
silhouettes mouvantes. Ici, les énormes troncs des arbres gigantesques
pouvaient cacher n’importe quoi, y compris des créatures de grande taille. C’était
le noir absolu. Le profond silence qui les avait tant inquiétés quand ils
avaient pénétré dans l’univers sylvestre, devenait, avec la nuit, vraiment
terrifiant, même s’ils s’efforçaient de ne rien montrer de leur angoisse.
    Les chevaux, nerveux eux aussi, se rapprochèrent du feu. Même
Loup resta au camp, ce qui ravit Ayla qui lui donna leurs restes à manger. Pour
une fois, Jondalar était content de sa présence. Un grand loup amical à ses
côtés le rassurait. Le jeune animal pouvait renifler ou percevoir un danger qui
échappait aux humains.
    La nuit était froide dans les bois, où régnait une humidité si
dense qu’elle s’abattait sur eux comme de la pluie. De bonne heure, ils se
glissèrent dans leur fourrure, et bien que fatigués, ils discutèrent longtemps,
trop inquiets pour

Weitere Kostenlose Bücher