Le grand voyage
d’invocations à la
Mère fusèrent de toutes parts.
— Remercions aussi notre parent, Jondalar, reprit Tholie.
La première fois qu’il est venu parmi nous, les améliorations qu’il a apportées
à nos outils nous ont été d’un grand secours. Cette fois-ci, il nous a fait
découvrir son propulseur qui a permis ce festin.
Là encore, des murmures d’approbation s’élevèrent.
— La première fois qu’il a vécu parmi nous, il a chassé le
chamois et l’esturgeon, mais il n’a jamais précisé s’il préférait l’eau ou la
terre. Moi, je crois qu’il ferait un fier homme du Fleuve...
— Je suis d’accord, Tholie. Jondalar est un Ramudoï !
s’écria un homme.
— Un demi-Ramudoï, au moins ! ajouta Barono au milieu
des rires.
— Non, il a appris le monde de l’eau, mais c’est la terre
qu’il connaît, protesta une femme.
— C’est vrai ! Demandez-lui ! Il lançait des
sagaies avant de toucher un harpon. C’est un Shamudoï ! intervint un plus
vieux.
— Il accepte même que les femmes chassent !
Ayla lança un coup d’œil à celle qui venait de parler. C’était
une nommée Rakario, une jeune fille un peu plus âgée que Darvalo. Elle suivait
Jondalar partout, ce qui avait le don d’agacer celui-ci. Il se plaignait de l’avoir
toujours dans les jambes.
Le visage fendu d’un large sourire, Jondalar assistait à la
discussion animée dont il était l’objet. Ce vacarme illustrait bien la
compétition amicale à laquelle se livraient les deux moitiés du groupe,
rivalité qui pimentait la vie de la famille sans jamais dépasser des limites
bien comprises. Plaisanteries, fanfaronnades, et même insultes jusqu’à un
certain degré, étaient tolérées. En revanche, tout ce qui risquait d’humilier
gravement, ou de mettre en danger la communauté, était vite réprimé. Les deux
camps joignaient alors leurs forces pour calmer les excités ou consoler les
offensés.
— Comme je le disais, reprit Tholie quand chacun se fut
apaisé, je pense que Jondalar ferait un bon Ramudoï. Mais Ayla est plus à l’aise
sur terre, et je suis prête à encourager Jondalar à choisir les chasseurs de
chamois. A condition que lui-même et les Shamudoï y consentent, bien entendu.
Si Jondalar et Ayla veulent rester parmi nous et devenir des Sharamudoï, nous
leur proposons de s’unir avec nous. Mais comme Markeno et moi sommes ramudoï,
il faudra qu’ils deviennent shamudoï.
Les cris et les exclamations reprirent de plus belle. On lançait
des encouragements aux deux couples, et même des félicitations.
— C’est une excellente idée, Tholie, approuva Carolio.
— C’est Roshario qui y a pensé la première, dit Tholie.
— Oui, mais Dolando est-il d’accord ? demanda Carolio
en regardant le chef des Shamudoï dans les yeux. Accepterait-il Ayla, une femme
que ceux de la péninsule ont élevée ?
Un silence pesant s’abattit sur l’assemblée. Les implications de
la question n’avaient échappé à personne. Après sa violente diatribe contre
Ayla, Dolando allait-il l’admettre parmi les siens ? Ayla avait espéré que
son accès de rage serait oublié et elle ne comprenait pas pourquoi Carolio
prenait le risque de rouvrir cette blessure. Mais Carolio ne faisait que son
devoir.
Autrefois, Carlono et sa compagne avaient été unis à Dolando et
Roshario. Ensemble, ils avaient fondé ce groupe si atypique de Sharamudoï,
après avoir quitté avec quelques autres un camp familial surpeuplé. Selon l’usage,
la position d’Homme Qui Ordonne était conférée par un consensus informel, et procédait
d’un choix naturel. En pratique, la compagne du chef recevait les
responsabilités de la Femme Qui Ordonne, mais la compagne de Carlono était
morte quand Markeno n’était encore qu’un enfant, et le chef des Ramudoï ne s’était
jamais uni par la suite. Sa sœur jumelle, Carolio, qui s’était chargée de l’enfant,
avait peu à peu occupé les fonctions de compagne d’un Homme Qui Ordonne. Avec
le temps, cette responsabilité était devenue acquise. C’est pourquoi son devoir
exigeait qu’elle posât cette question.
Tout le monde savait que Dolando avait autorisé Ayla à prodiguer
ses soins à Roshario, car celle-ci en avait vraiment besoin. Peut-être Dolando
refrénait-il ses sentiments pour le bien de sa compagne. Cela ne signifiait pas
qu’il supporterait la présence permanente d’Ayla. Or, Dolando était un
Shamudoï. Aussi indispensable
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