Le grand voyage
même. L’écorce
n’était pas encore tout à fait sèche, mais le moulage, léger et résistant,
était déjà assez rigide pour que Roshario pût bénéficier d’une plus grande
liberté de mouvements. Mais Ayla ne voulait pas que Roshario se servît déjà de
sa main.
Elles étaient assises au soleil avec Tholie, entourée d’une pile
de peaux de chamois. Ayla avait sorti sa trousse de couture et leur montrait le
tire-fil qu’elle avait inventé avec l’aide des femmes du Camp du Lion.
— Il faut d’abord percer des trous avec un poinçon dans les
deux pièces de cuir que tu veux assembler, expliqua Ayla.
— Oui, c’est ce qu’on fait toujours, assura Tholie.
— Mais ensuite, tu te sers de ça pour passer le fil à travers
les trous. Tu vois, il y a un petit trou à la base de l’aiguille. Tu y glisses
le fil, tu passes la pointe dans les trous du cuir, tu tires de l’autre côté et
elle entraîne le fil.
Tout en faisant sa démonstration, elle pensait aux améliorations
qu’elle pourrait apporter à sa découverte. Si le tire-fil était assez pointu,
ne pourrait-il pas aussi percer le trou ? Cela irait plus vite, mais le
cuir était parfois très dur.
— Je peux le voir ? demanda Tholie. Comment passes-tu
le fil dans le trou du tire-fil ?
— Comme ça, regarde.
Après lui avoir montré, elle lui tendit le tire-fil, et Tholie
fit quelques essais.
— Comme c’est facile ! s’extasia-t-elle. On pourrait
presque coudre d’une seule main.
Roshario, qui ne perdait pas une miette de l’expérience, n’était
pas loin de penser comme Tholie. Bien qu’elle ne pût utiliser son bras cassé,
avec un tire-fil pareil, en tenant les deux pièces de cuir de sa main invalide,
elle serait peut-être en mesure de coudre avec sa bonne main.
— Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi ingénieux,
déclara-t-elle. Comment l’as-tu inventé, Ayla ?
— Je ne sais pas. Cela m’est venu un jour où j’avais du mal
à coudre. Mais les autres femmes m’ont beaucoup aidée à le mettre au point. Le
plus dur a été de fabriquer une pointe de silex assez petite pour creuser le
trou au bout d’un tire-fil en ivoire. C’est Jondalar qui l’a réalisé avec l’aide
de Wymez.
— Wymez est le tailleur de silex du Camp du Lion, expliqua
Tholie à Roshario. On dit qu’il est très bon.
— Et Jondalar est très adroit, ça je le sais, remarqua
Roshario. Il a apporté tellement d’améliorations aux outils qui nous servent à
fabriquer les bateaux que tout le monde l’admire. Ce sont de petits détails,
mais ils font une énorme différence. Avant de partir, il apprenait le métier à
Darvo. C’est un bon maître, j’espère qu’il va reprendre l’enseignement de
Darvo.
— Jondalar prétend que Wymez lui a beaucoup appris, déclara
Ayla.
— C’est possible. En tout cas, vous me semblez tous les
deux très doués pour améliorer l’outillage, dit Tholie. Ton tire-fil va
simplifier la couture. Même quand on a le coup de main, c’est difficile de
pousser le fil dans les trous avec un poinçon. Et le propulseur de Jondalar est
une merveille. On s’est tous dit qu’on pourrait en faire autant, mais je reste
persuadée que ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air. Il doit falloir
beaucoup d’entraînement.
Jondalar et Ayla avaient fait une démonstration de lancement de
sagaies avec le propulseur. Il fallait beaucoup d’adresse et assez de patience
pour approcher un chamois, et quand les chasseurs shamudoï virent la portée des
jets de sagaie, il furent tous impatients d’essayer les propulseurs sur les
insaisissables antilopes des montagnes. Plusieurs Ramudoï, chasseurs d’esturgeons,
furent tellement enthousiastes qu’ils décidèrent d’adapter le harpon au
propulseur. Dans la discussion qui suivit, Jondalar fit part de son idée de
sagaie en deux parties : une longue hampe empennée de deux ou trois plumes
et un bout muni d’une pointe qu’on emmanchait dessus. Le potentiel de cette
découverte n’échappa à personne, et il y eut différentes tentatives des deux
groupes les jours suivants.
Des éclats de voix leur parvinrent soudain de l’autre côté du
champ. Les trois femmes levèrent la tête et virent qu’on hissait le panier sur
le rebord de la falaise. Quelques jeunes accoururent en criant.
— Ils en ont pris un ! Ils en ont pris un avec le
lance-harpon !
— C’est une femelle ! annonça fièrement Darvalo, qui
faisait
Weitere Kostenlose Bücher