Le grand voyage
les
chamois que quelqu’un avait aperçus descendre des rochers escarpés. La chasse à
la chèvre des montagnes au pied sûr allait bientôt commencer.
Ayla était impatiente de chasser, mais en se couchant ils
avaient longuement parlé à voix basse comme ils le faisaient toujours, et
Jondalar lui avait rappelé que leur départ ne tarderait pas. Puisque les
chamois descendaient des montagnes, cela signifiait que le froid gagnait les
hauts plateaux, annonce du prochain changement de saison. Ils avaient un long
chemin à parcourir et ils devraient bientôt se mettre en route.
Ils ne s’étaient pas vraiment querellés, mais Ayla avait laissé
entendre qu’elle n’avait pas envie de partir. Elle s’était inquiétée du bras de
Roshario, et Jondalar savait qu’elle aimerait chasser le chamois. En réalité,
il était sûr qu’elle préférait rester avec les Sharamudoï, et il se demandait
si elle ne cherchait pas des prétextes pour retarder leur départ en espérant le
faire ensuite changer d’avis. Tholie et Ayla étaient devenues de grandes amies,
et tout le monde appréciait sa compagnie. Il était certes rassuré de voir la
sympathie qu’elle attirait, mais il pressentait que plus ils retarderaient leur
départ, plus la séparation serait difficile.
Il était resté longtemps éveillé à réfléchir. Il avait envisagé
de rester pour lui faire plaisir, mais dans ce cas, ils auraient aussi bien
fait de ne pas quitter les Mamutoï. Il en était arrivé à la conclusion qu’il
leur faudrait partir le plus vite possible, avant un jour ou deux. Il ne savait
comment l’annoncer à Ayla.
Il se leva, enfila ses jambières, et se dirigea vers la sortie.
Il écarta le rabat et fut saisi par le vent froid et sec qui fouetta son torse
nu. Il pensa qu’il lui faudrait des vêtements plus chauds, et se hâta vers l’endroit
où les hommes avaient l’habitude d’uriner au réveil. Au lieu du nuage de
papillons multicolores, dont le curieux attrait pour cet endroit à l’odeur si
forte l’étonnait, il vit voleter une feuille, et remarqua que celles des arbres
changeaient de couleur.
Pourquoi ne s’en était-il pas rendu compte plus tôt ? Les
jours avaient passé si vite, et le temps était si doux qu’il n’avait pas fait
attention au changement de saison. Il se souvint alors qu’ils se trouvaient sur
le versant sud d’une chaîne méridionale. La saison était peut-être plus avancée
qu’il ne le croyait, et au nord régnait déjà sans doute un froid plus intense.
En retournant à la hutte, il était plus déterminé que jamais à partir au plus
vite.
— Ah, tu es réveillé, dit Ayla, qui entra avec Darvalo
pendant que Jondalar, s’habillait. Je venais te chercher avant qu’il ne reste
plus rien à manger.
— Je suis venu mettre des vêtements plus chauds. Le froid
est déjà vif, je vais bientôt laisser pousser ma barbe.
Ayla devina le sous-entendu. Le temps changeait et ils devaient
se mettre en route. Elle ne voulait pas aborder ce sujet.
— Nous devrions peut-être déballer nos vêtements d’hiver
pour vérifier leur état. Les paniers sont-ils toujours chez Dolando ?
Il sait pertinemment qu’ils y sont, se dit Ayla. Pourquoi me le
demande-t-il ? Allons, ne joue pas la naïve, se reprocha-t-elle, tu le
sais très bien. Elle chercha comment dévier la conversation.
— Oui, ils y sont, confirma Darvalo, qui voulait se rendre
utile.
— J’ai besoin d’une tunique plus chaude. Est-ce que tu te
souviens dans quel panier se trouvent mes vêtements d’hiver, Ayla ?
Bien sûr qu’elle s’en souvenait. Et lui aussi.
— Tu n’as plus du tout les mêmes habits que la première
fois que tu es venu, remarqua Darvalo.
— Non. C’est une femme mamutoï qui m’a offert ceux-là. La
première fois que tu m’as vu, j’avais encore mes vêtements Zelandonii.
— J’ai essayé la tunique que tu m’avais donnée. Elle est
encore trop grande pour moi, mais moins qu’avant.
— Tu l’as toujours, Darvo ? J’ai presque oublié à quoi
elle ressemblait.
— Tu veux la voir ?
— Oh, oui. J’aimerais bien.
Ayla ne put s’empêcher de partager sa curiosité. Ils franchirent
les quelques pas qui les séparaient de la hutte en bois de Dolando. Sur une
étagère, au-dessus de son lit, Darvalo saisit un paquet délicatement enveloppé.
Il dénoua la cordelette, défit le souple emballage de cuir, et déplia la
tunique.
Ayla la trouva peu ordinaire. Les
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