Le grand voyage
courtaude terminée par une
touffe de poils sombres, et leurs pattes trapues aux ongles larges, accentuait
les différences de ton.
La laine drue et chaude, étonnamment soyeuse, du pelage d’été
avait commencé à tomber et le poil d’hiver poussait par-dessous, d’une couleur
plus claire et d’une texture duveteuse mais rude, imperméable aux vents, et qui
donnait à la fourrure profondeur et reflets. Les poils du dessus, plus sombres
et de longueurs diverses, pouvant atteindre un mètre, tombaient sur les flancs
comme une robe, et pendaient drus de l’abdomen et du fanon – repli de
la peau sous le cou et le poitrail isolant les mammouths du sol glacé lorsqu’ils
s’y couchaient.
Ayla fut amusée par de jeunes jumeaux dont la superbe fourrure d’un
roux flamboyant était rehaussée de drôles de touffes noires, et qui, réfugiés
derrière les pattes immenses de leur mère, semblaient l’épier. Le pelage ocre
foncé de la vieille femelle était parsemé de poils gris. Ayla remarqua aussi
les oiseaux blancs, éternels compagnons des mammouths, que ceux-ci toléraient
ou ignoraient, selon qu’ils se posaient sur leurs crânes hirsutes, ou qu’ils
évitaient adroitement d’être écrasés par leurs larges pattes, tandis qu’ils se
gobergeaient des insectes dérangés par le passage des géants.
Loup gémissait, pressé d’aller voir de plus près ces animaux
intéressants. Ayla le retint pendant que Jondalar cherchait dans un des paniers
de Whinney la corde avec laquelle on l’attachait. La femelle grisonnante se
retourna et regarda longuement dans leur direction une de ses défenses était
brisée – puis elle reporta son attention sur autre chose.
Seuls les très jeunes mâles accompagnaient les femelles. D’habitude,
ils quittaient le troupeau où ils étaient nés peu après leur puberté, vers
douze ans. Mais en l’occurrence, plusieurs jeunes, et même quelques aînés,
suivaient ce troupeau, attirés par une femelle à la toison d’une jolie couleur
noisette. Elle était en chaleur, et cela expliquait le vacarme qui avait alerté
Ayla et Jondalar. Une femelle en chaleur attire tous les mâles, parfois au-delà
de ses vœux.
La femelle noisette venait juste de rejoindre son troupeau
familial après avoir semé trois jeunes mâles d’une vingtaine d’années qui la
poursuivaient. Les mâles avaient abandonné la partie momentanément. Ils se
tenaient à distance des femelles excitées qui s’étaient regroupées et parmi
lesquelles leur proie avait trouvé refuge. Elle accueillit d’une caresse de là
trompe un petit de deux ans qui se précipitait vers elle. Le petit se glissa
entre ses pattes antérieures et entreprit de téter pendant que sa mère arrachait
des touffes d’herbe. Harcelée depuis le début du jour, elle n’avait pas eu le
temps de nourrir son petit, ni même de manger ou de se désaltérer.
Un mammouth de taille moyenne s’approcha du troupeau, et du bout
de sa trompe, examina les femelles l’une après l’autre, fourrageant sous leur
queue, entre leurs pattes postérieures, reniflant et goûtant, s’assurant de
leur disposition. Les mammouths continuaient de grandir toute leur vie, et la
taille de celui-ci indiquait qu’il était plus âgé que les trois mâles qui
avaient traqué la femelle noisette. Il devait avoir une trentaine d’années. Dès
qu’il s’approcha de la femelle en rut, elle s’éloigna prestement. Aussitôt il
la suivit. Ayla étouffa un cri en voyant son énorme organe sortir de son
fourreau et se gonfler en un long S.
Jondalar entendit la réaction d’Ayla et jeta un coup d’œil vers
elle. Leurs regards se croisèrent, reflétant le même étonnement émerveillé.
Tous deux avaient déjà chassé le mammouth, mais ils n’en avaient pas souvent
observé de si près, et jamais assisté à leur accouplement. Jondalar sentit
monter en lui une onde de chaleur en regardant Ayla. Le visage empourpré, la
bouche entrouverte, l’œil brillant, elle respirait, le souffle court. Fascinés
par le spectacle impressionnant des deux colosses prêts à honorer la Grande
Terre Mère, ainsi qu’Elle l’exige de tous Ses enfants, ils continuèrent d’observer.
Mais la femelle courut hors de portée du gros mammouth en
décrivant un ample arc de cercle, et se réfugia de nouveau au milieu du troupeau,
mais sans succès. Elle fut aussitôt relancée par un autre mâle qui tenta de la
couvrir contre son gré et dont elle réussit à se
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