Le grand voyage
pays.
— C’est un totem très puissant, comme le Lion des Cavernes
ou l’Ours des Cavernes. Creb disait toujours qu’il était difficile de vivre
avec un totem puissant. C’est vrai, mais j’ai tant reçu ! J’ai eu beaucoup
de chance. C’est mon totem qui t’a conduit vers moi. J’espère que le Lion des
Cavernes te portera chance, Jondalar. C’est aussi ton totem à présent.
— Oui, je sais. Tu me l’as déjà dit, fit Jondalar en
souriant.
— Le Lion des Cavernes t’a choisi, et tes cicatrices le
prouvent. Il t’a marqué, comme Willomar a été marqué par le sien.
— Tu as peut-être raison, admit Jondalar après réflexion.
Je n’avais pas vu les choses comme ça.
Loup apparut soudain, de retour d’exploration. Il aboya pour
attirer l’attention d’Ayla, et reprit sa place aux côtés de Whinney, langue
pendante, oreilles dressées. Il semblait alerte et heureux. Il adorait courir
de sa foulée infatigable parmi les herbes, mais il revenait toujours, ce qui
rassurait Ayla. Et elle se sentait heureuse, elle aussi, de chevaucher de
conserve avec l’homme qu’elle aimait.
— A ta façon d’en parler, j’ai l’impression que ton frère
devait ressembler à l’homme de son foyer, avança Ayla, reprenant le fil de la
conversation. Thonolan aimait aussi voyager, n’est-ce pas ? Ressemblait-il
vraiment à Willomar ?
— Oui, mais pas autant que je ressemble à Dalanar. Tout le
monde nous le disait. Thonolan est davantage comme Marthona, précisa Jondalar
en souriant. Mais il n’a jamais été choisi par un aigle, ce qui n’explique donc
pas sa passion des voyages. (Son sourire s’évanouit.) Ses seules cicatrices
provenaient de ce rhinocéros imprévisible... Tiens, j’y pense, Thonolan aussi
était parfois imprévisible. C’était peut-être son totem, après tout. Il ne lui
a pas porté chance, même si les Sharamudoï nous ont secourus et que je ne l’aie
jamais vu aussi heureux qu’après sa rencontre avec Jetamio.
— Non, je ne crois pas non plus que le Rhinocéros Laineux
soit un totem qui porte bonheur, approuva Ayla. Le Lion des Cavernes, si. Quand
il m’a choisie, il m’a laissé la même marque que le Clan utilise pour son
totem, afin que Creb sache qu’il me protégeait. Tes cicatrices ne ressemblent
pas à la marque du Clan, mais elles sont indiscutables. Tu as été marqué par un
Lion des Cavernes, c’est sûr.
— Ah, ça, je peux prouver que j’ai été marqué par ton lion,
Ayla !
— Je suis sûre que le Lion des Cavernes t’a choisi pour que
l’esprit de ton totem soit assez fort pour combattre le mien, et qu’un jour je
puisse porter tes enfants, affirma Ayla.
— Tiens, tu disais pourtant que c’était l’homme qui faisait
naître un bébé dans le ventre d’une femme, et non pas les esprits, s’étonna
Jondalar.
— Oui, c’est un homme, mais les esprits peuvent aider. Et
comme je possède un totem puissant, il en faudra un aussi puissant pour mon
compagnon. Alors, la Mère a certainement décidé le Lion des Cavernes à te
choisir, afin que nous puissions avoir des enfants.
Songeurs, ils chevauchèrent de nouveau en silence. Ayla essayait
d’imaginer un bébé qui ressemblerait à Jondalar. Mais elle voulait que ce fût
une fille. Les garçons ne lui portaient pas chance, et elle pensait garder plus
facilement une fille.
Jondalar aussi pensait aux enfants. S’il s’avérait que l’homme
introduisait un enfant dans le ventre d’une femme avec son membre, il avait eu
maintes occasions d’en faire naître un. Alors pourquoi Ayla n’était-elle pas
enceinte ?
Serenio l’était-elle quand je l’ai quittée ? se
demanda-t-il. Je suis heureux qu’elle ait trouvé un compagnon, mais j’aurais
aimé qu’elle se confie à Roshario avant de partir. Y a-t-il quelque part des
enfants qui viennent de moi ? Jondalar s’efforça de se rappeler toutes les
femmes qu’il avait connues. Il se souvint de Noria, la jeune femme du peuple
Haduma avec qui il avait partagé les Premiers Rites. Noria et la vieille Haduma
elle-même avaient semblé convaincues que son esprit était entré en elle et qu’une
nouvelle vie avait germé. Noria devait donner naissance à un fils aux yeux
bleus qui recevrait le nom de Jondal. Cela s’était-il réalisé ? se
demanda-t-il. Mon esprit s’est-il mêlé à celui de Noria pour faire naître une
nouvelle vie ?
Le peuple d’Haduma ne vivait pas très loin, au nord-est. Ils
allaient
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