Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
vents, se nourrissait de graines et perchait la nuit dans les
arbres près des rivières et des hauts plateaux, alors que le lagopède
choisissait les régions enneigées, creusait des niches dans la neige pour se
réchauffer, et se nourrissait de brindilles, de pousses, de bourgeons de
buissons, variétés contenant des huiles indigestes, ou même vénéneuses pour les
autres animaux.
    Ayla fit signe à Loup de ne pas bouger pendant qu’elle sortait
deux pierres de sa bourse et préparait sa fronde. A cheval sur Whinney, elle
visa un des volatiles et lança la première pierre. Loup, prenant son geste
comme un signal, se rua sur un autre oiseau. La compagnie s’envola alors dans
un grand bruit d’ailes percé de gloussements rauques. Leur camouflage, qui les
rendait difficilement détectables sur le sol, se transforma en vol, avec leur
plumage érigé, en dessins éclatants qui permettaient aux membres de la
compagnie de se repérer et de rester groupés.
    Après ce brusque remue-ménage affolé, les lagopèdes ralentirent
leur vol, comme épuisés. D’un imperceptible mouvement du corps, Ayla incita
Whinney à suivre les volatiles pendant qu’elle préparait son deuxième lancer.
La jeune femme glissa la seconde pierre dans la poche de la fronde sans en
briser l’élan, et la propulsa dans le même mouvement.
    Son habileté à lancer deux pierres coup sur coup nécessitait une
telle adresse que si elle avait demandé comment faire, on lui aurait répondu
que c’était impossible. Mais elle n’avait eu personne à qui le demander,
personne pour lui conseiller d’y renoncer. Elle avait donc seule mis au point
sa technique du double lancer, et l’avait perfectionnée au fil des ans au point
d’être aussi précise avec les deux pierres. L’oiseau qu’elle avait visé au sol
ne s’envola jamais, et pendant que le deuxième tombait du ciel, Ayla sortit
promptement deux autres pierres, mais la compagnie était déjà loin.
    Loup apparut, un troisième lagopède dans la gueule. Ayla
descendit de cheval et, à son signal, Loup déposa l’oiseau à ses pieds.
    — Cette femme apprécie ton aide, Whinney, déclara-t-elle
dans le langage qu’elle avait inventé, mélange de signes du Clan et de
hennissements de cheval.
    Whinney leva la tête, s’ébroua, et s’approcha de la jeune femme.
Ayla saisit le chanfrein de la jument et souffla dans ses naseaux, échangeant
avec elle des odeurs de reconnaissance et d’amitié.
    Elle tordit le cou d’un volatile qui n’était pas encore mort.
Puis, avec d’épaisses tiges d’herbe, elle attacha les trois oiseaux ensemble en
liant leurs pattes couvertes de plumes. Elle remonta sur Whinney et les déposa
en travers du porte-paniers. Sur le chemin du retour elle croisa encore les
perdrix et ne put résister. Avec deux autres pierres, elle abattit deux
nouvelles proies, mais en manqua une troisième. De son côté, Loup en attrapa
une qu’Ayla lui permit de garder.
    Elle pensa les cuire tous ensemble pour comparer leurs chairs et
garder les restes pour les jours suivants. Elle se demanda ensuite avec quoi
les accommoder. S’ils avaient couvé, elle se serait servie des œufs, puis elle
se souvint avoir utilisé des céréales quand elle vivait chez les Mamutoï. Mais
cueillir assez de grains prendrait trop de temps. Moissonner les céréales
sauvages était un long travail qu’on accomplissait en groupe. Elle se rabattit
alors sur les racines : des carottes sauvages et des oignons, par exemple.
    Absorbée par ses projets de repas, la jeune femme ne prêtait
guère attention à l’environnement, quand soudain la jument s’arrêta net. Whinney
s’ébroua et hennit, puis resta immobile. Ayla sentit la tension de son amie. La
jument se mit à trembler et la jeune femme comprit bientôt pourquoi.
23
    En proie à une indicible appréhension, Ayla écarquilla les
yeux. Elle se secoua pour chasser sa peur. Après tout, qu’avait-elle à
craindre ? Une innombrable bande de chevaux lui barrait la route, que
trouvait-elle là d’inquiétant ?
    Ils regardaient de leur côté, et Whinney se montra fort
intéressée par ses congénères. Devinant la curiosité qui démangeait Loup, Ayla
lui fit signe de rester tranquille. Souvent la proie des loups, les chevaux
avaient de bonnes raisons de ne pas le laisser approcher.
    En y regardant de plus près, et dans l’attente de leur réaction,
Ayla s’aperçut qu’il n’y avait pas une, mais deux bandes bien distinctes.

Weitere Kostenlose Bücher