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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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peut-être même gris, étaient tirés en arrière et retenus en
chignon sur le sommet de sa tête.
    D’après Jondalar, elle devait avoir le même âge que Marthona, sa
mère, et bien qu’elle ne lui ressemblât pas, elle se déplaçait avec la même
grâce et la même dignité. Elle ne manquait pas de charme en dépit de sa légère
difformité, et son visage commandait le respect. Lorsqu’elle croisa son regard,
il se rendit compte qu’il l’avait dévisagée avec insistance, mais elle détourna
précipitamment les yeux, du moins lui sembla-t-il. Elle prit la parole pour
conduire la cérémonie funéraire. Jondalar pensa qu’elle devait être une mamut,
une femme qui communiquait avec le monde des esprits, l’équivalent d’une
zelandoni, une chamane.
    Quelque chose attira son attention et lui fit tourner la tête.
Il vit une femme qui ne le quittait pas des yeux. Grande, musclée, solidement
charpentée, mais d’un physique agréable, avec des cheveux châtain clair et,
chose curieuse, des yeux très noirs. Elle ne détourna pas son regard sous celui
de Jondalar, mais le toisa au contraire sans vergogne. D’ordinaire, il aurait
été attiré par une aussi belle femme, mais son sourire le mit mal à l’aise.
    Alors, il remarqua qu’elle se tenait campée sur ses jambes
écartées, les mains sur les hanches, et il la reconnut soudain : c’était
cette femme qui lui avait ri au nez d’un air si menaçant. Il réprima l’envie de
se reculer et de se cacher au milieu des autres malheureux, sachant très bien
que c’était impossible. Il n’était pas seulement plus grand que les autres, il
était le seul qui paraissait encore solide et en bonne santé. On le
reconnaîtrait où qu’il se cachât.
    La cérémonie se déroulait comme une nécessité déplaisante plutôt
que dans la solennité. Sans linceul, les corps furent portés un par un dans une
simple tombe peu profonde. Jondalar nota leur aspect flasque, indice de leur
mort récente. Leurs membres n’avaient pas encore eu le temps de se raidir, ni l’odeur
d’empuantir. On déposa le long corps mince en premier, allongé sur le dos, on
saupoudra de l’ocre rouge sur son visage, et, bizarrement, sur son bassin, la
puissante zone reproductrice, ce qui incita Jondalar à penser que c’était bien
une femme.
    Les deux autres furent disposés différemment mais de manière
encore plus étrange. On allongea de profil l’homme à la barbe châtain, à la
droite du premier cadavre et on posa sa main sur la région pubienne de
celui-ci. On jeta presque le troisième corps dans la tombe, face contre terre,
à la gauche du premier. On saupoudra ensuite de l’ocre rouge sur leurs deux
têtes. D’évidence, la poudre sacrée avait un pouvoir protecteur, mais
lequel ? Jondalar était perplexe.
    On commençait à reboucher la tombe de terre lorsque la femme aux
cheveux gris se libéra de nouveau, et courut y jeter des objets. Jondalar reconnut
deux couteaux en pierre et quelques pointes de silex.
    La femme aux yeux noirs s’avança, visiblement outrée. Elle
désigna la tombe du doigt et éructa un ordre. L’homme à qui elle s’était
adressée parut effrayé mais ne broncha pas. La chamane prit alors la parole sur
un ton désapprobateur. La femme lui cria sa colère et sa frustration, mais la
chamane tint bon. La femme autoritaire la gifla d’un revers de main. Tout le
monde retint son souffle, mais celle qui était en colère battit en retraite,
suivie d’une coterie de femmes armées de sagaies.
    La chamane ignora la gifle. Pourtant, d’où il était, Jondalar pu
voir sa joue s’empourprer. On combla la tombe à la hâte avec de la terre mêlée
de morceaux de charbon de bois et de fragments de bois calciné. On avait dû
faire de fameux feux de joie par ici, pensa Jondalar. Il jeta un coup d’œil
dans le défilé en contrebas et comprit immédiatement : la position offrait
un point de vue idéal pour surveiller l’approche d’animaux – ou de
qui que ce soit – et les feux servaient de signaux...
    Dès que les corps furent recouverts, on fit redescendre les
hommes et on les conduisit dans un enclos fermé par une haute palissade
construite avec des troncs d’arbres taillés et liés entre eux. Jondalar
remarqua des os de mammouth curieusement empilés contre la clôture. Peut-être
la soutenaient-ils ? On le sépara des autres, et on le ramena dans la
bâtisse principale qu’il étudia soigneusement avant d’entrer.
    La

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