Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
lourde charpente avait été construite avec des pieux taillés
dans de jeunes arbres, la plus grosse extrémité fichée dans le sol. Leurs
sommets avaient été courbés et joints. Des peaux de bêtes recouvraient la
charpente, et le rabat de l’entrée se fermait de l’extérieur avec des lanières.
    Puis on le poussa à l’intérieur de sa cellule nue, sans même une
paillasse. On n’y tenait debout qu’au milieu, et Jondalar fit le tour de l’endroit
en courbant la tête. Il remarqua que les peaux étaient vieilles et déchirées,
pourries par endroits, et grossièrement reprisées à d’autres. Les coutures
étaient si lâches qu’on voyait au travers et il s’accroupit pour surveiller l’entrée
restée ouverte. Quelques personnes passèrent, mais personne ne s’arrêta.
    Au bout d’un certain temps, il eut une forte envie d’uriner,
mais ses mains liées l’empêchaient de tenir sa verge. Si personne ne venait
rapidement le détacher, il serait obligé de se souiller. De plus, le frottement
des liens écorchait ses poignets. Jondalar sentit la colère monter. Tout ceci
était ridicule ! La plaisanterie avait assez duré !
    — Ohé ! cria-t-il. Pourquoi me garde-t-on captif comme
un animal pris au piège ? Je n’ai fait de mal à personne. Détachez-moi les
mains ! Sinon, je vais me pisser dessus... Mais quel genre d’humains
êtes-vous donc ? reprit-il après avoir vainement attendu une réponse.
    Il se leva et s’appuya contre la paroi de sa cellule qui bougea
légèrement. Voyant cela, il prit son élan et se rua sur la charpente, l’épaule
en avant. L’ébranlement s’accentua. Il recommença et entendit le bois craquer.
Il jubila. Il se reculait pour reprendre son élan quand des bruits de pas l’arrêtèrent.
    — Ah, enfin ! cria-t-il. Laissez-moi sortir !
Laissez-moi sortir tout de suite !
    On détachait les lanières de l’entrée. Le rabat s’ouvrit à la
volée, et des femmes surgirent, leur sagaie pointée vers lui. Jondalar les
ignora et se fraya un passage vers la sortie.
    — Détachez-moi ! ordonna-t-il en leur tournant le dos
pour leur présenter ses liens. Otez-moi ces cordes !
    Le vieil homme qui l’avait fait boire s’avança.
    — Zelandonii  ! Toi... loin... du pays, articula-t-il en
cherchant ses mots.
    Dans sa colère, Jondalar ne s’était pas rendu compte qu’il avait
parlé dans sa langue maternelle.
    — Tu parles Zelandonii  ? s’étonna-t-il. (Mais son besoin
urgent reprit vite le dessus.) Dis-leur de me détacher avant que je n’urine sur
moi ! L’homme s’adressa à l’une des femmes. Elle fit un signe de refus,
mais l’homme insista. Finalement, elle sortit un couteau de l’étui qu’elle
portait à la ceinture, et ordonna aux guerrières d’encercler Jondalar. Puis
elle s’approcha de lui et lui fit signe de se retourner. Il lui présenta son
dos et attendit qu’elle coupât ses liens. Ils auraient besoin d’un bon tailleur
de silex, ne put-il s’empêcher de penser, son couteau est émoussé.
    Après ce qui lui parut une éternité, les cordes cédèrent enfin.
Il s’empressa de délacer sa braguette et, trop pressé pour s’embarrasser de
bienséance, sortit sa verge et chercha frénétiquement un endroit à l’écart où
se soulager. Mais les femmes armées ne voulaient pas le laisser sortir. Fou de
rage, il se retourna, et urina face à elles en poussant un profond soupir de
soulagement.
    Il les observait pendant que le long jet jaunâtre se répandait
en fumant sur le sol gelé, exhalant une forte odeur acide. La femme qui
commandait parut consternée, bien qu’elle s’efforçât de le cacher. Certaines
détournèrent les yeux ou se voilèrent la face, d’autres contemplaient le
membre, fascinées, comme si elles n’avaient jamais vu d’homme uriner. Le vieil
homme réprimait un sourire sans parvenir à masquer sa joie.
    Lorsque Jondalar eut terminé, il se rhabilla et affronta ses
tortionnaires, bien décidé à ne plus se laisser attacher.
    — Je suis Jondalar des Zelandonii, déclara-t-il en s’adressant
au vieil homme. J’entreprends le Voyage.
    — Tu voyages loin, Zelandonii. Trop loin... peut-être.
    — J’arrive de plus loin encore, répliqua Jondalar. J’ai
passé l’hiver chez les Mamutoï, et je rentre chez moi.
    — Ah, j’avais bien deviné que tu avais parlé en
mamutoï ! s’exclama le vieil homme, qui en profita pour répondre dans
cette langue qu’il maîtrisait mieux.

Weitere Kostenlose Bücher