Le grand voyage
qui émergeaient de l’eau, et
sautèrent sur le ponton. De là, elles repartirent en courant sur le sentier par
où Ayla était arrivée plus tôt.
Ayla retourna à sa cachette en réfléchissant sur la conduite à
adopter. Elle se doutait que les femmes reviendraient bientôt, mais bientôt
pouvait aussi bien signifier aujourd’hui, que demain ou après-demain, et elle
voulait retrouver Jondalar le plus vite possible. D’un autre côté, elle n’osait
pas s’aventurer sur la piste des agresseurs de crainte que les deux femmes ne
la rattrapassent. Elle hésitait aussi à les aborder avant d’en savoir plus sur
leur compte. Elle décida finalement de les attendre dans un endroit d’où elle
pourrait les voir sans être vue.
Fort heureusement, les deux femmes revinrent bientôt dans l’après-midi,
accompagnées d’autres personnes qui portaient des litières croulant sous le
poids de carcasses de chevaux. Elles se déplaçaient bien vite, compte tenu de
leur charge. Lorsque la petite troupe approcha de la rive, Ayla s’aperçut avec
étonnement que pas un homme n’en faisait partie. Les chasseurs étaient donc des
femmes ! Elle les observa empiler la viande sur le radeau et le manœuvrer
ensuite avec les perches en s’aidant de la corde pour le diriger. Elles
dissimulèrent le radeau après l’avoir déchargé, mais laissèrent la corde en
travers de la rivière, ce qui laissa Ayla perplexe.
Lorsqu’elles repartirent sur le sentier, Ayla fut de nouveau
surprise par la vitesse de leurs foulées. Le groupe disparut avant même qu’elle
s’en fût rendu compte. Elle lui laissa de l’avance, puis se mit en marche en
prenant soin de garder une certaine distance.
Jondalar découvrit avec effroi les misérables conditions de
vie à l’intérieur de l’Enclos. Les seuls abris étaient un vaste auvent grossier
qui offrait une protection insuffisante contre la pluie ou la neige, et la
palissade qui coupait le vent. Il n’y avait ni feu ni nourriture, et très peu d’eau.
Tous les occupants de l’Enclos étaient de sexe masculin, et présentaient des
signes de malnutrition. Ils s’avancèrent pour observer le nouvel arrivant, et
Jondalar constata à quel point ils étaient maigres, sales, et mal habillés.
Aucun d’eux n’avait de vêtements assez chauds pour affronter les rigueurs de l’hiver,
et Jondalar comprit qu’ils devaient se blottir les uns contre les autres sous l’auvent
pour ne pas mourir de froid.
Il reconnut un ou deux hommes qui avaient assisté aux
funérailles, et se demandait pourquoi ils habitaient un tel endroit. Il
commença à assembler un à un les différents morceaux du puzzle : l’attitude
des femmes armées de sagaies, les étranges commentaires d’Ardemun, le
comportement des hommes aux obsèques, la réticence de S’Armuna, les soins
tardifs de ses blessures. Le mauvais traitement général auquel il était soumis
n’était peut-être pas le résultat d’un malentendu qui se clarifierait dès qu’il
aurait convaincu Attaroa de sa bonne foi.
Tout cela était absurde, mais bientôt la perception de la
réalité implacable le frappa de plein fouet et ruina ses dernières illusions. C’était
si évident qu’il se demanda pourquoi il avait mis tant de temps à comprendre.
Ces hommes étaient les prisonniers des femmes !
Mais pourquoi ? Quel gâchis de garder tant d’inactifs alors
qu’ils pourraient contribuer à la prospérité et au bien-être de la communauté
tout entière ! Il repensa à la richesse du Camp du Lion où Talut et Tulie
organisaient les activités du Camp pour le bénéfice de tous. Tous apportaient
leur part de travail et il leur restait assez de temps pour s’occuper de leurs
projets personnels.
Attaroa ! Était-ce elle l’instigatrice de tant d’absurdité ?
A l’évidence, c’était la responsable du Camp. Si elle n’était pas à l’origine
de cette situation, du moins s’efforçait-elle de la maintenir.
Ces hommes devraient être en train de chasser ou de cueillir des
plantes, pensait Jondalar, ou de creuser des fosses à provisions, de construire
de nouveaux abris, de réparer les anciens, a lieu de s’agglutiner pour se tenir
chaud. Pas étonnant qu’elles aillent chasser les chevaux si tard dans la
saison. Ont-elles seulement assez de vivres pour tout l’hiver ? D’ailleurs,
pourquoi chasser si loin quand il y a tant de gibier à portée de main ?
— C’est toi qu’on appelle le Zelandonii ? demanda un
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