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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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combattre pour sauver ta vie ?
    — Je n’ai nulle envie de me battre avec toi, Attaroa. Mais
s’il le faut, je me défendrai.
    — Non, tu ne te battras pas, parce que tu sais que je
gagnerais. Muna est avec moi. La Mère a honoré les femmes, ce sont elles qui
apportent la vie. C’est à elles de commander.
    — Non ! protesta Jondalar.
    Ceux qui assistaient à la scène frémirent en l’entendant s’opposer
aussi ouvertement à Attaroa.
    — Le commandement n’appartient pas nécessairement à celui
que la Mère honore, pas plus qu’à celui qui possède la force physique. Le chef
des cueilleurs de baies, par exemple, sera celui qui sait où poussent les
baies, quand elles sont mûres, et le meilleur moyen de les cueillir, déclara
Jondalar qui improvisait son argumentation au fur et à mesure. Un chef doit
être quelqu’un à qui tout le monde puisse se fier. Ceux Qui Ordonnent doivent
savoir ce qu’ils font.
    Attaroa l’écoutait d’un air renfrogné. Ses arguments n’avaient
aucune prise sur elle, elle n’écoutait que ses propres avis, mais elle n’aimait
pas le ton de sa voix. On aurait dit qu’il la réprimandait. S’imaginait-il
avoir le droit de lui parler si librement ?
    — C’est pareil pour tout, continua Jondalar. Le chef des
chasseurs est celui qui sait où sont les animaux, à quel moment et comment les
pister. C’est le chasseur le plus fin et le plus rusé. Marthona disait toujours
que Ceux Qui Ordonnent devaient d’abord prendre soin de leur peuple. Ou sinon,
ils ne restent pas chefs longtemps.
    Emporté par sa colère, Jondalar débitait son discours sans tenir
compte de la haine qui contractait le visage d’Attaroa.
    — Quelle importance alors que ce soient des hommes ou des
femmes ? conclut-il.
    — Je ne permettrai plus que des hommes nous gouvernent,
coupa Attaroa. Ici, les hommes savent que les femmes commandent, et les plus
jeunes sont éduqués pour l’accepter. Ici, ce sont les femmes qui chassent. Nous
n’avons pas besoin d’hommes pour nous diriger ou traquer les bêtes. Crois-tu
que les femmes ne puissent pas chasser ?
    — Bien sûr qu’elles peuvent. Ma mère était une chasseresse
avant de devenir Femme Qui Ordonne, et la femme avec qui je voyage en
remontrerait à bien des hommes. Elle aime chasser et excelle à la traque. Je
lance une sagaie plus loin qu’elle, mais elle est plus précise. D’un seul jet
de fronde, elle tue un oiseau en vol ou un lapin en pleine course.
    — Encore des histoires ! grommela Attaroa. C’est
facile de raconter des histoires sur une femme qui n’existe pas. Mes femmes ne
chassaient pas, on le leur avait interdit. Quand Brugar commandait, les femmes
n’avaient même pas le droit de toucher une arme. Quand j’ai pris le
commandement, ça n’a pas été facile pour nous. Personne ne savait chasser, mais
je leur ai appris. Tu vois ces cibles ?
    Attaroa désigna une série de gros pieux fichés en terre.
Jondalar les avait déjà remarqués auparavant et s’était demandé à quoi ils
servaient. En haut de l’un des pieux, un morceau de carcasse de cheval, planté
de quelques sagaies, pendait d’une grosse cheville en bois.
    — Les femmes s’exercent chaque jour à lancer la sagaie. Les
meilleures deviennent mes chasseresses. Mais avant de fabriquer les sagaies et
d’apprendre à les lancer, nous chassions déjà. Il y a une falaise au nord, près
de l’endroit où j’ai grandi. Au moins une fois par an, les gens y rassemblent
des chevaux et les poussent dans le vide. Le plus difficile est d’attirer le
troupeau, ensuite il ne reste plus qu’à l’affoler...
    Attaroa couva Epadoa d’un œil plein de fierté.
    — Epadoa a découvert que les chevaux adorent le sel. Elle a
demandé aux femmes de conserver leurs urines et s’en est servie pour attirer
les chevaux. Mes chasseresses sont mes Louves, ponctua-t-elle en lançant un
sourire aux femmes armées de sagaies qui s’étaient attroupées et se
rengorgeaient sous les compliments.
    Jondalar n’avait pas prêté une grande attention à leurs habits,
mais il se rendit soudain compte que toutes les chasseresses portaient quelque
chose d’un loup. La plupart avaient ourlé leur capuche de fourrure de loup, et
une dent de l’animal, parfois plus, pendait à leur cou. Certaines avaient orné
les manches ou le bas de leur pelisse, ou bien les deux, d’une bande de peau de
loup. La capuche d’Epadoa était entièrement en fourrure de loup, une

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