Le grand voyage
de nombreuses femmes, mais à présent Ayla était la
seule qui comptait. Un violent et douloureux chagrin l’envahit. Que deviendrai
t-il sans elle ? Vivre ou mourir, quelle différence ?
— Viens, Zelandonii, si tu apportes beaucoup de plaisir à
Attaroa, tu seras libre. Attaroa sait que tu en es capable.
La grande et belle femme marcha sur lui d’un air séducteur.
— Tu vois ? Attaroa se donnera à toi. Montre à tout le
monde comment un bel homme vigoureux procure les Plaisirs à une femme. Partage
le Don de Muna, la Grande Terre Mère, avec Attaroa, Jondalar des Zelandonii.
Attaroa jeta ses bras autour de son cou et se pressa contre lui.
Jondalar resta de glace. Elle essaya d’embrasser sa bouche, mais il était trop
grand pour elle et il refusait de s’incliner. Elle n’était pas habituée à des
hommes de si haute taille, et encore moins à ce qu’on lui résistât. Comprenant
qu’elle se ridiculisait, elle entra dans une violente colère.
— Zelandonii ! Je suis prête à m’accoupler avec toi, et à
t’accorder une chance de recouvrer la liberté !
— Je ne partagerai pas le Don des Plaisirs de la Mère dans
ces conditions, affirma-t-il d’une voix calme qui cachait mal son indignation.
Comment osait-elle insulter la Mère à ce point ?
— Le Don de la Mère est sacré, et doit être partagé de
plein gré et dans la joie. L’accouplement que tu proposes ferait injure à la
Mère. Ce serait profaner Son Don et provoquer Son juste courroux, autant que de
prendre une femme de force. Je choisis toujours la femme avec qui je m’accouple,
et je n’ai aucune envie de partager Son Don avec toi, Attaroa.
Jondalar aurait pu répondre à l’invite d’Attaroa, mais il savait
qu’elle n’était pas sincère. Il attirait la plupart des femmes, et il avait
acquis assez d’expérience pour les satisfaire. Mais malgré tous ses efforts de
séduction, Attaroa le laissait de glace. Même s’il avait voulu la satisfaire,
il n’aurait pas pu.
En entendant la traduction, Attaroa blêmit. Plus d’un homme se
serait réjoui de partager le Don des Plaisirs avec une si belle femme et de
gagner ainsi sa liberté. Les visiteurs assez malchanceux pour se faire capturer
sur son territoire avaient saisi l’occasion d’échapper aussi facilement aux
Louves des S’Armunaï. Certains avaient hésité pourtant, craignant un piège,
mais aucun n’avait rejeté son offre avec tant de hardiesse. Et ils découvraient
vite qu’ils avaient eu raison de se méfier.
— Tu... tu refuses !... bégaya Attaroa, incrédule.
La traduction avait été énoncée d’un ton égal, mais on ne
pouvait se méprendre sur sa réaction.
— Tu refuses Attaroa ! Comment oses-tu ?
hurla-t-elle. Déshabillez-le ! ordonna-t-elle à ses Louves, et attachez-le
à la cible.
Le sort de Jondalar avait été scellé depuis longtemps, mais le
dénouement était plus rapide qu’Attaroa l’eût souhaité. Elle avait espéré que
Jondalar la distrairait pendant l’interminable et triste hiver. Elle adorait
mettre les hommes au supplice en leur faisant miroiter la liberté en échange
des Plaisirs. L’ironie de la chose la réjouissait. Dès qu’ils commettaient l’erreur
d’accepter, elle se délectait à les humilier et à les avilir jusqu’à ce qu’elle
fût prête pour son dernier jeu. Ils allaient jusqu’à se déshabiller eux-mêmes
dans leur hâte de lui plaire !
Mais aucun homme ne pouvait lui donner les Plaisirs. On avait
abusé d’elle quand elle n’était qu’une enfant, et elle avait attendu avec
impatience de pouvoir s’unir avec le chef d’un autre Camp. Mais ce qu’elle
avait vécu auprès de l’homme qu’elle avait choisi était pire encore. Il n’atteignait
les Plaisirs qu’après l’avoir battue et humiliée. Elle s’était révoltée et
avait provoqué la mort de l’homme après une horrible et dégradante agonie. Elle
avait bien retenu la leçon. Pervertie par les cruautés qu’elle avait subies,
elle ne pouvait atteindre les Plaisirs qu’en infligeant des tortures aux
autres. Partager le Don de la Mère avec des hommes, ou même des femmes, n’enthousiasmait
guère Attaroa. Elle se procurait elle-même les Plaisirs en se délectant de la
longue et douloureuse agonie de ses victimes.
Lorsqu’il s’écoulait trop de temps entre deux visiteurs, Attaroa
jouait avec les hommes du Camp. Mais après que les premiers eurent succombé à
ses « Plaisirs », les autres
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