Le grand voyage
pour affronter Attaroa qui approchait avec son escorte. Elle était
grande, plus grande que bien des hommes. Elle aurait pu être séduisante.
Pourquoi haïssait-elle les hommes à ce point ? se demanda-t-il. Lorsqu’elle
lui adressa la parole, il nota son ton sarcastique, bien que le sens des mots
lui échappât.
— Alors, Zelandonii, as-tu une autre histoire à nous
raconter ? Parle, que je m’amuse, traduisit S’Armuna qui reproduisît même
les intonations moqueuses.
— Je t’ai dit la vérité, assura Jondalar.
— Oui, je sais, tu voyageais avec une femme qui monte sur
le dos des chevaux. Où est-elle, alors ? Si elle a le pouvoir que tu lui
prêtes, pourquoi n’est-elle pas venue te réclamer ? ricana Attaroa, les
mains sur les hanches, comme pour le provoquer.
— J’ignore où elle se trouve. J’ai peur qu’elle ne soit
tombée dans le ravin avec les chevaux que tu chassais.
— Tu mens, Zelandonii ! Mes chasseresses n’ont pas vu de
femme sur le dos d’un cheval, et on n’a retrouvé aucun cadavre de femme. Tu
dois savoir que celui qui vole les S’Armunaï est puni de mort, et tu essaies de
t’en tirer à bon compte.
Ainsi, on n’avait pas retrouvé le corps d’Ayla ! Jondalar
ne put contenir sa joie en reprenant soudain espoir de revoir sa compagne.
— Je te parle de mourir, et tu souris ! s’exclama
Attaroa. Tu ne me crois pas capable de te tuer ?
Elle pointa vers lui un index menaçant, et s’en frappa ensuite
la poitrine comme pour souligner ses propos.
— Mourir ? répéta-t-il en pâlissant.
Tuait-on les gens pour les punir de chasser ? Tout à sa
joie d’apprendre qu’Ayla était encore en vie, il n’avait pas écouté ce qu’Attaroa
disait. Lorsqu’il comprit où elle voulait en venir, la colère le reprit.
— Les chevaux n’ont pas été accordés aux seuls S’Armunaï.
Ils sont à tous les Enfants de la Terre ! Comment oses-tu appeler la
chasse du vol ? Quand je chasse les chevaux, c’est pour me nourrir !
— Ah ! J’ai déjoué ton mensonge. Tu admets donc que tu
chassais mes chevaux ?
— Pas du tout ! J’ai dit : « Quand je
chasse... », je n’ai pas dit que je l’avais fait... Explique-lui, S’Armuna,
implora-t-il, que Jondalar des Zelandonii, fils de Marthona, ancienne Femme Qui
Ordonne de la Neuvième Caverne, ne ment jamais.
— Maintenant, tu prétends être le fils d’une Femme Qui
Ordonne ? Ce Zelandonii est un fieffé menteur, après la Femme qui Fait
des Miracles, voici la Femme Qui Ordonne !
— J’ai connu beaucoup de femmes qui gouvernaient. Tu n’es
pas la seule, Attaroa. C’est très fréquent chez les Mamutoï.
— Elles ne gouvernent jamais seules ! Elles partagent
le pouvoir avec un homme.
— Ma mère a gouverné pendant dix ans. Elle est devenu Femme
Qui Ordonne à la mort de son compagnon, et elle n’a partagé son pouvoir avec
personne. Hommes et femmes, tous la respectaient. Elle a transmis d’elle-même
le pouvoir à mon frère, Joharran. Son peuple voulait qu’elle le garde.
— Respectée par les hommes comme par les femmes ?
Écoutez-moi cela ! Crois-tu donc que je ne connaisse pas les hommes, Zelandonii
? Tu t’imagines que je n’ai jamais été unie ? Suis-je donc laide au point
qu’aucun homme ne veuille de moi ?
Attaroa hurlait à présent et S’Armuna traduisait presque
simultanément, comme si elle devinait ce qu’elle allait dire. Jondalar en
aurait oublié que la chamane ne parlait pas pour elle tant il avait l’impression
d’entendre parler Attaroa, si le ton impersonnel de S’Armuna ne donnait un
détachement étrange aux paroles qu’Attaroa avait proférées avec tant d’agressivité,
L’amertume obscurcissait son regard, irais telle une démente, elle poursuivit
sa harangue.
— Mon compagnon gouvernait ce peuple. C’était un chef
puissant, un homme fort.
— Beaucoup d’hommes sont forts. La force ne suffit pas à
faire un chef, répliqua Jondalar.
Attaroa ne l’entendit pas. Elle ne l’écoutait plus. Les
souvenirs l’assaillaient.
— Brugar était si fort qu’il avait besoin de me battre
chaque jour pour le prouver, ricana-t-elle. Quel malheur qu’il ait mangé des
champignons vénéneux ! poursuivit-elle d’une voix suave. J’ai battu le
fils de sa sœur dans un combat régulier pour devenir Femme Qui Ordonne. C’était
une mauviette. Il est mort. Mais toi, tu n’es pas une mauviette, Zelandonii. Aimerais-tu
me
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