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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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Ils
la dévisageaient tous deux avec respect. Jondalar reconnut l’expression
autoritaire et détachée qu’elle adoptait chaque fois qu’elle soignait un blessé
ou un malade, bien qu’en la circonstance il discernât davantage qu’une volonté
de venir en aide. Il notait aussi une colère froide qu’il n’avait jamais vue
chez elle.
    La vieille femme interpréta les propos d’Ayla comme une
prophétie, ou un jugement.
    Après qu’Ayla eut servi l’infusion, ils restèrent silencieux, le
cœur lourd. Ayla ressentit alors un besoin urgent de respirer l’air pur et
glacé. Elle voulait aussi s’assurer du sort des animaux, mais en observant S’Armuna
elle décida qu’il valait mieux attendre. La vieille femme était désespérée, il
fallait lui donner quelque chose à quoi se raccrocher.
    Jondalar s’inquiétait pour les hommes qu’il avait laissés dans l’Enclos,
et se demandait ce qu’ils pensaient. Nul doute qu’ils connaissaient son retour,
mais ils ne l’avaient pas vu réapparaître dans l’Enclos. Il aurait bien aimé s’entretenir
avec Ebulan et S’Amodun, rassurer Doban, mais il n’était pas rassuré lui-même.
Ils s’étaient jetés dans la gueule du loup, et n’avaient pas fait grand-chose
hormis parler. Jondalar était partagé entre l’envie de s’enfuir le plus vite
possible et le désir d’aider les malheureux. Et s’ils devaient agir, alors que
ce soit rapidement.
    — Je veux faire quelque chose pour les hommes,
déclara-t-il, incapable d’attendre plus longtemps. Mais comment ?
    — Tu les as déjà aidés, assura S’Armuna. Quand tu as refusé
les avances d’Attaroa, tu leur as redonné courage. D’ailleurs, ce n’est pas le
plus important, d’autres lui ont résisté avant toi, mais tu es le premier à lui
avoir échappé, et surtout à être revenu ensuite. Attaroa a perdu la face, et
les hommes ont repris espoir.
    — Oui, mais l’espoir ne les fera pas sortir de l’Enclos,
objecta Jondalar.
    — C’est exact, et Attaroa n’acceptera jamais de les
libérer. S’il ne tenait qu’à elle, personne n’en sortirait vivant. Autre
chose : rares sont les femmes qui entreprennent le Voyage. Tu es la
première à t’aventurer par ici, Ayla.
    — Attaroa irait-elle jusqu’à tuer une femme ? s’inquiéta
Jondalar en se rapprochant machinalement de celle qu’il aimait, comme pour la
protéger.
    — Ce serait difficile à justifier, autant que d’enfermer
une femme dans l’Enclos. Certaines sont séquestrées dans une cage invisible,
pourtant. Elles n’osent s’en aller, car Attaroa menace de s’en prendre à ceux
qu’elles aiment, à leurs enfants, à leur compagnon. Toi, Ayla, tu n’as pas de
lien ici, elle n’a aucun pouvoir sur toi. Mais si elle te tue, elle pourra
ensuite supprimer plus facilement les femmes qui la gênent. Je ne te dis pas
cela uniquement pour te mettre en garde, mais parce que le Camp tout entier est
en danger. Il est encore temps de partir, et c’est sans doute ce que vous avez
de mieux à faire.
    — Non, il n’en est pas question, affirma Ayla. Comment
pourrais-je abandonner ces enfants ? Ces hommes ? Les femmes auront
également besoin d’aide. Brugar te qualifiait de guérisseuse, S’Armuna, j’ignore
si tu comprends ce que cela implique, mais sache que je suis une guérisseuse du
Clan.
    — Tu es une guérisseuse ? J’aurais dû m’en douter.
    Elle ne savait pas exactement ce qu’était une guérisseuse, mais
Brugar lui avait témoigné un tel respect après l’avoir classée dans cette
catégorie qu’elle en avait déduit qu’il s’agissait là d’une position
prestigieuse.
    — C’est pour cela que je n’ai pas le droit de partir,
poursuivit Ayla. Ce n’est pas un choix, c’est le devoir de toute guérisseuse.
Cela fait partie d’elle. Une parcelle de mon esprit est déjà dans l’autre
monde, précisa-t-elle en portant la main à son amulette. C’est le gage de mon
obligation morale envers ceux qui ont besoin de mon aide. Je ne peux l’expliquer
davantage, mais je n’ai pas le droit de laisser Attaroa abuser de ces
malheureux plus longtemps, et le Camp aura besoin de mon aide quand ceux de l’Enclos
seront libres. Je resterai le temps qu’il faudra.
    D’un signe de tête, S’Armuna montra qu’elle comprenait. Le
concept était difficile à définir. Elle mettait sur le même plan la compassion
d’Ayla et sa volonté d’aider autrui avec sa propre pulsion à vouloir Servir

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