Le grand voyage
l’énorme
rocher qui leur barrait le passage. Elle croisa le regard de Jondalar. Il avait
entendu la même chose. Sans un bruit, ils avancèrent lentement jusqu’au rocher.
Il y eut des vociférations, le choc d’une lourde chute, et, presque aussitôt,
un cri de douleur.
La gorge d’Ayla se noua. Elle avait cru reconnaître l’intonation
particulière du cri.
— Jondalar ! s’exclama-t-elle. Quelqu’un a besoin d’aide.
Et elle se précipita de l’autre côté du rocher.
— Non, attends ! C’est peut-être dangereux !
prévint Jondalar. Mais en pure perte. La main crispée sur sa sagaie, il se rua
derrière Ayla. De l’autre côté du rocher, plusieurs jeunes hommes luttaient
avec quelqu’un à terre qui se débattait vainement. D’autres lançaient des
remarques acerbes à l’un d’eux, accroupi sur un corps que maintenaient ses
compagnons.
— Alors, Danasi, remue-toi un peu. Tu as besoin d’aide, ou
quoi ?
— Peut-être qu’il ne trouve pas l’entrée !
— Il ne sait pas quoi en faire, oui !
— Bon, alors au suivant !
Ayla entrevit une mèche de cheveux blonds, et elle comprit avec
dégoût qu’ils s’acharnaient sur une femme... Horrifiée, elle devina ce qu’ils
lui infligeaient. Elle se lançait à la rescousse quand une vision fugitive s’imposa
à elle. Était-ce la forme du bras ou de la jambe, ou le son de la voix, mais
elle sut en un éclair que la femme était du Clan... Une femme du Clan
blonde ! Elle resta un instant pétrifiée.
Loup grondait, prêt à bondir, mais il s’arrêta, guettant un
geste d’Ayla.
— C’est sûrement la bande de Charoli ! s’écria
Jondalar en la rejoignant.
Il se débarrassa de son sac et de son propulseur, et en quelques
enjambées, arriva à la hauteur des trois agresseurs. Il empoigna par la pelisse
celui qui s’escrimait en vain sur la femme et le projeta en arrière. Puis il
fit brusquement volte-face, et il lui assena un coup de poing en plein visage.
L’homme s’écroula. Les deux autres, un instant hébétés, lâchèrent la femme pour
affronter l’étranger. L’un sauta sur son dos pendant que l’autre le frappait au
corps et à la face. Le géant fit voltiger l’homme qui s’agrippait à son dos,
reçut un coup sur l’épaule, et contre-attaqua en expédiant un violent uppercut
dans le foie de son vis-à-vis.
La femme roula sur le côté, se releva et courut vers le deuxième
groupe d’assaillants. Son adversaire plié en deux, Jondalar se retourna vers l’autre.
Ayla aperçut le premier se relever.
— Loup ! Aide Jondalar ! Mords !
ordonna-t-elle.
Le fauve bondit dans la mêlée, pendant qu’Ayla se débarrassait
de ses affaires, détachait la fronde qui lui enserrait la tête et agrippait son
sac de pierres. L’un des trois hommes était de nouveau à terre, et elle vit l’autre
lever son bras d’un air terrorisé pour se protéger de l’attaque du fauve. Loup
se dressa sur ses pattes arrière et planta ses crocs dans le bras de l’homme,
arrachant la manche du vêtement de fourrure, pendant qu’un solide direct de
Jondalar atterrissait sur la mâchoire du troisième.
Ayla glissa une pierre dans sa fronde et reporta son attention
sur l’autre groupe. L’un des hommes soulevait une lourde massue en os et s’apprêtait
à frapper de toutes ses forces. Ayla lança vivement sa pierre et vit l’homme à
la massue s’effondrer. Un autre, la sagaie menaçante pointée sur quelqu’un au
sol, regarda son compagnon tomber d’un air incrédule. Il ne vit pas venir la
seconde pierre, mais hurla sous l’impact. La sagaie lui échappa pendant qu’il
tenait sa main blessée.
Ils étaient six contre un homme à terre, mais éprouvaient les
pires difficultés à en venir à bout. La fronde d’Ayla en avait mis deux hors de
combat et la femme qui venait d’échapper au viol en rouait de coups un
troisième. Un quatrième, qui s’était approché de trop près de l’homme à terre,
dut reculer en titubant sous la violence d’un coup assené avec une force rare.
Il restait encore deux pierres à Ayla. Elle lança l’une, en visant un endroit
non vital, ce qui offrit à l’agressé – un homme du Clan, comme Ayla l’avait
deviné – une chance de se dégager. Bien qu’assis, il attrapa l’homme
qui était le plus près de lui, le souleva, et le projeta sur un autre
assaillant.
La femme du Clan repartit furieusement à l’attaque, s’acharnant
sur l’homme qui préféra
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