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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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esprits, et
celui-ci semblait bien vivant. Mieux valait attendre. Supporter la douleur et
attendre.
    Ayla, qui avait surpris le coup d’œil qu’il avait jeté à Loup et
devinant ses craintes, décida d’en finir. Elle poussa un sifflement impératif
qui ressemblait à l’appel d’un oiseau, mais d’un oiseau inconnu. Tous
écarquillèrent les yeux de peur, mais comme rien ne se passait, ils se
détendirent. Mal leur en prit. Ils entendirent bientôt des bruits de sabots et
deux chevaux, une jument et un étalon à l’étrange robe brune, accoururent se
poster aux côtés de la femme.
    Quel est ce rêve bizarre ? se demandait l’homme du Clan.
Suis-je mort ? Suis-je dans le monde des esprits ?
    Mais les chevaux effrayèrent davantage encore la bande de
Charoli. Tous avaient beau cacher leur peur sous des sarcasmes et des
provocations, s’excitant mutuellement, ils avaient la gorge serrée de terreur
et de culpabilité profondément enfouie. Un jour, chacun en était sûr, il serait
découvert et devrait payer. Certains souhaitaient même en finir avant qu’il ne
fût trop tard... S’il n’était pas déjà trop tard.
    Danasi, celui qui avait été soumis aux sarcasmes de ses
compagnons pour avoir tardé à profiter de la femme, en avait déjà parlé à un ou
deux autres à qui il se fiait. Les femmes Têtes Plates, passait encore, mais
cette fille... pas encore femme, de surcroît, et qui criait et se débattait. D’accord,
c’était excitant sur le moment – les femmes de son âge étaient
toujours les plus excitantes – mais après, il s’était senti honteux,
et avait commencé à craindre le châtiment de Duna. Comment les
punirait-Elle ?
    Et voilà qu’apparaissait une femme, une étrangère, accompagnée d’un
géant blond – ne disait-on pas que Son amant était plus grand et plus
blond que tous les hommes ? — et d’un loup ! Sans parler des
chevaux qui accouraient à son appel. Personne ne l’avait jamais vue, et
pourtant elle les connaissait. On devinait à son accent qu’elle venait de très
loin, mais elle parlait leur langue. Parlait-on avec des mots d’où elle
venait ? Était-elle une dunaï ? Une incarnation de l’esprit de la
Mère ? Danasi frissonna.
    — Que nous voulez-vous ? demanda Charoli. Nous ne vous
cherchions pas querelle. Nous nous amusions simplement avec ces Têtes Plates.
Quel mal y a-t-il à prendre un peu d’exercice avec des bêtes ? Jondalar
vit les efforts d’Ayla pour se contenir.
    — Et Madenia ? lança-t-il. C’était une bête, elle
aussi ?
    Ils savaient ! Paniqués, les jeunes gens se regardèrent et
se tournèrent vers Charoli, implorant son aide. L’accent de l’homme était
différent. C’était un Zelandonii. Si les Zelandonii  savaient déjà, ils ne
pourraient se réfugier chez eux en prétendant entreprendre le Voyage, comme ils
l’avaient envisagé. Qui d’autre était au courant ? Trouveraient-ils encore
refuge quelque part ?
    — Ce ne sont pas des animaux, rectifia Ayla avec une colère
froide qui surprit Jondalar.
    Il ne l’avait jamais vue dans cet état, mais elle se contrôlait
si bien qu’il se demanda si les autres se rendaient compte de sa fureur.
    — Si c’étaient des animaux, essayeriez-vous seulement de
les forcer ? Forcez-vous les loups ? Et les chevaux ? Non, vous
avez besoin d’une femme, et aucune ne veut de vous. Voilà les seules femmes que
vous trouvez, mais ce ne sont pas des animaux. Les animaux, c’est vous !
Vous êtes des hyènes ! Vous vous vautrez dans les ordures et vous puez,
vous puez le mal. Vous agressez les hommes, forcez les femmes, vous vous livrez
au pillage. Écoutez-moi bien, si vous ne retournez pas chez vous maintenant,
vous êtes perdus. Vous n’aurez plus ni famille, ni Caverne, ni peuple et aucune
femme à votre foyer. Vous errerez comme les hyènes, ne mangerez que les
charognes, et vous devrez voler les vôtres pour survivre.
    — Ils savent aussi ça ! murmura l’un des jeunes.
    — Ne dites rien ! ordonna Charoli. Ils ne savent rien.
Ils supposent, c’est différent.
    — Nous savons, corrigea Jondalar. Tout le monde le sait.
    Sa maîtrise de leur langue n’était pas parfaite, mais il se
faisait très bien comprendre.
    — Qui es-tu donc pour affirmer cela ? riposta Charoli.
Tu n’es pas un Losadunaï ! Il n’est pas question que nous retournions
là-bas. Nous n’avons besoin de personne. Nous avons notre propre

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