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Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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moins leur langage avait de chances d’être proche.
Elle ne pouvait qu’espérer se faire comprendre.
    Elle savait que leur langage de signes, comme toutes leurs
connaissances et leurs coutumes, était emmagasiné dans leur mémoire, la mémoire
ancestrale, voisine de l’instinct, innée chez chaque membre du Clan. Si ce
Peuple du Clan avait les mêmes ancêtres que ceux qui l’avaient recueillie, leur
langage serait alors très proche.
    Nerveuse, elle commençait à se demander si l’homme avait une
idée de ce qu’elle attendait. Elle sentit alors une légère tape sur son épaule
et prit une profonde inspiration. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas
parlé avec un membre du Clan, depuis le jour où elle avait été damnée... Tiens,
elle avait oublié. Il ne fallait pas qu’elle leur parle de sa condamnation à
mort, sinon ils cesseraient de la voir, exactement comme si elle n’existait
pas. Son regard croisa celui de l’homme. Ils s’étudiaient mutuellement.
    Elle n’avait rien d’une femme du Clan. C’était une Autre. Elle n’était
même pas comme ceux que le mélange d’esprits avait étrangement déformés et qui
naissaient par poignées ces derniers temps. Alors, où cette femme des Autres
avait-elle appris à s’adresser à un homme avec une telle correction ?
    Ayla n’avait pas vu de visage du Clan depuis des années. Celui
de l’homme qu’elle avait devant elle était bien du Clan, mais il différait de
ceux qu’elle avait connus. Ses cheveux et sa barbe étaient plus clairs, plus
soyeux et moins bouclés. Ses yeux marrons étaient plus clairs, eux aussi,
contrairement à ceux, presque noirs, de son clan. Ses traits étaient plus
accentués : les arcades sourcilières plus lourdes, le nez plus pointu, les
mâchoires davantage proéminentes, le front plus fuyant, et la tête plus longue.
D’une certaine manière, il était plus Clan que son Clan.
    Ayla commença à parler avec les signes quotidiens du clan de
Brun qu’elle avait appris enfant. Elle comprit tout de suite que ces signes
étaient inconnus de l’homme. Il articula alors quelques sons. Ils avaient les
mêmes inflexions et la même tonalité que dans son souvenir : sons
gutturaux, voyelles avalées, mais malgré tous ses efforts, elle ne comprenait
pas. L’homme avait une jambe cassée, et elle voulait l’aider. Mais elle voulait
aussi en profiter pour en savoir davantage sur ces deux-là. D’une certaine
manière, elle se sentait plus à l’aise avec eux qu’avec le Peuple des Autres.
Pourtant, si elle voulait l’aider, elle devait entrer en communication avec
lui. Il prononça encore quelques sons accompagnés de signes. Les gestes étaient
familiers mais n’avaient aucun sens, alors que les sons lui étaient totalement
inconnus. Le langage du clan de Brun était-il si différent qu’elle ne pût
communiquer avec les clans de ce pays ?

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    Tout en réfléchissant, Ayla jetait des coups d’œil à la jeune
femme assise à l’écart. Elle semblait nerveuse et bouleversée. Ayla se souvint
alors du Rassemblement du Clan, et elle essaya le langage ancestral, utilisé
pour s’adresser aux esprits et avec lequel on se faisait comprendre des clans
qui n’employaient pas les signes courants.
    L’homme acquiesça et fit un geste. Il la comprenait ! Ayla
éprouva un profond soulagement accompagné d’un élan d’enthousiasme. Ils avaient
les mêmes ancêtres que son clan ! Quelque part, dans le passé lointain,
les ancêtres de Creb et d’Iza et ceux de cet homme se connaissaient. Une vision
fulgurante l’effleura : elle-même avait des racines identiques, mais sa
lignée avait emprunté une autre voie.
    Jondalar les observait, fasciné. Il avait peine à suivre leurs
gestes rapides, mais s’apercevait d’une complexité et d’une subtilité qui lui
avaient échappé quand Ayla avait enseigné le langage du Clan au Camp du Lion
afin de permettre à Rydag de communiquer avec les autres pour la première fois
de sa vie. Il comprit qu’elle s’était contentée alors de survoler les rudiments
du langage des signes parce que Rydag avait seulement besoin qu’on éveillât sa
mémoire. Il avait deviné que le jeune garçon communiquait plus complètement
avec elle, mais il découvrait maintenant l’étendue et la profondeur du langage
des signes.
    Ayla fut surprise que l’homme oubliât les formalités d’usage. Il
ne mentionna aucun nom de lieu, ni de parenté.
    — Femme des Autres,

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