Le grand voyage
éloigné d’un vrai Clan. En comparaison, les traits de Rydag
étaient comme... adoucis. Le visage de l’homme était à la fois long et large,
les mâchoires proéminentes comme entraînées en avant par un nez fort et pointu.
Sa barbe, soyeuse et récemment taillée, n’arrivait pas à masquer l’absence de
menton.
La barbe se mêlait à une masse épaisse de cheveux bouclés d’un
brun clair, qui recouvrait un énorme crâne formant une bosse arrondie sur la
nuque. Les lourdes arcades sourcilières de l’homme envahissaient presque tout
le front fuyant et bas. Jondalar faillit tâter son propre front pour en évaluer
la différence. Il commençait à comprendre l’origine de leur surnom : les
Têtes Plates. C’était comme si un sculpteur avait remodelé sa propre tête,
aplati le front et concentré la matière restante en boule au-dessus de la
nuque.
Une épaisse broussaille accentuait la forme des arcades
sourcilières de l’homme et ses yeux noisette mouchetés d’or reflétaient la
curiosité, l’intelligence, et une douleur contenue. Jondalar comprit pourquoi
Ayla tenait tant à l’aider.
Il se sentit stupide en faisant les signes du salut, mais l’éclair
de surprise qu’il lut dans le regard de l’autre lui mit du baume au cœur. L’homme
du Clan lui retourna son salut. Jondalar se demandait comment poursuivre. Il
imagina ce qu’il aurait dit à un inconnu d’une autre Caverne ou d’un autre Camp
et essaya de se rappeler les signes qu’il avait appris pour communiquer avec
Rydag.
— Cet homme s’appelle... fit-il. (Il énonça ensuite son nom
suivi de son affiliation primaire.) Jondalar des Zelandonii.
Les sons étaient trop mélodieux, les voyelles trop abondantes
pour que l’homme pût les saisir toutes à la fois. Il hocha la tête comme pour
se déboucher les oreilles, et la pencha pour mieux entendre. Ensuite, il frappa
légèrement la poitrine de Jondalar.
Jondalar comprit tout de suite le sens de son geste. C’était
facile.
— Cet homme s’appelle... Jondalar, répéta-t-il en oubliant
volontairement l’affiliation.
L’homme parut se concentrer. Il prit ensuite une profonde
inspiration et articula de son mieux :
— Dyondar.
Jondalar esquissa un sourire approbateur. La voix était
profonde, l’articulation inexistante, les voyelles avalées, mais l’idée y
était, et surtout le son lui parut étrangement familier. Mais oui, Ayla !
Bien que plus douce, la voix d’Ayla possédait cette même sonorité gutturale.
Pas étonnant que personne ne réussisse à identifier son accent ! Elle
avait un accent du Clan. Et dire qu’on les croyait incapables de parler !
Ayla trouva que l’homme avait particulièrement bien prononcé le
nom de Jondalar. Elle n’était pas sûre d’avoir été aussi claire la première
fois qu’elle avait dû dire son nom, et elle se demanda si l’homme n’avait pas
déjà eu des contacts avec les Autres. S’il avait été choisi pour représenter
les siens, ou engager des sortes de pourparlers avec ceux qu’on nommait les
Autres, cela impliquerait un statut élevé. Voilà qui justifiait son inquiétude
d’une dette de sang à payer aux Autres, surtout à des Autres de statut inconnu.
Il craignait de dévaluer son rang, mais une obligation était une obligation, et
qu’il le veuille ou non, il avait besoin d’aide. Restait à le convaincre qu’elle
connaissait le sens de la dette et en comprenait toutes les implications.
L’homme se frappa la poitrine et se pencha légèrement.
— Guban, dit-il.
Jondalar éprouva les mêmes difficultés à reproduire le nom que l’homme
avait eues avec « Jondalar », et Guban fit preuve d’autant d’indulgence
que Jondalar précédemment.
Ayla laissa échapper un soupir de soulagement. L’échange de noms
était peu de chose, mais c’était un début. Elle jeta un coup d’œil à la femme,
toujours déconcertée de voir une femme du Clan aux cheveux plus clairs que les
siens. Ses boucles soyeuses étaient presque blanches, mais la femme était
séduisante. C’était sans doute la deuxième de son foyer. Guban était un homme
dans la force de l’âge, et cette femme venait probablement d’un autre clan. Elle
devait représenter un bon prix.
La femme regarda furtivement Ayla. Ayla avait cru lire de la
peur dans ce regard. Elle l’examina à la dérobée. Était-ce de l’embonpoint qui
lui ceignait la taille ? Le cuir n’écrasait-il pas trop sa poitrine ?
Mais
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