Le grand voyage
adressa un sourire qui ne fit que renforcer la
conviction de son compagnon.
— C’est vrai, crois-moi. Souviens-toi de ton succès à la
Fête de la Mère. Tu ne peux pas imaginer la joie que tu m’as faite en me
choisissant ce soir-là.
Ayla se rappela la phrase qu’il avait dite à Guban.
— Je t’appartiens, n’est-ce pas ? fit-elle avec un
sourire moqueur. Heureusement que tu ne connais pas bien le langage du Clan,
Guban aurait vu que tu mentais quand tu lui as affirmé que j’étais ta compagne.
— Non, il n’aurait rien vu du tout ! Nous n’avons
peut-être pas encore eu de Cérémonie de l’Union, mais dans mon cœur, nous
sommes déjà unis. Ce n’était pas un mensonge.
— J’éprouve la même chose, dit Ayla, émue, baissant les
yeux pour montrer dans quel respect elle tenait ses propres sentiments. Depuis
le jour où je t’ai connu dans la vallée, j’ai cette même impression.
Bouleversé par sa confidence, Jondalar crut défaillir. Il la
serra dans ses bras, convaincu que leur aveu mutuel équivalait à une Cérémonie
d’Union. Celle que son peuple ne manquerait pas d’organiser n’aurait jamais
autant de valeur. Il l’accepterait pour faire plaisir à Ayla, mais il ne la
considérait plus indispensable. La ramener saine et sauve était tout ce qui lui
importait.
Une rafale de vent le glaça, chassant la bouffée de chaleur qui
l’avait envahi. Il se leva, s’éloigna du feu qui les réchauffait et respira
profondément. Il suffoqua quand l’air glacial brûla ses poumons. Il s’emmitoufla
dans ses fourrures, enfouit la tête dans ses épaules et recouvrit son visage de
sa capuche pour réchauffer son corps de son haleine. Il ne souhaitait pas l’arrivée
du vend chaud, mais il savait que le froid glacial pouvait être tout aussi
dangereux.
Au nord, le grand glacier continental avançait vers le sud,
comme s’il cherchait à étreindre les magnifiques montagnes bleutées dans ses
bras de glace. Les voyageurs étaient parvenus dans la région la plus froide de
la terre, entre les montagnes aux crêtes scintillantes et l’immense étendue de
glace, au plus profond de l’hiver. L’air, lui-même, était desséché par l’avidité
des glaciers à voler la moindre parcelle d’humidité pour nourrir et développer
leur masse boursouflée, et emmagasiner assez de réserves pour lutter contre l’assaut
de l’été.
La lutte était à son point d’arrêt entre le froid glacial et le
réchauffement pour le contrôle de la Grande Terre Mère, mais la chance était en
train de tourner. Le glacier progressait. Il était près de conquérir une
dernière fois les terres méridionales avant de battre en retraite dans son
refuge polaire. Mais même là, il attendrait son heure.
A mesure qu’ils poursuivaient leur escalade, le froid s’intensifiait
et, avec l’altitude, leur rendez-vous avec le glacier approchait. Les chevaux
trouvaient difficilement du fourrage. Près du torrent prisonnier des glaces, l’herbe
flétrie était couchée contre le sol gelé. Comme seule neige, des grains durs et
brûlants étaient balayés par les vents.
Ils chevauchaient en silence, gardant leur discussion pour le
soir au campement, dans la chaleur réconfortante de leur tente.
— Yorga avait des cheveux splendides, déclara Ayla en se
réfugiant dans les fourrures.
— Oui, c’est vrai, approuva Jondalar avec sincérité.
— Dommage qu’Iza, ou ceux du clan de Brun, ne l’aient pas
vue. Ils trouvaient mes cheveux si étranges. C’est vrai qu’Iza pensait que c’était
ce que j’avais de mieux.
— J’aime beaucoup leur couleur, et j’adore les voir tomber
en vagues quand tu les dénoues, avoua Jondalar en caressant une boucle blonde
qui descendait dans son cou.
— Je ne savais pas que des membres du Clan vivaient si loin
de la péninsule.
Jondalar devina que ses caresses n’atteignaient pas Ayla,
plongée dans ses réflexions sur le Clan, comme lui précédemment.
— Le physique de Guban était différent. Il était... comment
dire ? Ses arcades sourcilières étaient plus lourdes, son nez plus fort,
ses mâchoires plus... plus proéminentes. Tous ses traits semblaient davantage
prononcés, plus Clan d’une certaine manière. Je crois même qu’il était plus
trapu et plus musclé que Brun. Il n’avait pas l’air de souffrir du froid. Sa
peau était chaude, alors qu’il était allongé sur le sol gelé. Et son cœur
battait plus vite.
— Ils se
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