Le grand voyage
tout cas lui apprendre à ne pas craindre
les humains. Les mammouths sont intelligents. Nous en avons vu casser de la
glace pour obtenir de l’eau.
— Et ils reniflent l’eau de très loin, renchérit Hochaman.
Il fait très sec dans l’est et les gens de là-bas disent : « Si tu ne
trouves pas d’eau, cherche les mammouths. » C’est vrai, ils finissent
toujours par en trouver.
— C’est bon à savoir, dit Echozar.
— Oui, surtout si tu voyages beaucoup, ajouta Joplaya.
— Je n’ai pas envie de voyager, fit-il.
— Pourtant, tu viendras à la Réunion d’Été des Zelandonii,
dit Jondalar.
— Oui, pour notre Cérémonie de l’Union. Et j’aimerais aussi
vous revoir, assura Echozar en esquissant un sourire timide. Ce serait
formidable si Ayla et toi décidiez de vivre ici.
— Oui, étudiez bien notre proposition, appuya Dalanar. Tu
sais que tu es ici chez toi, Jondalar, et nous n’avons pas de Femme Qui Soigne
à part Jerika. Mais elle n’est pas vraiment initiée. Il nous faut une Lanzadoni
et nous pensons tous qu’Ayla tiendrait parfaitement ce rôle. Tu peux aller voir
ta mère, et revenir avec nous après la Réunion d’Été.
— Nous sommes très flattés de ton offre, Dalanar, assura
Jondalar. Et nous l’étudierons avec attention.
Ayla regarda Joplaya. La jeune femme s’était refermée sur
elle-même. Ayla aimait Joplaya mais elles ne parlèrent que de choses
superficielles. Ayla ne parvenait pas à surmonter son chagrin devant le destin
de Joplaya – elle avait failli se retrouver dans la même situation – et
son propre bonheur lui rappelait sans cesse la douleur de Joplaya. Bien qu’elle
eût sympathisé avec tout le monde, elle n’était pas fâchée de partir le
lendemain matin.
Jerika et Dalanar lui manqueraient particulièrement, ainsi que
leurs « discussions » enflammées. La femme était menue, et Dalanar la
dominait de sa haute stature, mais Jerika avait une volonté indomptable. Elle
dirigeait la Caverne autant que lui et s’opposait avec véhémence aux décisions
qu’elle désapprouvait. Dalanar écoutait ses récriminations avec patience mais
ne cédait pas toujours, loin s’en fallait. Il était très attaché au bien-être
de son peuple, et portait souvent les débats sur la place publique, mais
prenait finalement les décisions avec autant d’autorité que n’importe quel
chef. Il ne donnait jamais d’ordre mais savait se faire respecter.
Les premières scènes publiques avaient désarçonné Ayla, mais par
la suite, elle avait adoré assister à leurs disputes. Elle ne prenait plus la
peine de cacher son sourire en voyant la femme minuscule tempêter avec ardeur
contre le géant. Mais ce qui l’étonnait le plus était leur façon inattendue d’interrompre
des débats violents pour se glisser des mots doux ou parler de tout autre chose
comme si de rien était, avant de s’entredéchirer de nouveau comme les pires
ennemis. Une fois l’argumentation terminée, il ne leur restait point de
rancune. Ils semblaient apprécier les combats d’idées, et malgré leur
différence de taille, ils luttaient à armes égales. Ils s’aimaient beaucoup,
plus encore, ils se respectaient.
Le temps s’était adouci et le printemps explosait lorsqu’Ayla
et Jondalar reprirent la route. Dalanar leur demanda de transmettre ses
meilleurs vœux à la Neuvième Caverne et leur rappela sa proposition. Ils
avaient été tous deux chaleureusement accueillis, mais ce qu’Ayla ressentait
pour Joplaya lui aurait rendu la vie impossible chez les Lanzadonii.
Elle n’avait pas osé en parler à Jondalar et il avait deviné
sans comprendre une certaine tension entre les deux femmes, qui semblaient
pourtant s’apprécier. L’attitude de Joplaya à son égard avait changé aussi,
elle était plus distante et ne plaisantait plus comme avant. Mais c’était
surtout ses ardentes étreintes d’adieu qui l’avaient troublé. Devant ses
larmes, il avait dû lui rappeler qu’il ne partait pas si loin, et qu’ils se
reverraient bientôt à la Réunion d’Été.
Jondalar avait été profondément rassuré par l’accueil que les Lanzadonii
avaient réservé à Ayla et il considérait la proposition de Dalanar avec
attention, d’autant qu’il n’était pas sûr que les Zelandonii se montreraient
aussi tolérants vis-à-vis d’Ayla. Pourtant, et bien qu’il aimât sincèrement
Dalanar et les Lanzadonii, les Zelandonii étaient son peuple.
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