Le grand voyage
C’était parmi
eux qu’il comptait s’installer avec Ayla.
Le départ soulagea Ayla d’un grand poids. Malgré la pluie, la
température était clémente, et les jours où le soleil se montrait, le spectacle
était si beau qu’elle oublia vite son chagrin. Elle voyageait avec l’homme qu’elle
aimait, en route vers son peuple et son nouveau foyer. Pourtant, elle balançait
entre l’espoir et la crainte.
Jondalar était en pays de connaissance. Il retrouvait chaque
paysage avec enthousiasme, et racontait souvent quelques anecdotes qui s’y
rapportaient. Ils traversèrent une passe entre deux montagnes, remontèrent une
rivière qui zigzaguait vers leur destination. Ils la quittèrent à sa source,
franchirent d’autres rivières qui coulaient du nord vers le sud, gravirent un
large massif surplombé de volcans, dont l’un fumait encore. En traversant un
plateau, ils longèrent des sources chaudes, là où un cours d’eau jaillissait du
sol.
— Je crois que nous sommes arrivés à la source de la
rivière qui passe devant la Neuvième Caverne, déclara Jondalar, qui ne tenait
plus en place. Nous y sommes presque, Ayla ! Nous serons arrivés avant la
nuit.
— Ne seraient-ce pas là les sources chaudes dont tu m’as
tant parlé ? demanda Ayla.
— Si. Nous les appelons les Eaux Apaisantes de Doni.
— Campons ici ce soir, proposa-t-elle.
— Mais nous sommes presque arrivés ! s’écria Jondalar.
Notre Voyage touche à sa fin, et je suis parti depuis si longtemps.
— C’est justement pourquoi je voudrais rester ici cette
nuit. C’est la fin de notre Voyage. Je voudrais me baigner dans l’eau chaude et
passer une dernière nuit seule avec toi, avant de rencontrer ton peuple.
— D’accord ! fit Jondalar en souriant. C’est vrai, qu’est-ce
qu’une nuit de plus ou de moins, après tout ce temps ? et puis... j’aimerais
bien retourner avec toi dans les sources chaudes.
Ils plantèrent leur tente dans un endroit où des traces d’un autre
campement se voyaient encore. Ils déchargèrent les chevaux qui partirent
brouter l’herbe tendre du plateau et Ayla les trouva bien agités, mais elle
avait repéré des pas-d’âne et de l’oseille qu’elle alla cueillir. En chemin,
elle vit des champignons et plus loin, des pommes sauvages et des pousses de
sureau. Elle revint au campement, le bas de sa tunique relevé et rempli de
nourriture fraîche.
— On dirait que tu prépares un festin, déclara Jondalar.
— C’est une bonne idée, non ? J’ai aperçu un nid et je
vais voir si je ne trouve pas d’œufs.
— Et que penses-tu de ça ? fit-il en brandissant une
truite sous l’œil émerveillé d’Ayla. Je l’avais repérée dans la rivière. J’ai
effilé une tige de bois, j’ai creusé la terre pour trouver un ver que j’ai
ensuite enfilé sur la tige. Le poisson a mordu si vite qu’on aurait cru qu’il m’attendait.
— Eh bien, nous avons tout ce qu’il faut pour festoyer.
— Le festin peut-il attendre ? demanda Jondalar. J’aimerais
commencer par le bain chaud.
Ayla fut immédiatement troublée par la promesse qu’elle vit
briller dans les beaux yeux bleus.
— Excellente idée.
Elle alla vider le contenu de sa tunique près du feu et revint
se blottir dans les bras du géant.
Repus et satisfaits, détendus, ils étaient assis côte à côte
près du feu et regardaient le ballet des étincelles qui montaient dans la nuit
en dessinant des arabesques. Loup somnolait. Soudain, il leva la tête et dressa
les oreilles. Ils entendirent au loin un long hennissement auquel Whinney
répondit par un cri aigu et, bientôt, Rapide hennit à son tour.
— Il y a un cheval dans ce pré, dit Ayla en se levant d’un
bond.
— C’est une nuit sans lune, Ayla. Tu ne verras rien.
Attends que je fabrique une torche.
Whinney poussa un nouveau hennissement, et le cheval inconnu
répondit. Ils entendirent ensuite un martèlement de sabots qui s’évanouit dans
la nuit.
— Voilà, c’est trop tard, annonça Jondalar. Elle est
partie. Un étalon l’a encore capturée.
— Oui, mais cette fois, je crois qu’elle est partie de son
plein gré. Je l’avais trouvée nerveuse, et j’aurais dû faire plus attention. C’est
sa saison, Jondalar. C’est un étalon que nous avons entendu et je crois que
Rapide les a suivis. Il est encore jeune, mais il a dû être attiré par d’autres
femelles en chaleur tout de même.
— Il fait trop sombre pour partir
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